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Full text of "Carnet de campagne d'un officier français"

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CAENET DE CAMPAGNE 

D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



PAR 



LIEUTENANT RENÉ NICOLAS 

DE L'ARMÉE FRANÇAISE 



EDITED BY 

EDWARD MANLEY 

BNGUBWOOD BIQH BCHOOL, CHICAGO 



BENJ. H. SANBORN & CO. 

CHICAGO NEW YORK BOSTON 










Copyright, 1919 
By BENJ. h. SANBORN & CO. 



PREFACE 

The Carnet de Campagne by Lieutenant René Nicolas 
of the French Army first appeared in the Atlantic 
Monthly (January-March, 1917) under the title The 
LieiUenant^s Stary. The translation was by Miss Kath- 
arine Babbitt. This narrative was received with 
enthusiasm by the readers of the Atlantic, and was the 
subject of much favorable comment. It was subse- 
quently pubUshed in book form by the Houghton 
MifBin Co. under the title "Campaign Diary of a 
French Officer." 

The Carnet de Campagne is Lieutenant Nicolas' diary 
or fieldbook. It covers the period from February to 
June, 1915; and gives a straightforward, soldierly 
account of his part in the war — with related incidents 
— from the time he appeared at the front in Cham- 
pagne to the days when he was recovering from a 
wound received before fourth-line German trenches. 

Because of the unusual character of the Carnet the 
question arose whether the book could not be used in 
the original for reading material in French classes. 
Examination of the manuscript showed that the French 
had much excellence — it is easy, simple, and free 
from dialect and coUoquialisms. Hence its appearance 
in this form. 

The Carnet abounds in stirring incidents of trench lif e 
and delightful pictures of days ofif duty. Though writ- 
ten at odd moments in dugouts or cantonments, when 

• • • 

m 



jy PREFACE 



the author had little opportunity or incHnation for 
revising it, and though at times literally punctuated by 
bursting shells, it bas an admirable literary form. Of 
the value of its subject-matter there can be no doubt. 
Students who hâve completed the éléments of, "mili- 
tary" French will find the Carnet de Campagne an aid 
and inspiration in continuing their study. Others may 
find it as satisfactory as the orthodox love story or 

comedy. 

The editor is under obligations, which he hereby 
acknowledges, to the Houghton Mifflin Co. for their 
kind permission to use Lieutenant Nicolas' manuscript, 
also to Miss Babbitt for much valuable assistance in 
making it available and in getting it transcribed with 
a degree of correctness. 

A list of irregular vérbs, with the more important 
tense-forms, has been added to make the student's 
work easier. This also helps to harmonize the book 
with the better class of beginning books in "military 
French," which consistently emphasize the study of 

the verb. 

Easy Exercises are added, which some teachers may 
find useful in case they are too much occupied with 

other work to make their own. 

E. M. 

Janvmy, 1919 



CONTENTS 

PREFAC3D iiî 

Introduction • Kathairine BabbiU viî 

Avant-Propos 1 

Carnet de Campagne: 

I. L'arrivée dans la zone des armées; impressions gé- 
nérales de Tarrière-front 5 

II. La marche vers la tranchée 18 

III. Description de la tranchée; la vie en première ligne; 

bombardement; attaque allemande 27 

IV. Au repos; la vie au cantonnement et au bivouac . . 44 

V. La boue, la tranchée, les cadavres; prise d'une tranchée 
allemande; en seconde ligne; retour en première 
ligne; la relève; le défilé devant le drapeau .... 53 

VI. Au cantonnement; en quatrième ligne; les corvées; 

visite à l'artillerie 73 

VII. En première ligne; le canon de tranchée; la mine; prise 
d'une tranchée boche; les grenades; à la côte 181; 
en seconde ligne; nos derniers joiu» en Champagne 88 

VIII. Un mois loin des tranchées 102 

IX. Avant la grande offensive; Artois, 1-8 mai 1915 . . 117 

X. L'attaque; la blessure 136 

XI. L'évacuation; le train sanitaire; l'hôpital 149 

Exercises 159 

Irregxtlar Verbs Used in this Book 185 

vocabulary 204 

V 



INTRODUCTION 

When in 1917 Lieutenant Nicolas was given his 
final discharge from the French army, his country 
decorated him with the much-coveted médaille mili- 
taire. In the citation which accompanied it, Marshal 
Jofifre characterized him as "un officier intelligent, 
énergique et courageux" 

If among the many narratives that hâve corne to 
us from the battle Une in the last four years, thèse 
campaign notes of a very young French officer still 
seem worthy of attention, it is because he has been 
able to put into his writing some of the same qualities 
for which Marshal Joffre praised hhn as a soldier — 
inteUigence, energy, and courage. His diary was not, 
of course, written for publication. The form in which 
it stands is the first outpouring of an intense expérience- 
The style is simple and unadorned, but its simplicity 
is unmistakably that of a trained and gifted mind. 

We hâve in the diary the description of a short 
campaign — barely three months in ail — during 
which, as Lieutenant Nicolas bitterly complains, his 
régiment took part in only one big offensive. Never- 
theless, the final impression is not that of a small 
corner of the great struggle, nor yet of a séries of 
detached incidents. To an unusual degree his account 
présents a rounded picture of the war, and makes 
very real to us the life of the men at the front with 
its suffering and its rewards, its ''long, hard hours and 
few splendid moments." 

vu 



Viii CARNET DE CAMPAGNE 

. But this is not ail. We are looking upon France 
today with a vision so changed that it is almost as iî 
we saw her with understanding eyes for the first time. 
This is a great gain, and for no smaU part of it we are 
indebted to the letters and notebooks of her superb 
fighting men — touching documents some of them, pain- 
fully scrawled, misspelled, hàlting in expression. But 
peasant and f actory-hand and the élite of the univer- 
sities bring the same message of the superior intelli- 
gence, the indomitable energy, and the unquenchable 
courage of France in her dévotion to honor and duty. 

Katharike Babbitt. 

Fcarmingtorij ConnecHcuif 
NovembeTf 1918. 

The foUowing letter f rom Lieutenant Nicolas describ- 
ing the ceremony of décoration at the Grand Palais is 
of more than personal interest. And it will présent 
him to his readers more successfuUy than any words 
of mine could do. K. B. 

Paris, Feb. 6th, 1917. 

My dear Marraine and Ally: 

I should like to sing a hyinn of joy and praise to 
America! At last you are our allies, openly, as you 
hâve so long been at heart. At last has corne the 
officiai consécration of ail the friendship and helpful- 
ness America has never wearied in showing us. Ger- 
many has received a slap fuU in the face, and for us it 
marks the beginning of the terrible but victorious end. 
But in bringing it about, I shall hâve no share. My 



INTRODUCTION ix 

country bas just given me my final discharge from her 
service, and before sending me eut from under the 
flag, bas made me a gift beautiful beyond my dreams — 
tbe médaille militaire. I am profoundly grateful. But 
you would not believe bow cbildisb I am. I find 
myself standing before tbe glass gazing at tbe splendid 
silver medal witb its green and yellow ribbon. I keep 
caressing it and fondling it, and even now as I write, 
witb eacb motion I feel it swinging on my breast, 
beside its bumble little sister, tbe croix de guerre. 

Do you want me to tell you about tbat first Tburs- 
day in February? Snow and bitter cold made tbem 
transfer tbe ceremony of présentation from tbe 
Invalides to tbe Grand Palais. So you may picture us 
in tbe great glassed-in bail wbere tbe salon used to be 
beld. A grayisb ligbt, tbe galleries black witb people, 
among tbem my motber and Miss D., on tbe 
floor tbose wbo were to be decoratéd, almost ail 
wounded, some seated, tbe crippled, tbe blind, one 
man witb bis face partly gone. Officers burry to and 
fro, forming us in ranks. It is very cold. Suddenly 
a joyous burst of bugles fiUs tbe Grand Palais, and 
witb music and fiags tbe guards of bonor file to tbeir 
places. Varions societies of vétérans foUow, eacb witb 
its standard, scbool cbildren, pbotograpbers, and a 
wbole group of people in mourning — tbe widows, 
motbers, orpbans of dead beroes, wbo bave come to 
receive tbeir croix. Ail form in Une. I taJk witb an 
officer wbo fougbt at Verdun, or nod and smile to my 
motber. I try to discover Miss D., but witbout success. 



X CARNET DE CAMPAGNE 

The bugles sound again. Attention! We stand 
rigidly erect. That bugle call goes through and 
through you. Then the swelling notes of the Mar- 
seillaise fill the hall to the very roof. The gênerai who 
is to decorate us arrives, passes before us, passes bef ore 
the flag, saintes. A change in our position brings me 
in full sight of my mother, whom I scarcely dare look 
at, for I do not feel very sure of myself in the face of 
the flood of émotion that keeps threatening to carry 
me off my feet. I fix my mind on the scène around me. 
In front of us stretches the long gallery; near by are 
troops with guns at rest, bands, flags, staff-officers, 
General Cousin, and then — a little table on which lie 
the bright medals. 

The gênerai steps out from the group. He is a 
small man in a Ught blue uniform. He unsheathes his 
sabre and gives in a clear voice the order to présent 
arms. Ail around us rises high a gleaming barrier of 
bayonets. "Play the ruffle," commands the gênerai. 
The drum-major lifts his bâton, and drums and bugles 
resound. It is beautiful. It is almost tragic. The 
âourish dies down and the ceremony of décoration 
begins. First come the croix d'honneur. The gênerai 
walks down the Une of officers in front of my row, and 
after reading the citations, embraces each man and 
touches his shoulder with the flat of his sabre. Soon 
he comes to my row. I see him pinning the silver 
medal on the men near me. Beside him is the officer 
who carnes the medals and reads the names. I glance 
at my mother. She is leaning forward with her hand- 



INTRODUCTION xi 

kerchief pressed to her lips. It is the turn of the man 
next to me. It is my turn. My sensations, so clear 
up to that moment, become confused. A mist rises 
before my eyes, I do not hear distinctly . I am conscious 
of a light, quick touch on my coat. Something is fas- 
tened there — something I do not dare to look at. A 
clasp of the hand, and it is over. I cannot seem to move 
— can hardly think. At last I turn toward my mother, 
but see only her handkerchief which is before her eyes. 
Shall I confess that I wept? I foUowed my comrades 
to a place a little f arther on, and then I dared to touch 
and look at my medal. It is so beautiful, my dear 
Marraine, so very beautiful, and I am happy. 

The ceremony was a long one. While the bands 
played, the gênerai passed between the rows of soldiers, 
and his grave and imiform gesture was like a religions 
rite. When the last poilu had received his cross, it 
was the turn of the families of the honored dead. 
Women in black reverently received the Uttle boxes 
containing the sacred mémentos of the heroism of 
their dead. One tall old man opened the box, took out 
the cross, and after lifting it to his lips, gave it to his 
three little grandchildren, who kissed it one after the 
other, weeping. 

Once more the stirring notes of the bugles. It is 
ail over. And to the music of Sambre et Meuse troops 
and flags filed before the newly decorated soldiers, 
the gênerai passed along our front, saluting, and I saw 
my mother, her face transfigured, stretching out her 
arms to me from the gallery. 



CARNET DE CAMPAGNE* 

AVANT-PROPOS 

Durant les longues heures oisives que l'on passe 
dans la tranchée ou à l'arrière du front, les soldats 
presque tous écrivent leur carnet de route. Et le 
mince carnet qu'ils ont sur eux sans cesse est leur plus 
grand ami. C'est le confident de leurs peines et de s 
leur joie, de leur héroïsme et de leur abattement, 
qu'ils décrivent naïvement. C'est le reflet de leur âme. 

Pour moi j'ai essayé de noter le plus objectivement 
possible les événements que j'ai traversés. J'ai 

* Carnet de Campagne: fiddbooh; there is a similar use of 
the adjective phrase in English. We say either an iron rod or 
a rod oj iron. The latter is like the French phrase introduced 
by de. The French does not imitate the form, an iron rod. 
Compare also médecin de campagne, country dodor. A de 
phrase is the customary way of using a hoim to modify another. 

1. l'on: the P has no meaning whatever. ''Toutefois, pour 
rharmonie, il vaut mieux se servir de VoUy que de on^ après 
ainsi, si, où, et, et après que suivi d'im c dur. Exemples: Si 
Von vient, de préférence k: ai on vient. Il faut que Von com- 
mence, de préférence à: il faut gu*on commence. On n'emploie 
pas Ton devant le, la, les. On ne dit pas: si Von les entend; 
mais si on les entend." 

8. carnet: books. If the object mentioned is a property or 
quality of each of a group or class, the French uses the singu- 
lar. 

4. sans cesse: the only other use of the noun cesse in this 
book is in the expression avoir de cesse, to stop, 

1 



2 CARNET DE CAMPAGNE 

accumulé le plus de détails pittoresques, le plus d'im- 
pressions suggestives. Mais comme de juste mon 
moiy s'il n'est pas le centre du monde, est du moins 
le centre de ce journal, écrit sur le front sans la moindre 
6 pensée de publication. 

Venu en Amérique, j'ai pu juger de l'intérêt que 
prennent à la guerre européenne les citoyens du 
Nouveau-Monde. Ils ne se contentent pas d'aider 
de tout leur cœur et de tous leurs moyens à soulager 

10 les infortunes que la guerre fait naître. Ils veulent 
savoir exactement comment "cela se passe là-bas." 
Et les nombreuses questions que l'on m'a posées, et 
l'attention que l'on prêtait à mes récits de guerre, sont 
mon excuse de publier ce carnet de route. Peut-être 

16 ceux qui le lisent y trouveront-ils des renseignements 
capables de les intéresser et de satisfaire leur soif de 
connaître. 

Je n'étais pas soldat au moment où la guerre a 
éclaté. J'ai été appelé dès le début d'août, et j'ai 

20 fait mes classes comme fantassin. Puis mes titres 

universitaires et un examen me permirent d'être 

affecté à un cours d'élèves-officiers. A l'issue de ce 

cours je fus nommé aspirant et partis sur le front. 

A part quelques omissions, ce livre reproduit 

25 exactement les notes que j'ai prises sur le front, 
sans y rien changer. C'est un reflet fidèle de la 
vie à la guerre; seuls les deux derniers chapitres ont 
été écrits assez longtemps après les événements 
qu'ils racontent. Le lecteur comprendra pourquoi. 
19. août: August, 1914. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 3 

Aussi la forme n'est pas toujours soignée — allez donc 
polir des phrases au bruit de la mitraille. Mais cet 
ouvrage est un ouvrage vrai, vécu, et intensément 
vécu, et c'est ce qui fait le peu de valeur qu'il a. 

R.N. 

Paris, 1916 



CARNET DE CAMPAGNE 

D'UN OFFICIER FRANÇAIS 

FÉVRIER — MAI 1915 

Chapitre I 

L'arrivée dans la zone des armées; impressions générales de 
Tarrière-front. 

12 février. Dans le train qui, enfin, nous emporte 
vers la guerre. Mes compagnons dorment, fatigués 
de la nuit sans sommeil et de ce voyage interminable, s 
Moi, je suis tout à la joie d'aller me battre. J'aurais 
pu accepter d'être interprète dans l'état-major, mais 
c'est de la vie active, intense qu'il me faut — la grande 
et folle activité des batailles. Mon enthousiasme du 
début de la guerre ne m'a pas abandonné, il s'est lo 
augmenté encore de la longue attente à laquelle j'ai 
été condamné dans ces camps d'instruction où j'ai dû 
apprendre à être soldat, puis à être officier. Mais 
sitôt parue ma nomination au grade d'aspirant, j'ai 
demandé et obtenu de partir. Je me fais des illusions 15 
peut-être — la guerre n'est peut-être pas aussi eni- 
vrante — qui sait? 

6. voyage: can this word mean a trip by train? in a motor 
car? at sea? How does it differ from the English word voyage? 

6. interminable: do troop trains run rapidly? 

6. me battre : a customary military expression meaning tofight. 
In the third person (the one most frequently met in reading) 
se battre is used. 



6 CARNET DE CAMPAGNE 

Mais je suis tout heureux — maintenant la tristesse 
de mes adieux avec ma mère est dissipée — elle avait 
été atténuée déjà par le triomphe de notre départ de 
cette petite ville blanche de neige, traversée musique 
6 en tête, Marseillaise aux lèvres et dans le cœur, au 
milieu des hourrahs de la population. 

Nous traversons maintenant d'admirables campa- 
gnes. Jamais cette vallée de la Saône que j'ai par- 
courue si souvent ne m'avait paru si belle, et malgré 
10 soi on pense à la "doulce France" et qu'elle vaut bien 
la peine que l'on meure pour elle. 

Mourir, non. Je suis bien sûr de n'être pas tué à la 
guerre; je suis sûr de pouvoir faire mon devoir jusqu'au 

2. elle: what is its antécédent? 

4. musique: fînd two meanings for this word. Which one 
ifl used hère? 

6. Marseillaise: the French national hymn. It was made in 
1792 by Rouget de Lisle for the (French) Army of the Rhine. 
At that time De Lisle was an officer of the garrison at Strasburg. 
He was asked to write the words and music for a war song in 
honor of the volunteers who were marching to battle from the 
city. He wrote the words, but for the music he adapted the 
Credo of the Mass from a composition written in 1776 by Holz- 
mann, Kapellmeister to the Elector of the Palatinate. Later, 
some Marseilles troops returning home by the way of Paris sang 
it in Paris. From this it received its name (La Marseillaise). 
For a full accoimt see an article by Karl Blind in the Nine- 
ieenth CerUury, July, 1901, No. 283, page 93. 

10. doulce: old form for douce. The phraae is quoted from 
the old French epic Chanson de Roland. 

11. que . • .*meure: subjunctive présent. Ton: see note to 
page 1, line 1. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



8 CARNET DE CAMPAGNE 

bout, et une fois ma tâche remplie, de revenir à ma 
mère et à ma vie. 

13 février. Nous venons de débarquer. J'écris 
dans la chaleur douce d*une chambre que des paysans 
5 ont mise à ma disposition. 

Ce matin, à Taube brumeuse d'un février glacial, 
notre train s'est arrêté au milieu d'une plaine vaste, 
grisâtre et boueuse, dont quelques bosquets seuls 
rompaient la monotonie. Le clairon, sonnant la 

10 marche de notre régiment, nous donna aussi le signal 
du débarquement. Aussitôt les hommes, la tête 
alourdie de sommeil, tout engourdis de ces deux jours 
de voyage, sortirent. Je courus aux wagons de ma 
section, je fis aligner mes soldats et former les faisceaux 

15 en attendant les ordres. Des corvées furent instituées 
immédiatement pour chercher les vivres, pour débar- 
quer les voitures. 

Mais où étions-nous? Seul le commandant con- 
naissait notre itinéraire par avance, car il doit être 

20 tenu secret. Nous ne savions que très vaguement 
que nous allions en Champagne. La gare portait un 
nom à moi inconnu — Cuperly. Je cherchai sur ma 

3. venons de débarquer: hâve just detrained. The idiom 
venir de îs not diffîcult after several exsunples. See Exercises. 

21. Champagne: a district in France east of Paris. It con- 
sists of four of the 87 departments which form France. It is not 
now a political division any more than New England is. 

22. Cuperly: a town east of Paris and about half way to 
Verdun. The Ueutenant had corne from southeastem France up 
the Saône Valley and then west to Cuperly. 




D'UN OFFICIER FRANÇAIS 9 

carte et je trouvai que ce village était en plein camp 
de Châlons, à quelques kilomètres au sud des villages 
de Perthes et des Hurlus dont il avait été si souvent 
question dans les derniers communiqués. Nous allons 
donc être lancés en pleine offensive — quelle joie! 

A la hâte je griffonnai pour ma mère une carte et un 
employé du train me promit de s'en charger. 

Notre attention, en cette aube glaciale, fut attirée 
par un convoi de ravitaillement dont les gros autobus 
passaient, avec des allures de fantômes, dans le brouil- 10 
lard de la route, et par un grondement sourd, roule- 
ment prolongé de tonnerre — c'était le canon. 

"Sac au dos! Rompez les faisceaux! A droite par 
uatre ! En avant, marche ! " 

Et le bataillon se mit en marche, siir une route 15 
défoncée, boueuse, couverte d'une boue liquide, sale, 
grise, qui semble inonder tout le pays. Un convoi 
d'artillerie que nous croisâmes nous éclaboussa da- 
vantage. Il faisait froid. 

A l'entrée du village, à deux kilomètres plus loin, 20 
on fit halte. C'est là que l'on devait manger. Vite 
je m'occupai de l'installation des cuisines de ma section; 
deux honmies par escouade allèrent chercher du bois, 

1. camp (d'instruction), ''celui où une troupe s'instruit par 
des manœuvres: le camp de Châlons est un camp d'instruction.'' 

2. Chfllons: capital df the department of the Marne, per- 
haps 105 miles east of Paris, and not far from Metz and Verdim. 
It was near Châlons that AttUa was defeated in' 451 a.d. 

2. kilomètres: the kilometer is quite generally used in conti- 
nental Europe to measure distances from places to places. It is 
.62 of a mile — three-fif ths for rapid computation of distance. 



10 CARNET DE CAMPAGNE 

et bientôt les foyers joyeusement flambèrent. On 
retira de dessus les sacs des ustensiles de cuisine; 
les provisions de café et de sucre nous foiirnirent 
bientôt un "jus" très apprécié dans Thumidité de ce 

5 matin d'hiver. Je donnai ordre de faire cuire du 
bœuf de conserve arrosé de vin, et ce fut im vrai 
régal. Pour nous, les officiers et chefs de sections, 
pendant que nos soldats repus prenaient du repos, 
nous acceptâmes Tinvitation d'officiers d'artillerie qui 

10 nous souhaitèrent la bienvenue avec quelques bouteilles 

de Champagne. La gaieté allait grand train, quand 

le clairon retentit. Il fallait se remettre en route — 

pour où? mystère toujours. 

On marcha deux heures sur la route glissante, et l'on 

15 parvint à la Cheppe. C'est là que nous devions nous 
établir, en attendant le retour de la brigade qui était 
aux tranchées. On prit possession de nos cantonne- 
ments — ma section fut logée confortablement dans 
une vaste grange, bien fournie de paille, et j'élus 

20 domicile au milieu de mes poilus. J'aime mieux être 
en contact plus étroit avec eux; je veux les connaître 
tous, et en faire mes amis si possible. Au moment du 
départ j'ai pu leur procurer bien des objets superflus 
qu'ils désiraient et ce soir ils sont venus m'inviter à 

25 dîner; l'un d'eux, le "débrouillard" de la troisième 
escouade, avait su gagner une vieille paysanne, qui lui 

2. de cuisine: see note to de campagne, page 1. 

4. "jus": written with quotation marks by the author to 
indicate that this îs not the conventional word for coffee. By 
many it is miscalled '^lang." 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS H 

avait donné deux poulets. Mes braves gens exigèrent 
que je leur en fisse les honneurs. J'ai accepté avec 
grand plaisir. Puis on a causé très familièrement. 
Je leur ai fait part de ma joie d'être au front et je leur 
ai surtout dit l'espoir que je fondais sur eux. 5 

"Avec vous, mon aspirant, nous irons partout," 
dit un caporal, et tous applaudirent. Cela m'a fait 
très grand plaisir. 

Et puis quel bel accueil nous avons reçu des paysans! 
Ma vieille hôtesse voulait absolument me donner sa 10 
chambre, mais je lui ai dit que je préférais donmr sur 
la paille avec mes hommes. Mais du moins j'use de 
sa salle, bien chauffée, où j'écris ces lignes de mon 
journal, après avoir écrit à tous les miens. 

Mais demain? De quoi demain sera-t-il fait? Le 15 
canon tonne très fort — on doit attaquer cette nuit. 
Et moi, je vais dormir. Mais mon tour viendra 
bientôt, j'espère. 

14 février. Le canon qui formidablement retentit 
toute la nuit m'empêcha de dormir, pourtant j'étais 20 
bien, enfoui dans mon lit de paille, à côté de mon cher 
ami Henri. Nous sommes heureux d'être ensemble à 
la guerre après avoir été ensemble au collège. 

Je suis de garde ce matin avec ma section. Le poste 
de police est à un carrefour, et la consigne consiste, 25 
outre la police du village, à régler les mouvements des 

3. familièrement: Jredy or vnthotU constrairU. 
28. collège in France ranks immediately below a university. 
26. police: what two meanings does this word hâve hère? 



12 CARNET DE CAMPAGNE 

convois qui passent perpétuellement. Quel train 
d'enfer! pas une minute où il ne passe quelque chose. 
Un grand train de munitions, des canons lourds traînés 
par des tracteurs automobiles, un régiment d'infanterie 

6 qui revient des tranchées, tout boueux, mais triom- 
phant. Les poilus rayonnent, on les entoiu^e, ils 
donnent des détails: bonnes nouvelles, on se bat ferme, 
mais "ils prennent quelque chose, les Boches !"^- 
Et puis ce sont nos vieux autobus de Paris, trans- 

10 formés en voitures à viande. Quelques-uns ont encore 
leur écriteau : "Madeleine — Bastille," "Neuilly — Hôtel 

8. prennent quelque chose: the reader may please to trans- 
late by some such colloquial expression as ''the Boches are 
catching it." 

8. Boches: the term primarily means bowling bail. It is 
applied to the Germans by the French because the heads of 
many of the Germans look round like a bail. This roundness 
is emphasized by the gênerai custom of keeping the hair eut 
short and wearing it pompadoiur. (C/. the "Roimdheads" of 
Cromwell's time.) There are other explanations of the word. 

9. autobus de Paris: huge trucks comfortably fitted up for 
passengers inside and on top. Hère we again hâve the adjective 

'phrase with de. See first note, page 1. 

11. Madeleine (église de la): one of the principal churches 
in Paris. This écriteau indicates the route followed by the 
omnibus. 

11. Bastille: a médiéval prison in Paris. In conséquence of 
the confinement in it of so many victims of royal absolutism and 
whim its name came to stand for unrestricted tyranny. It was 
destroyed in 1789 by the Paris mob. The day of its fall 
(14 July) is the French national holiday. 

11. Neuilly (-sur-Seine): a suburb of Paris near the Bois 
de Boulogne. Hôtel de Ville: City Hall. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 13 

de Ville/' "Clichy — Odéon." Un autre, ô ironie, 
nous annonce qu'il est "Complet," et ce sont de 
grands bœufs qui 1-oecupent. ô autobus de Paris, 
vous faites votre devoir aussi, vaillamment, comme tout 
en France; vous oubliez votre luxueuse existence de 5 
bourgeois parisiens, et vous pataugez dans la boue 
champenoise, acceptant ces misères pour le salut de 
votre pays. Vous avez droit au respect, autobus 
fangeux et sales, car vous faites votre devoir. 

Je suis sorti un moment. Le village est à peu près 10 
intact: la mitraille ne l'atteint pas, il est hors de portée 
des canons. Les habitants sont des paysans ou des 
réfugiés des régions envahies. Tous s'occupent des 
soldats: beaucoup ont ouvert de petites boutiques et 
vendent des vivres, du linge, des objets de nécessité. 15 
Les marchands de vin sont peu nombreux, et la vente des 
liqueurs est sévèrement réglementée: il faut une auto- 
risation que donnent les officiers désireux d'améliorer 
l'ordinaire de leur troupe. Mais l'intendance est géné- 
reuse et chaque soldat reçoit un demi-litre de vin par jour. 20 

Nous avons une "popote" — c'est-à-dire une cui- 
sine spéciale. Nous mangeons chez un paysan qui 
nous a prêté son appartement. Mon cuisinier a servi 
dans les grands hôtels de Nice. Il est excellent et il 

1. Clichy: a suburb of Paxis. 

1. Odéon: a name given to the second Théâtre-Français. 
21. Nous: the officers. 

24. Nice: a port on the Mediterranean at the extrême south- 
east of France. On account of its mild climate it is much fre- 
quented in the colder seasons by invalids and members of the 
leisure class. 



14 CARNET DE CAMPAGNE 

vient de m'apporter au poste un gigot des plus savou- 
reux. 

Temps toujours maussade. J'ai tiré de ma cantine 
(coffre d'officier) mon vieux Rabelais, et j'occupe mes 
6 loisirs à me délecter au récit des expéditions de Pi- 
croçole. J'ai apporté quelques livres, faciles à manier, 
surtout nos grands classiques, que j'ai trop négligés 
ces dernières années. Je veux garder ma vie intel- 
lectuelle. 

10 16 février. Bruit de bataille au loin — toujours le 
va-et-vient perpétuel des convois. 

Ce soir le bataillon a fait une manœuvre: il ne faut 
pas laisser les hommes désœuvrés. Il est vrai que 
chacun brûle d'agir; c'est ennuyeux d'être si près de 

16 la guerre et de n'en connaître que l'écho. Après le 
souper je suis allé me promener avec mon ami. Cré- 
puscule des plaines de Champagne; calme absolu. 

1. vient de: see note to page 8, line 3. 

1. au poste: see page 11, line 24. 

4. Rabelais: a French writer (1483-1553), author of Gar- 
gantua and also Pantagruel. '^£Us works are characterized by 
a powerfully picturesque vocabulary and style, coarseness, 
scepticism, strange ideas, a keenly critical spirit, a deep love of 
humanity, a passion for justice, and the cultivation of scientific 
knowledge." Rabelais was a physician and professor of anat- 
omy. He was a pioneer in the use of the cadaver in médical 
instruction, for which he was punished. 

6. Picrocole: a character in Gargantua, a comedy type of 
conqueror. 

7. nos grands classiques: earlier French authors such as 
Rabelais, Boileau, Montaigne, Racine, Molière, etc. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 16 

Il est bon de vibrer un peu en unison avec cette nature 
indifférente à nos gestes humains, cela nous les fait 
oublier un peu. Et ce silence, ce calme, cette lune 
ronde et froide, aux reflets pâles sur la boue et sur les 
ornières dans quoi elle met comme un rayon d'acier, 5 
rendirent plus intime notre causerie de vieux amis 
instruits. 

• 

17 février. Le régiment revient aujourd'hui des 
tranchées. Contact plus étroit avec les pa3rsans, qui 
sont adorables d'affabilité. Ils nous contèrent leurs 10 
misères, comment les Boches avaient occupé le village, 
qu'ils ont respecté cependant, car ils comptaient s'y 
installer pour longtemps. Et puis le défilé ininter- 
rompu des Allemands qui criaient partout que les 
portes de Paris leur étaient ouvertes; enfin le retour 15 
de ces mêmes Boches, penauds, fuyant devant 
l'irrésistible poussée de notre victoire de la Marne. 
Et ces braves gens étaient fous de joie quand ils 
virent derrière l'ennemi en fuite revenir les Français, 
clairon en tête — toute la patrie qui leur faisait 20 
retour. # 

Nous avons eu une revue de vivres et d'équipement. 
Chaque soldat a douze biscuits, deux boîtes de "singe" 
(bœuf en conserve), du café, du sucre, du bouillon en 
cubes — sans compter les provisions individuelles, qui 25 
sont abondantes. Les vivres de réserve sont sacrés: 
on n'y touche que sur ordre exprès. Chacun a aussi 
150 cartouches. Tout cela fut examiné, complété. 
Nous sommes donc prêts, l'enthousiasme, la volonté 



16 CARNET DE CAMPAGNE 

et la joie de la bataille, et tous les détails matériels 
sont présents. Nous partirons bientôt pour le feu. 

19 février. Nous devons aller rejoindre autre part 
le régiment: notre bataillon est disloqué et nous allons 

6 aller combler les vides que les dernières batailles ont 
faits. J'espère que je pourrai rester avec mes hommes. 
C'est mon vœu le plus ardent. 

20 février. Ce matin nous avons quitté la Cheppe 
pour S. S. Temps sec, paysage toujours morne, plaine 

10 inculte, boueuse, quelques arbres seulement. A Suip- 
pes, première vraie impression de guerre: la ville est à 
moitié démolie — le château et les usines sont des 
ruines lamentables. Nous sonunes en pleine des- 
truction. Et le canon au loin tonne. Un obus est 

16 tombé avec grand fracas et un panache magnifique 
de terre soulevé, comme nous étions près de la voie 
ferrée. Les Boches visent beaucoup cette voie, mais 
une "marmite" ne peut arrêter cet immense trafic. 
Que de wagons, de garages, que de marchandises 

20 entassées! les trains ne discontinuent pas. 

On arriva enfiit à S. S. et Ton prit contact avec 
notre nouveau régiment. Je fais partie de la onzième 
compagnie, et j'ai la deuxième section: je garde mes 

9. S. S.: perhaps military prudence at the time of writing 
suggested that the name (Somme Suippe) be net given in full. 
9. Temps, etc.; see page 3, Unes 2-3. 

16. voie ferrée: ' 'double ligne de rails parallèles, que suivent 
les trains." 

19. garages: see vocabulary. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS ' 17 

hommes. Les officiers nous ont reçus aimablement. 
Nous arrivons en pleine activité, au bon moment, et 
le travail ne nous manquera pas. 

21 février. Le village est à moitié en ruines. 
L'église, transformée en hôpital, a son clocher voilé 5 
aux regards ennemis par im revêtement de branchages, 
et de loin les avions doivent le confondre avec les 
arbres voisins. — Non loin de là une installation de ' 
douches qui fut la bienvenue, car la boue nous avait 
assez crottés. lo 

Le cimetière, en plein champ, est très peuplé de 
petites croix de bois. Ce soir j'ai vu enterrer un 
officier: un petit cercueil accompagné par quelques 
hommes à peine — le régiment dut être aux tranchées. 
Un prêtre-soldat, la médaille militaire sur la poitrine, is 
bénissait. 

Nous n'avons pas de nouvelles de rien ni de personne 
— pas de journaux — les lettres ne sont pas encore 
arrivées. Irai-je donc à la tranchée sans que j'aie 
reçu une lettre? Cela m'eût fait plaisir, mais je n'ai 20 
pas besoin d'encouragement. Demain enfin nous 
partons pour les tranchées. 



Chapitre II 

La marche vers la tranchée. 

23 février. Ça y est. Je viens d'être sacré poilu, 
je viens de recevoir un magnifique baptême du feu et 
vraiment les Boches m'ont fait honneur. Mais 

6 puisque ce journal doit être Timage fidèle de ma 
campagne, il faut que je regarde un peu en arrière et 
que je suive chronologiquement les événements nom- 
breux qui s'écoulèrent ces derniers jours. 

C'est donc il y a trois jours que nous sommes venus 

10 aux tranchées. L'ordre parut le matin. Le capitaine 
nous fit appeler et nous montra notre emplacement 
respectif, sur un plan de nos lignes de défense. Notre 
secteur s'étendait à l'est de Perthes-les-Hurlus, face 
au nord. Puis, après que nous chefs de section, nous 

15 eûmes reçu les instructions dernières, la compagnie 
se réunit et le capitaine fit un petit speech. La plupart 
d'entre nous étions des jeunes, non encore allés au 
feu, ou bien blessés du début de la guerre; nous 
n'aurions pas, pour notre premier séjour en première 

20 ligne, le spectacle total de la guerre; notre tranchée 
sera propre et bien faite, nous n'aurons pas à attaquer 

2. Je viens d'être sacré poilu: Fve just heen initiated (and 
am) a real French soldier, "Sacrer: conférer un certain carac- 
tère au moyen de cérémonies religieuses. Charlemagne fut 
sacré empereur par le pape Léon." For viens de see note to 
page 8, line 3. poilu is explained on page 46, Unes 25 ff. 

18 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



20 CARNET DE CAMPAGNE 

et les Allemands certainement auront le bon goût de 
ne pas trop nous ennuyer. Ces prédictions furent 
démenties par Thistoire des événements. 
Le départ devait avoir lieu à dix-sept heures. C'est 

5 la nuit qu'ont lieu les relèves et les mouvements de 
troupes, pour être cachés aux yeux de l'ennemi et 
n'être pas troublés par un bombardement malvenu. 
La journée fut consacrée aux préparatifs. J'ai donné 
ordre d'aller à la douche, puis chacun garnit sa musette 

10 (petit sac) et rempUt son bidon; grande quantité de 
boîtes de conserves furent achetées, du chocolat, du 
lait condensé, des cigarettes. On débarrassa les sacs 
des objets inutiles que l'on laissa dans une chambre 
du cantonnement. Et comme le froid était vif, on 

16 distribua des cache-nez, et de chauds passe-montagnes 
tricotés par les mains pieuses des femmes de France 
ou d'Amérique. On revêtit alors le costume "poilu" 
— capote les pans baissés, doubles leggins aux jambes, 

4. dix-sept heures: seventeen o^dock. The French hâve tried 
the plan of abolishing a.m. and p.h. Under this System they 
nnmber the hours consecutively from 1 a.m. to midnight. So 
17 heures is 5 p.m. 

5. la nuit: a question might arise regarding the darkness at 
5 P.M. The date at the beginning of this chapter is 25 February, 
at which time the period of daylight is as short in the latitude 
of Paris as it is at Winnipeg. In this degree of darkness troops 
could be moved with comparative safety — so far as airplanes 
were concemed. ^ 

18. capote: diminutive of cape {doak with hood); ''manteau 
à capuchon. Redingote (long^kirted cocU) à Tusage des soldats; 
la capote est la tenue (uniforme, habit) de campagne de Tinf anterie 
française sauf les zouaves et les turcos.'' 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 21 . 

cartouchières pleines à éclater, musettes et bidons 
montrant leur panse pleine aux côtés, et par-dessus, 
la frange d'un long cache-nez peut-être trois fois en- 
roulé autour du cou, et sur la bouche, d'où sortait la 
pipe traditionnelle. Enfin im bâton fantaisistement 5 
sculpté pour aider la marche dans des terrains boueux. 

De bonne heure on mangea. A seize heures je fis 
rappel de mes hommes. Je m'assurai qu'il ne man- 
quait rien, ni vivres, ni outils, ni pièces d'équipement, 
et que. les fusils étaient propres. Je donnai mes 10 
instructions aux cuisiniers (deux par section), qui 
devaient rester à la butte des Hurlus. Tout était 
bien. La compagnie se réunit sur la route, on fit un 
appel général. A côté, les trois autres compagnies 
du bataillon faisaient de même. Quand tout fut 15 
prêt, le commandant siffla et les compagnies se mirent 
en route. 

On défila d'abord au pas et l'arme sur l'épaule, dans 
le village. Mais dès que l'on eut dépassé le cimetière 
on commanda: "L'arme à la bretelle — pas de route!" 20 
Et ce fut l'ascension vers l'ennemi. 

La route était épouvantable: elle était défoncée par 
les convois nombreux et couverte d'une boue affreuse, 
gluante, dans laquelle on avait peine à avancer et où 
l'on glissait souvent. On enviait les sapeurs du 35 
génie qui, avec leurs fils barbelés et leurs gros outils, 

18. au pas: in siep; (marcher) au pas et l'arme sur l'épaule: 
to march ai oUerUion. 

20. pas de route: ''pas non cadencé {in timé) que les troupes 
peuvent prendre d'une étape à Fautre.'* 

/' 



22 CARNET DE CAMPAGNE 

allaient vers le feu aussi, mais dans le petit chemin de 
fer Decauville, qui longeait notre route et qui sert au 
ravitaillement et aux blessés. 
Longtemi)6 on marcha. Après une heure on fit la 

5 halte régl^nentaire à l'orée d'un petit bois d'où l'on, 
découvrait la très jolie vue de la plaine avec les quel- 
ques villages clairsemés et en ruines. 

Brusquement une détonation formidable, tout à 
côté de nous, nous fit tressaillir désagréablement. 

10 C'était, me dit le capitaine, ime pièce lourde à vingt 
mètres de là. Je r^ardai et ne vis rien. D'ailleurs, 
d^urant tout notre trajet, je ne rajs apercevoir une 
seule pièce d'artillerie. A partir œce moment, tout 
près de nous tirèrent des canons, ou bien les grosses 

15 pièces, ou bien nos 75, dont la détonation sèche vibre 
longtemps dans les oreilles. Quand la nuit fut tombée, 
on apercevait bien une Bptite langue de feu rouge, 
mais rien qui pût déceler la présence d'un canon. 
Puisque ceux qui passent à côté d'eux ne les voient 

20 pas, pensai-je, à plus forte raison les avions ennemis. 

Mais si l'on ne voyait pas les canons, on voyait fort 

bien les artilleurs — ceux du moins qui n'étaient pas 

occupés de leurs pièces. Ceux-ci fumaient la pipe au 

seuil de leur porte: car ces messieurs ont des maisons 

25 très dissimulées sous les arbres; ils s'élèvent des huttes 
en terre battue, soigneusement recouvertes de gazon 
et de branchages, et semblables à ces fourmiUères 
géantes que l'on voit dans les Uvres d'histoire naturelle, 
ou aux habitations de ces villages hottentots que l'on 

30 nous montre dans les albums de voyage. Des escaliers 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 23 

semblaient pénétrer profondément dans la terre, et mi 
coup d'œil que je risquai en passant m'assura que 
cette architecture simple abritait un intérieur con- 
fortable et moderne. 

.On marchait toujours — toujours dans ime boue qui s 
crottait les chaussures et qui constellait le bas des 
capotes de petites taches grisâtres, leur donnant 
l'aspect de ces linges ornés de broderies précieuses 
que l'on met sur les autels des églises. — Car dessus 
nos têtes on entendait le sifSement de nos obus qui lo 
nous précédaient chez les loches, et tout près les 
détonations des canons qui partaient. Ceci ne dut 
pas plaire aux messieurs de Teutonie, car brusquement 
un gros bourdonnement, sans cesse grossissant, venait 
droit vers nous, qui rentrions la tête dans les épaules, 15 
et allait éclater 200 mètres plus loin. La première 
impression est un peu désagréable, car on a la sensation 
très nette que la masse grognante arrive tout droit 
sur nous — et rapidement passe dans l'esprit la revue 
des blessures horribles dont nous avions lu ou entendu 20 
parler — des hommes projetés en mille morceaux, ou 
éventrés, etc. — toutes choses peu souhaitables pour 
soi-même. Un autre, puis un autre sifflement ana- 
logue: les têtes se baissent — un certain malaise que 
l'on s'efforce en vain de cacher sous un sourire — nos 25 
nerfs ne sont pas encore habitués. 

"Ligne d'escouade par un!" commande le capitaine, 
et la colonne par quatre se transforme en quatre 

12. ne dut pas plaire: muât hâve displeased, 

18. Teutonie: word made on the plan of Germania. 



24 CARNET DE CAMPAGNE 

longues files très distantes et avançant sans parler. 
Quelques obus encore, inoffensifs, mais conune les 
Français semblaient se fâcher et que les détonations 
aboyaient de plus en plus, les Allemands trouvèrent 

5 que la plaisanterie avait assez duré, et plus rien ne 
nous vint faire battre le cœur. Et pourtant on 
baissait la tête à chaque obus qui passait trop près — 
les projectiles français et allemands se confondaient. 
Notre oreille n'était pas habituée encore aux différentes 

10 sonorités, et nous nous mettions à rire chaque fois que 
Ton avait eu un peu d'émotion pour rien. 

Nous passâmes par-dessus toute une ligne de tran- 
chées, quatre ou cinq, les unes derrière les autres, 
parfaitement établies — et qu'on utiliserait en cas de 

15 la nécessité de se replier en arrière. Le commande- 
ment prend ses précautions. 

Après une nouvelle pause le bataillon s'installa en 
lignes de sections par quatre, les faisceaux furent 
formés. On était arrivé aux cuisines, dissimulées 

20 dans un petit ravin et très profondément enterrées. 
Les marmites et les plats furent retirés de dessus les 
sacs et remis aux cuisiniers. Puis on distribua du 
pain, des conserves, du vin — le café devait être apporté 
dès le matin dans la tranchée. 

26 On se remit en route. Il était près de vingt et ime 
heures. Encore ime colline à escalader et nous serions 
dans les boyaux. 

Le bataillon s'était disloqué: deux compagnies 
seulement devaient occuper ce secteur, les deux autres 
1. et avançant: see page 3, Unes 2-3. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 25 

devaient aller plus à Test. — Brusquement, en pente 
douce, on entra dans le boyau, un par un, et l'on se 
mit à marcher entre ces deux murs de terre où Ton 
était tout à fait à Tabri. On avait peine à croire que 
l'on était arrivé près de Pennemi: la nuit était noire, 5 
calme; le canon se taisait; seules quelques balles perdues 
faisaient entendre par-dessus nos têtes un bruit pareil 
à de la soie qu'on froisse. Une pluie fine se mit à 
tomber. Après 500 mètres environ de marche, on 
commanda halte. On était arrivé. 10 

"Le chef de la deuxième section," cria une voix 
dans l'obscurité. 

Je me présentai. 

C'était le guide, appartenant aux troupes que nous 
allions relever et qui devait me conduire à mon em- 15 
placement. Je reçus du chef de la section que je 
remplaçais les instructions relatives au secteur: les 
deux demi-sections séparées — deux sentinelles avancées 
— l'ennemi à 150 mètres — secteur calme: pas de 
pertes durant les quatre jours qu'il avait passés là. 20 
Mais les Allemands veillent toujours, et il faut prendre 
garde de montrer la tête. 

Muni de ces renseignements, je dis au sergent qui 
m'accompagnait d'aller faire avancer mes honmies; à 
mesure que mes soldats s'avançaient de la droite, 25 
ceux que nous remplacions s'écoulaient par la gauche. 
Bientôt je fus le seul maître du terrain. La garde 
fut instituée rapidement; une escouade en fut chargée: 
deux sentinelles doubles, relevées toutes les heures, 

22. de: notto, * 



26 CARNET DE CAMPAGNE 

installées dans des trous d'obus en avant de la tranchée 

au milieu des fils de fer. 
La nuit fut très calme, je la passai éveillé — nul 

d'ailleurs ne voulut dormir sans connaître l'endroit, et 
5 puis le voisinage inmiédiat de l'ennemi silencieux 

impressionne un peu. Au petit-jour la surveillance 

dut redoubler; car c'est le moment critique, beaucoup 

d'attaques par surprise ayant lieu, paraît-il, un peu 

avant le lever du soleil. Â six heiures du matin, 
10 l'homme de liaison du capitaine vînt me demander le 

compte rendu des événements de la nuit: j'ai dû 

répondre qu'il ne s'était rien passé. 
Peu après arriva le café, réconfortant, presque 

chaud encore. Puis le jour se leva, froid, gris, brumeux. 
15 Avec lui je pus enfin prendre connaissance de mon 

domaine. 



Chapitre III 

Description de la tranchée; la vie en première ligne; bombar- 
dement; attaque allemande. 

J'inspecte mon domaine; il n'est pas très long à 
parcourir. J'ai bien 120 mètres environ, occupés par 
mes soixante honmies. Ma tranchée se compose du 5 
boyau et de deux grands saillants contenant chacun 
une demi-section, soit deux escouades. 

Un petit boyau contourné conduit à mon abri, qui 
est assez profondément creusé dans le sol, à deux 
mètres environ. Il est confortable, il contient un 10 
sonmiier à moitié défoncé que les Allemands, jadis 
propriétaires de cette tranchée, avaient déménagé 
du village de Perthes. Une grande étagère faite de 
trois planches superposées supporte quelques vieilles 
boîtes de conserves, et les objets que j'ai tirés de ma 15 
musette. Deux ou trois bâtons fichés dans le mur 
servent de porte-manteaux. L'ameublement est com- 
plété par un escabeau de bois provenant du village, 
et d'un brasero où brûle du charbon de bois. Dans 
un coin une caisse de cartouches et quelques fusées 20^ 
éclairantes. y^ 

Ce domaine n'est point trop mal, il est presque 
luxueux. Les abris de mes soldats sont des caves 
très vastes où quinze hommes peuvent tenir très à 
l'aise; de la paille empêche l'humidité de la teiTe 25 
champenoise d'être trop désagréable, et de vieilles 
baïonnettes hors d'usage fichées dans les parois servent 

27 



28 CARNET DE CAMPAGNE 

à suspendre bidons et musettes. Cependant, comme 
le froid était assez vif, j'ai fait confectionner des 
braseros. De vieilles gamelles qui traînaient furent 
percées à coup de baïonnettes, et j'ai fait venir du 
6 charbon de bois des cuisines. 

La vie était donc assez tolérable. On se sentait 
assez en sécurité. Les créneaux étaient bien abrités; 
et l'on pouvait tirer confortablement — les mitrail- 
leuses étaient toujom^ prêtes à faire feu; et en somme 

10 les Allemands d'en face ne semblaient pas méchants. 
Tout ce que l'on voyait, c'étaient de longues bandes 
blanches qui rayaient la campagne devant nous, des 
lignes blanches, nombreuses, enchevêtrées, et beau- 
coup de fils de fer devant. C'était tout. Rien qui 

15 remuât, rien qui eût l'air humain. Seulement de 
ci de là une sorte de loque bleuâtre figée contre la 
terre et semblant faire corps avec elle, un cadavre. 
Assez peu de cadavres devant nous. Seulement à 
l'ouest, à notre gauche, bien plus haut que nous, 

20 devant le fantôme d'un bois, on voyait beaucoup de 
ces petits paquets inertes devant les fils de fer — 
témoignages d'attaques récentes. 

Aussi le paysage d'en face présentait des caractères 
peu intéressants — des fils de fer, de la terre remuée 

25 des bois déchiquetés, des morts. Et l'ennemi était 
en face, environ à 150 mètres. Je m'en aperçus 
d'ailleurs bien vite et je l'échappai belle. A un moment 
donné, de très bonne heure encore, je m'avançai dans 
le boyau qui formait la limite est de ma tranchée. 

30 Une large échancrure s'ouvrait, d'où l'on découvrait 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



30 CAUNET DE CAMPAGNE 

bien mieux la vue d'en face; à gauche le village en 
ruines, en face le labyrinthe des tranchées, des bois 
déchiquetés. . . . Soudain, mû par je ne sais quel 
instinct, je me tournai un peu, et quatre ou cinq 

5 balles qui m'étaient très certainement destinées 
siflBlèrent dans ma fenêtre; Tune même éràfla ma 
jumelle. Assez ému, je quittai cet endroit dangereux, 
mais bientôt je me mis à en rire et j'aurais bien 
aimé faire savoir aux Boches qu'ils m'avaient manqué. 

10 Mais je fus plus prudent dès lors. 

D'ailleurs tout était silencieux; quelques obus 
passaient de temps à autre bien haut au-dessus de 
nos têtes, et allaient éclater si loin qu'on n'entendait 
pas la détonation. 

15 Le service était simple: les sentinelles, inutiles 
durant le jour, étaient remplacées par deux guetteurs 
par demi-section qui de la tranchée même observaient 
à travers les créneaux. Les hommes dans leurs 
abris se chauffaient, fiunaient tranquillement leurs 

20 pipes, dormaient, mangeaient, lisaient, jouaient aux 

cartes. ... Si c'est cela la guerre, pensaient maints 

^(f entre eux, c'est assez supportable. Cela ne devait 

pas durer. 

A neuf heures l'homme de liaison vint me faire 

25 savoir que le commandant de la compagnie désirait 
me voir; Je me rendis à son poste de commandement, 
situé en deuxième ligne. Des ordres venaient d'arriver : 
une attaque française devait avoir lieu siu* les tranchées 
boches au nord et à l'est de Perthes, et nous devions 

30 la soutenir. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 31 

Voici en quoi consistait cette attaque: la ligne de 
feu était loin d'être une ligne droite; les vicissitudes 
des combats précédents avaient voulu que les tranchées 
allemandes fissent un saillant dans les tranchées 
françaises; il s'agissait de détruire ce saillant. Notre 5 
rôle à nous était de donner le change et à ime heure 
fixée, de faire le plus de bruit possible avec fusils et 
mitrailleuses pour attirer toute l'attention sur nous, 
alors qu'on attaquerait ailleurs. Je retournai donc à 
ma tranchée et donnai aux hommes les instructions 10 
nécessaires. Vers dix heures, tout à coup quatre 
détonations presque simultanées nous firent sursauter; 
c'était ime batterie de 75 placée peut-être à 200 mètres 
derrière nous. Rapides les obus passèrent en sifflant 
au-dessus de nos têtes et allèrent soulever quatre 15 
panaches noirs dans la tranchée d'en face. Ce fut 
le conunencement du bombardement. Il fut très 
violent. Au début on baissait la tête, puis on 
s'habitua et l'on se fit l'oreille au bruit des canons 
français. Des obus passaient avec une vitesse folle 20 
et éclataient presque aussitôt que partis; d'autres 
prenaient tout leur temps, notre Rimalho surtout, 
surnommé "la charrette" et qui semble prendre l'air 
avant d'aller conter son histoire aux Boches — et 
son histoire est généralement terrible. 25 

13. 75: French light fieldpiece having a caliber of about three 
inches. 75 means 75 millimeters. Larger guns are called 220, 
420, etc. 

22. Rimalho: a heavier gun. like coït, remington, krupp, 
shrapnel, armstrong, etc., it is named after the inventor. 



32 . CARNET DE CAMPAGNE 

Posté à un créneau, je regardais, la jumelle aux yeux, 
les effets du bombardement. Toutes les tranchées 
allemandes, à perte de vue, furent couvertes d'explo- 
sions sans cesse renaissantes. On eût dit des lignes 

6 ininterrompues de volcans. Et ce bruit, et ces pana- 
ches superbes nous grisaient véritablement. Les 
Boches à leur tour se mirent à répondre et, méprisants 
pour les fantassins, leurs obus se mettaient en quête 
des artilleurs et des canons, et éclataient loin à Tarrière. 

10 Le concert devint assourdissant. On se sentait 
vraiment sous une voûte de fer, invisible mais hurlante. 
Et au milieu de tout ce tintamarre, deux alouettes 
voletaient, joyeuses et folles, au-dessus de la tranchée, 
et mêlaient leur chant de vie à la voix sourde des 

15 engins de mort. 

Je réunis dans ma "cagna" (abri) mes deux sergents 
et mes quatre caporaux quand on apporta de nouveaux 
ordres. Nous avions à tirer pendant quatre minutes 
exactement, de midi une à midi cinq. Je fis mettre 

20 une certaine quantité de cartouches à côté de chaque 
créneau pour que chaque soldat pût tirer le plus grand 
nombre de coups possible, sans perdre de temps. Les 
fusils furent vérifiés. 

Le bombardement croissait et Ton ne distinguait 

25 plus les coups les uns des autres. C'était un roulement 
ininterrompu, le tir d'efficacité, que les Allemands 
appellent trommélfeuer — feu roulant. Une demi- 
heure durant ce fut un assourdissement affolant; on 
avait la sensation que la tête s'enflait, tant ce bruit 

30 était infernal. Malgré tout, grande était la satis- 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 






34 CARNET DE CAMPAGNE 

faction de penser que les Boches avaient à endurer, 

outre le bruit, les effets très meurtriers de. nos pièces. 

Nous étions en somme en meilleure posture qu'eux. 

 midi tout le monde était à son poste, et je me plaçai 

5 moi-même avec la seconde deminsection. J'avais 
soigneusement réglé ma montre sur Theure que, tous 
les jours, on téléphone à midi et à minuit aux différents 
postes de commandement, â midi une l'artillerie 
allongea son tir; c'était le moment, je si£9ai; immédiate- 

10 ment la fusillade crépita, les mitrailleuses firent en- 
tendre leur hachement régulier. A midi cinq, im autre 
coup de sifflet: "Cessez le feu!" 

J'avais à peine sifflé qu'ime demi-douzaine de 77 
boches s'abattirent en plein vers notre tranchée; 

16 comme on n'avait plus rien à faire, on rentra, sauf les 
guetteurs, chacim dans son abri. — Nous fûmes af- 
freusement bombardés; car à ces six obus succédèrent 
six autres, puis six autres. Nous ne nous attendions 
pas trop à cela et la surprise fut assez désagréable; 

20 vraiment nous avions bien rempli notre mission, nous 
avions attiré sur nous leur attention et leurs obus; 
deux heures durant nous fûmes marmites; et les obus 
nous donnaient toujours la sensation de venir droit sur 
nous — et malgré soi on se faisait petit, on rentrait la 

26 tête dans les épaules, on mesurait des yeux la pro- 
fondeur ^de l'abri. Le mien était assez sûr, j'y restai 
quelque temps avec mes deux sergents, qui n^étaient 
pas extrêmement rassurés non plus. La situation est 

12. 77: a light fieldpiece similar to the French 75. 
28. non plus: eUher, 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 35 

stupide en effet, le rôle est purement passif et il est 
désagréable à une intelligence humaine de sentir venir, 
sans y pouvoir rien contre, de la matière brutale ca- 
pable de Panéantir. Plusieurs obus tombèrent près de 
chez moi; un même tomba en plein sur le petit boyau 5 
qui amenait dans mon poste, mais les éclats furent 
arrêtés par le serpentement du boyau. Sans cela 
j'avais leur visite. 

Mais je ne pouvais pas laisser mes hommes ainsi. 
J'allai dans les divers abris; serrés les uns contre les 10 
autres, mes soldats, peu habitués comme moi à ces 
sortes de distraction, auraient peut-être préféré être 
ailleurs; mais ils n'avaient eu aucun mal, et ils furent 
contents de me voir. A leur contact, moi-même, je 
repris mon rôle de chef, et en affectant de ne pas avoir 15 
peur, je suis arrivé à ne pas avoir peur (vérification 
de la théorie de l'émotion de W. James). Je leur ai 
conté des blagues (jokes) et tout de suite cela alla 
mieux. Puis j'allai me faire du thé sur mon brasero. 

Les obus pleuvaient toujours, et conmie jusqu'alors 20 
ils n'avaient pas fait de mal, nul ne s'en souciait 
davantage. Ils tombaient plutôt devant la tranchée 
dans les réseaux de fils de fer. Cela me donna à 
réfléchir, et avec le lieutenant mitrailleur j'observai 

3. de la may be omitted. 

17. W. James: William James (1842-1910), American psychol- 
ogist, physician, and professor in Harvard University. He wrote 
a psychology in which he treated the subject from the physical 
point of view. After 1902 his attention was mainly given to a 
body of philosophical doctrines which he called pragmatism. 



36 CARNET DE CAMPAGNE 

la situation. Les Boches avaient abîmé le parapet 
de la tranchée, écroulé en quelques endroits, et les 
fils de fer étaient assez bouleversés. S'amuseraient-ils 
à nous attaquer? Je fis doubler le nombre des guet- 
5 teurs et donnai Tordre que, dès que le bombardement 
se ralentirait, tout le monde courût à son créneau. . . . 
Je me demandais quelle était au juste la situation, 
j'ignorais le résultat de Tattaque de flanc. J'envoyais 
cependant prévenir le capitaine et les chefs de section 

10 d'à côté, quand, à la jmnelle, j'aperçus des pointes de 
baïonnettes qui dépassaient çà et là la tranchée ennemie, 
trahies par le soleil qui les faisait briller. "Tout le 
monde aux créneaux!" criai-je, et malgré les obus qui 
pleuvaient toujours, mais toujours inoffensifs, tous 

15 coururent à leur poste. Quelques hommes furent 

couverts de terre par des explosions, im fut renversé 

même par le souffle d'un obus, mais personne ne fut 

atteint. . . . 

Brusquement émergèrent des tranchées allemandes, 

20 comme des diables sortant de leurs boîtes, des fantas- 
sins hurlants et qui coururent vers nous avec de grands 
gestes ... ils étaient en rangs serrés, trois hommes 
en profondeur, je crois.' C'était donc un plaisir de tirer 
dans le tas; je m'armai vite d'un fusil qui traînait et 

25 tirai comme tout le monde, les mitrailleuses donnèrent 
aussitôt, et une minute à peine après c'était la fuite 

20. boîtes: perhaps an allusion to a toy known as jack-in-a- 
box. 

21. et: perfectly proper in French. Not to be imitated in 
English. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS ' . 37 

de nos assaillants, qui avaient laissé bien des leurs sur 
le terrain. A 50 mètres de nous une quarantaine de 
Boches étaient couchés à plat ventre, conûne attendant 
Tordre de se relever — la mitrailleuse avait bien 
travaillé. L'attaque était donc brisée, mais chacim 6 
resta à son poste. Des blessés se traînaient lamen- 
tablement jusque chez eux, d'autres hurlaient. Per- 
sonne ne songea à tirer sur eux. . . . 

Alors, quand le danger fut passé, vint Témotion. 
J'eus un peu peur pendant quelques minutes, mais lo 
la joie d'avoir échappé à un danger réel, et d'avoir 
fait bonne besogne, nous rendit très heureux. "Vous 
êtes dé vrais poilus," dis-je à mes soldats — et l'on 
allimia de bonnes pipes dont la fimiée bleuâtre monta 
vers le dieu des armées comme un encens de recon- is 
naissance. 

Quand tout fut rentré dans l'ordre, je courus chez 
le capitaine faire mon rapport: il fut très content, me 
féUcita et me chargea de féliciter mes hommes. Notre 
baptême du feu avait été de toute première classe, 20 
et l'on s'était assez bien comporté. De tout ce bom- 
bardement la compagnie avait eu trois blessés seule- 
ment. Quant à l'attaque française, elle avait réussi 
à s'emparer du point nord extrême de la ligne allemande. 

Le reste de l'après-midi fut calme. Quelques 25 
marmites dépitées nous furent envoyées: nous eûmes 

2. quarantaine: the ending -aine gives an indefinite mean- 
ing. For example: dizaine, ten or twdoe; vingtaine, a score; 
quarantaine, two score, nearly fifty. 
23. l'attaque: see page 30, Une 28. 



38 ' CARNET DE CAMPAGNE 

par contre le spectacle émouvant d'une splendide 
reconnaissance d'aéroplanes. Six avions français dis- 
posés en arc de cercle allèrent survoler les tranchées 
allemandes; de temps à autre l'un d'eux laissait tomber 

5 une sorte de flamme éclatante dans le crépuscule 
obscur — signal pour l'artillerie. Les obus faisaient 
autour de nos oiseaux une multitude de petits flocons 
blancs qui dans l'air calme demeuraient longtemps. 
Mais sans y prendre garde, les avions continuaient 

10 leur vol orgueilleux et assuré et il nous semblait, à 
nous pauvres fantassins enterrés, que ces aéros portaient 
dans l'air toute notre fierté de Français et toute notre 
volonté de vaincre. — Nous étions tous ravis et un 
peu émus. 

15 Puis lentement la nuit tomba. L'ordre arriva 

d'envoyer deux hommes par escouade, avec des toiles de 

tente, pour aller, sous les ordres d'im caporal "de jour" 

(de service) jusqu'aux cuisines, chercher les vivres. 

On prit alors ses dispositions pour la nuit; les sen- 

20 tinelles furent placées en avant des tranchées; il fut 
décidé qu'une escouade par demi-section veillerait aux 
créneaux, en cas d'un retour offensif de l'ennemi. Un 
peu plus tard, vers dix ou onze heures, il s'agit d'aller 
remplacer les fils de fer. La corvée en apporta un 

25 grand nombre, de ces réseaux Brun qui se plient et 

12. de Français: as Frenchmen* 

23. dix heures: from hère on the author lapses into the old 
style of reckoning time. 

26. réseanz Brun: Brun erUanglements. Brun is a proper 
name, probably the name of the inventor of the entanglements. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 39 

se déplient comme un accordéon, qui sont très com- 
pliqués et que Ton pose en les fichant à terre avec des 
sortes de fourches. J'ai voulu diriger moi-même les 
travaux. Avec six honmies j 'ai rampé assez loin — à 25 
ou 30 mètres environ de la tranchée. Sans un mot le 5 
travail s'avança, on plaça six rangs de fils de fer les 
uns derrière les autres et, en avant, de forts chevaux 
de frise. Nous étions donc en plein terrain découvert, 
près des cadavres boches — mais rien ne nous inquiéta; 
nous entendions les gémissements de blessés, et une 10 
certaine agitation, qui prouvait qu'on venait les 
ramasser. Mais nous ne cherchâmes en rien à les en 
empêcher, bien que des vieux déjà dans la guerre 
m'aient conté qu'après les attaques, les Allemands 
tiraillent sans cesse pour empêcher ou gêner le travail is 
des brancardiers. . . . 

4 Rentrant, nous eûmes la récompense du souper: des 
boîtes de sardines, de la viande rôtie, du riz. Les 
braseros chauffèrent notre menu, et puis je me reposai 
un peu. Mes deux sergents se partagèrent le reste de 20 
la nuit — et ce fut une joie très vive que de dormir bien 
au chaud dans ma couverture, les pieds contre mon 
brasero. Mon revolver me gênait un peu, mais il est 
défendu, en première ligne, de quitter son équipement. 

A quatre heures du matin tout le monde était debout. 25 
Le café arriva, toujours le bienvenu. La journée fut 
assez calme; il n'y eut pas d'attaque, mais les positions 
allemandes furent quand même gratifiées d'un copieux 

14. aient: subjunctive with bien que. 
21. que: omit. 



40 CARNET DE CAMPAGNE 

bombardement. Pour nous, on ne nous inquiéta pas, 
et nous pûmes dormir tout notre soûl. 

La seule sensation vraiment gênante était de ne 

pouvoir se laver; nous étions assez sales, couverts de 

6 boue; — et puis il nous manquait quelque chose, on 

était mal éveillé, mal dispos. L'habitude aplanira ces 

petits ennuis-là, j'espère. 

Je me suis fait apporter im bidon d'eau — on ne 
reçoit guère dans la tranchée que du vin et du café. 

10 Et l'après-midi, tout étant calme, j'avais prié le chef 
de la section voisine de venir un peu chez moi. Je 
décidai pour le régaler de faire du chocolat. Ma 
gamelle reçut un peu de cette eau précieuse, et avec 
piété j'y versai du chocolat et du sucre. Elle mijotait 

15 doucement sur mon brasero, et j'allais y verser du 
lait condensé quand on m'appela du dehors. C'était 
mon ordonnance qui venait voir si je n'avais pas 
besoin de lui. Je le fis entrer et je l'invitai. 'Mais 
voilà qu'une stupide batterie de 77 se mit à ce moment 

20 précis à nous envoyer ses six obus, et deux éclatèrent 
si près que mon brave "tampon" en trébucha d'émo- 
tion, chut et entraîna dans sa chute brasero, gamelle, 
et ce chocolat qui allait être prêt et dont nous escomp- 
tions tant de joie. Le pauvre homme .était désolé, moi 

25 j'ai ri, mais un peu jaune. A ce moment-là j'ai détesté 

davantage les Allemands. 

La nuit vint de bonne heure encore; mais ma pro- 

« 
20. six obus: one from each gun. A battery ordinarily con» 
sists of six giiiis or a slîghtly smaller nmnber. 
27. de bonne heure: see note to page 20, Une 5. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 41 

vision de bougies s'épuisait. Je voulais ménager ma 
lampe électrique — et pourtant il fallait bien avoir 
de la lumière. Alors j'ai songé que nous devions 
avoir des sardines pour souper. J'ai eu l'idée d'aller 
en réquisitionner l'huile et de la verser dans une s 
vieille boîte de comed beef. Je coupai ime rondelle 
de bouchon, et une vieille ficelle trempée dans de 
l'huile fut passée au travers. J'allumai et ce fut ime 
veilleuse, comme celles qui brûlent dans les églises. 
La flamme était im peu puante, un peu jaune, mais lo 
suffisante. D'ailleurs je dis au cuisinier de m'apporter 
de la graisse de mouton; je la fis fondre sur mon brasero 
dans une vieille boîte de conserves, ime ficelle servit 
de mèche, et cette chandelle primitive fut satisfaisante. 
J'en donnai d'ailleurs le secret à mes poilus. 15 

Grand événement cette nuit-là. D'abord il se mit 
à neiger, puis j'étais vers une heure du matin à causer 
avec le mitrailleur quand une sentinelle au dehors se 
mit à tirer. En même temps retentissait une voix 
dans la nuit: "Kamerad, Kamerad!" Vite je lançai 20 
une fusée éclairante, et le magnésium me fit voir un 
soldat boche qui rampait vers nous avec un grand 
bruit de ferraille. Je criai à la sentinelle de le laisser 
venir et je lui criai à lui-même, en allemand, d'avancer. 
. . . Il apparut sur le parapet et sauta dans la tranchée. 25 
Je le fis conduire à mon poste de conmiandement et 
là, revolver au poing, je lui ordonnai de se déséquiper. 

2. lampe électrique: .^AZi^^. 

6. vieille boite de comed beef: empty comedrbeef hox. See 
first note, page 1. 



42 CARNET DE CAMPAGNE 

Il n'avait d'anne que sa baïonnette et les cartouches 
de son ceintiut)n. Mais il était chargé de bidons. 
Je l'interrogeai, en allemand. C'était un grand et 
fort gaillard de Bavarois qui en avait assez de la guerre 
5 et que le bombardement d'aujourd'hui, absolument 
terrible, dit-il, avait décidé à s'enfuir. Il se fit désigner 
pour une corvée d'eau, puis s'enfuit vers nous. Il 
n'avait pas mangé, notre bombardement ayant em- 
péché le ravitaillement. Je lui donnai du pain et du 

10 chocolat, en attendant l'arrivée du souper. Je le 
gardai jusqu'au matin, pour obtenir de lui certains 
renseignements qu'il me donna, surtout sur la dé- 
moralisation que notre artillerie porte dans les tranchées 
d'en face. Il me dit que l'attaque de la veille leiu: 

15 avait coûté beaucoup de monde, et aussi il nous indiqua, 
sur ma requête absolue, et d'ailleurs sans trop se faire 
prier, les emplacements de leurs mitrailleuses et de 
certain petit canon-révolver qui nous agaçait le plus. 
Je communiquai ces renseignements à l'artillerie qui 

20 en tira profit, car depuis lors le canon-révolver s'est tu. 
Je gardai de cet honune le ceinturon et les bidons, que 
je distribuai à mes hommes, et qui étaient assez beaux 
— et surtout la conviction que notre moral est bien 
supérieur au leur. Au matin notre Boche fut expédié 

25 chez le conmiandant; heureux il était d'avoir fini la 
guerre. 

Peu après, ma section passa en seconde Ugne, aux 
abris. Car siu: quatre sections de la compagnie trois 
seulement sont en première Ugne, une se trouve en 

30 renforts, chaque jour on change, et mon toiu: était 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 43 

venu. Bien à faire, abris profonds. — C'est là que 
j'ai écrit cette longue partie de mon carnet de campagne. 

28 février. J'ai pu me laver avec de la neige, je 
suis tout heureux d'être net, et je me sens très dispos. 

La fin de la journée d'hier n'a pas été calme; à 5 
quatre heures im billet nous a prévenus qu'une contre- 
attaque allemande semblait prochaine. On reconmian- 
dait la vigilance, le sang-froid; il fallait défendre nos 
positions, coûte que coûte. En cas d'attaque la section 
de renforts, donc la mienne, doit aller en première 10 
ligne soutenir les points attaqués. J'allai vérifier les 
emplacements où j'aurais à me poster en cas d'alerte; 
puis j'y conduisis mes hommes pour qu'il n'y eût pas 
de désordre, le cas échéant. 

La contre-attaque ne vint pas; nous fûmes très is 
bombardés, mais j'eus la chance d'être bien abrité, 
car je ne perdis personne — d'ailleurs les obus ne nous 
produisaient guère d'impression. On vint nous an- 
noncer que nous serions relevés à deux heures du 
matin — nouvelle accueillie avec joie, car malgré tout 20 
on a eu des émotions, des fatigues, et peu de sonmieil. 
En attendant, ma section doit aller débarrasser un 
peu les boyaux de la neige qui les obstrue. Et puis 
ce sera le retour à l'arrière. . • • 



Chapitre IV 

Au repos; la vie au cantonnement et au bivouac. 

3 mars. Grande désillusion en arrivant au canton- 
nement: pas de lettres. Voilà pourtant vingt jours 
que je suis parti. ... 

5 Nous sommes encore à S. S., dans le même canton- 
nement, sauf que j'ai une chambre que je partage 
avec mon sergent et ami H.; les honmies sont bien 
installés, et ont beaucoup de paille. Moi, je suis 
content d'avoir une espèce de home. 

10 On nous a relevés à deux heures du matin. La 
route fut longue et pénible, dans la neige. Aux 
Hurlus le bataillon se reforma, on fit Tappel près d'un 
bois où se trouvait masquée une batterie géante: 
quatre canons de 220 se dressaient formidables sous 

15 leur vêtement de feuillage. Il se trouva que les 
pertes étaient très légères, peut-être vingt hommes 
en tout manquaient. Dans ma section tous étaient 
présents. 

Après quoi on se mit en marche dans la neige. La 

20 fatigue de la tranchée et celle de la marche firent qu'à 
peine arrivés et déséquipés, tous se jetèrent sur la 
paille et dormirent quelques heures. 

4. parti: meaning that letters should hâve corne in three 
weeks. 

11. Aux: does the word les appear in aux? 

19. quoi: if you translate, do hot translate by a relative 
pronoun. 

44 



D'UN OFnCIBR FRANÇAIS 



I 

I 

11 

! 
1 

I 



46 CARNET DE CAMPAGNE 

Je m'éveillai à neuf heures, courus à la douche, 
changeai de linge, et ragaillardi et dispos, je m'occupai 
de ma section. La matinée fut laissée libre, et beau- 
coup dormirent longuement. L'après-midi fut con- 

5 sacré aux nettoyages des habits et des armes, et tous 
passèrent à la douche. Pour moi, j'explorai un peu 
le village; le trafic de la gare surtout m'intéressait. 
Je causai avec quelques officiers d'état-major; ils ne 
me donnèrent que peu de renseignements. Mais l'un 

10 d'eux me passa le "Matin," que je lus avec avidité. 

Malgré tout, je suis las, j'ai sommeil, et je suis 

ennuyé de n'avoir pas reçu de lettres. Il me semble 

que c'eût été une récompense après le gros effort 

précédent. 

15 4 mars. Ce matiji, lever à huit heures, revue d'armes 
et d'habillement — formalité vite remplie; du reste les 
hommes comprennent que leur fusil est leur meilleur 
ami, et ils en prennent grand soin; de plus, contraire- 
ment à ce qu'écrivent certains journaux sur le "poilu," 

20 le soldat n'aime pas être sale; il ne se complaît pas 
dans sa boue et sa saleté, il en souffre au contraire. 
Ce qui en est cause, c'est la fausse étymologie qu'on 
donne au mot poilu. Il ne vient pas de ce que le 
soldat est hirsute et mal rasé, non; le mot est vieux. 

26 Sous le Premier Empire c'étaient les grognards de la 
garde avec le bonnet à poil; ces soldats étant les 

1-6. It would seem that the oflâcers and the men used the 
showers at différent times, the officers having the precedence. 
26. Premier Empire: 1804-1815. Napoléon I was the emperor. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 47 

meilleurs de Napoléon, on appela "brave à trois 
poils'* quelqu'un dont la bravoure était digne d'un 
grenadier. Aujourd'hui on dit poilu — c'est-à-dire 
seulement: bon soldat. 

Notre popote d'officiers est très bien installée. Nous 5 
allons organiser ime caisse et ferons de l'extra pendant 
le repos. Mon cuisinier est une vraie bénédiction. 

Enfin cet après-midi le vaguemestre nous annonça 
que nos relations avec l'arrière étaient ouvertes. Il 
apporta un stack de lettres; j'en eus pour ma part 10 
trente-deux. Joie, joie, pleurs de joiel comme disait 
Pascal, en des circonstances, d'ailleurs, sensiblement 
différentes. 

Je passai la veillée chez l'officier interprète, à qui je 
me suis présenté, lui offrant mon concours, s'il en pou- is 
vait avoir besoin, pour des traductions de documents. 
Il fut charmant, m'offrit du Champagne et me montra 
des lettres, carnets de route, etc., boches qui en disaient 
long sur leur moral. 

Demain nous partons pour aller bivouaquer dans un 20 
petit bois près de la Cheppe. 

La neige est fondue, il fait beau — presque printemps. 

6 mars. Sous^ la tente. 

Le régiment tout entier, bataillon par bataillon, est 25 
rassemblé dans ce bois. Nous avons défilé, musique en 
tête, drapeau déployé dans le village de B.-le-Château, 

12. Pascal (Biaise, 1623-1662) "illustre mathématicien, phy- 
sicien iphysicist) et philosophe français.'' 

18. boches modifies lettres and carnets de route. 
27. B(ussy)-le-Château. See note, page 16, Une 9. 



48 CARNET DE CAMPAGNE 

puis vers dix heures nous sommes arrivés en ce bois. 
Des écriteaux placés sur des arbres indiquaient l'em- 
placement des compagnies; celles-ci * furent disposées 
en ligne déployée, les sections à côté les imes des 

6 autres, et ainsi on en détermina la place; les escouades 
de ma section s'installèrent. Six par six, les hommes 
se mirent à monter leurs tentes; chaque soldat porte 
sur son sac ime toile de tente imperméable dans la- 
quelle il enveloppe sa couverture; quatre de ces toiles 

10 forment la tente proprement dite, les deux autres 
servent à fermer les issues de chaque côté. Pour 
moi, je partageai la mienne avec mes sergents et mon 
ordonnance. On nous distribua de la paille, et l'ins- 
tallation fut parfaite. 

15 Ce fut le repos absolu — rien à faire, seulement à 
respirer dans ces bois odorants de sapins, à se promener, 
à chasser. Il y a ime multitude de lapins par ici; et 
on organisa des battues qui améliorèrent singulière- 
ment l'ordinaire. Un seul rassemblement de la com- 

20 pagnie par jour, histoire de faire un appel et de lire 
les ordres. Mais il ne fallait pas trop s'éloigner, 
pour être prêt en cas d'alerte. La musique du régi- 
ment qui répétait ses morceaux nous fournit d'agré- 
ables concerts. Évidemment le répertoire n'a rien 

25 d'extraordinairement choisi, mais les sélections des 
opéras les plus connus, les polkas d'Offenbach, les 

26. Offenbach (Jaques, 1819-1880), a composer, bom in 
Cologne but naturalized a Frenchman. He wrote the music 
for many light opéras — La Grande Duchesse, Barbe-Bleu, 
Orphée aux Enfers, etc. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 49 

soli de flûte, font grand plaisir dans cette région si 
peu civilisée. Il n'y a que les marches militaires qui 
soient vraiment très belles, Sambre et Meuse siutout, 
quand toute la musique et les «clairons donnent en- 
semble. 6 

Vie charmante de plein air et de campagne; le soir, 
quand le froid tombe, on fait de grands feux et autour, 
on fume et devise joyeusement. Notre moral est 
excellent. Le vin que les corvées vont chercher au 
village, le repos, ce feu pétillant, la conscience du lo 
devoir rempli, tout cela met de la gaieté dans tous 
les cœurs. J'ai écrit beaucoup de lettres; j'avais tant 
à répondre. Et j'ai relu avec délices mon Don Qui- 
chotte. ... 

• 

7 mars, dimanche. Messe à la Cheppe, village où is 
fut notre premier cantonnement, petite église pleine 
de soldats, quelques paysannes en deuil; un très vieux 
prêtre qui a parlé des morts avec ime sublime simplicité. 
Je suis allé faire visite à mes anciens hôtes, qui furent 
tout heureux de me revoir. La pluie fit hâter mon 20 
retour, et déjà les chemins étaient défoncés; il fallait 
marcher à travers champs; en arrivant au bivouac 
j'avais sous les souliers des semelles de quatre cm. de 
boue. 

Le reste du temps, passe sous la tente, à causer, lire, 25 

fumer. 

13. Don Quichotte: ''héros et titre de l'œuvre la plus sensée 
(qui a du bon sens) et en même temps la plus bouffonne (œmic) 
qu'ait jamais produite le génie de l'homme, par Michel Cervantes 
I-téss]." (1547-1616.) 



50 CARNET DE CAMPAGNE 

8 mars. Nous repartons pour le feu ce soir, finis le 
calme et la vie rustique. Mais c'est de grand cœur 
quand même que Ton retourne aux tranchées. Il 
parait que le secteur n'est plus le même. Un ordre 

5 du jour nous a appris que les dernières attaques avaient 
permis de prendre tout le système de défenses alle- 
mandes devant notre ancienne tranchée, devenue 
maintenant troisième ou quatrième ligne. Nous devons 
aller occuper des portions nouvellement conquises. 

10 Soir. Nous faisons étape; il est impossible d'aller 
d'une seule traite jusqu'aux premières lignes avec 
cette boue. Partis un peu après midi, nous avons 
marché dans la boue gluante, et très fatigante. Et la 
pluie continue toujours, glaciale et monotone. Dans 

15 quel état vont être nos tranchées? 

Nous cantonnons dans une sorte de petit village de 
huttes en terre et en bois, très dissimulé par les arbres 
à la vue des canons, et où l'on est à peu près confortable- 
ment. J'ai pour moi seul une petite "cahute" où je 

20 peux faire du feu, et qui contient une Utière d'aiguilles 
de sapin. J'y suis au chaud, mon ordonnance l'habite 
avec moi. Mais on entend la pluie qui créigte sur la 
toiture. C'est demain que nous retournons aux 
tranchées; le canon tonne assez fort, on doit se battre. 

25 9 mars. Il pleut toujours; le sol est^ détrempé . 
Notre cantonnement s'appelle Cabane-Puits parce q\?en 
temps de paix il contenait un puits et une cabane; 
celle-ci abrite maintenant le général de notre brigade. 
Quant au puits, il a été aménagé par le génie, et c'est 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 51 

lui qui fournit d'eau un très vaste secteur; perpétuelle- 
ment des corvées d'eau font queue pour obtenir la 
précieuse liquide qui ne coule qu'en assez mince filet. 

C'est là aussi qu'est la grande gare de ravitaillement. 
Le petit chemin de fer qui part de S. S. aboutit au haut 5 
du bois qui nous abrite, et l'on y a construit de vastes 
hangars, toujours dissimulés sous le feuillage, où l'on 
dépose toutes sortes de denrées: vins, conserves, pain, 
viande, paille — tout ce dont ont besoin les deux 
régiments de la brigade qui occupe ce secteur. Aussï^ 10 
un trafic très agité a lieu, et j'ai assisté à l'arrivée d'un 
train, au débarquement et à l'enmiagasinement des 
marchandises. J'ai vu aussi tout un train de mimi- 
tions d'artillerie que l'on dépose dans des caves très 
abritées. 15 

On a exposé huit ou dix mitrailleuses boches cap- 
turées dans les derniers combats, nos mitrailleurs en 
étudient le systèine et moi-même, j'en ai observé le 
mécanisme; à l'occasion il faut savoir se servir des 
engins ennemis pour pouvoir, le cas échéant, s'en 20 
servir contre eux. ^ 

Une centaine de prisonniers pâles, hâves, disparais- 
sant sous la boue qui leur couvrait visage et vêtements, 
sont passés aussi, l'air accablé. Les affaires vont donc 
bien pour nous. Quelques blessés passèrent aussi, les 25 
uns à pied, d'autres traînés par les brancardiers dans 
de petits véhicules très suspendus et sur lesquels les 
éclopés n'ont pas à souffrir trop des cahots de ces 
chemins détrempés. 

11. assisté à: be sure to hâve the correct meaning for this. 



52 CARNET DE CAMPAGNE 

Soir. Dans quelques heures nous allons aux tran- 
chées. Ordre de s'équiper légèrement; on laissera les 
sacs à la c6te ISl, sous la garde du plus ancien de 
chaque section. Les tranchées que nous allons occuper 
i ne sont pas luxueuses, paratt-il, et nos sacs nous gêne- 
raient. 

On nous a donné une grande provision de grenades. 
Il pleut toujours. 

3. cAte 181: the miljtary authorities frequently number the 
hilla along a given front. 



Fna DB Fer Barbelés 



Chapitre V 

La boue, la tranchée, les cadavres; prise d'xine tranchée alle- 
mande; en seconde ligne; retour en première ligne; la relève; 
le défilé devant le drapeau. 

15 mars. Nous sommes rentrés hier au cantonne- 
ment. Pendant ces cinq jours, les plus terribles que 5 
j'ai passés, je n'ai pas eu une minute de tranquillité 
physique ou morale pour écrire une seule ligne de mon 
journal. J'ai eu, je crois, toute la lyre des émotions 
que peut fournir la guerre: bombardement, attaque, 
contre-attaque — situation toujours critique, longs et lo 
pénibles mouvements dans les boyaux, et par-dessus 
tout, Tennemi terrible, bien plus terrible que les Boches, 
la boue. Car les Boches ont leurs instants de répit, 
la boue est là, perpétuelle, implacable — la boue qui 
empêche de marcher, la boue qui glace, qui englue, 15 
qui alourdit, qui pétrifie, qui désespère. Cinq jours 
à barboter jusqu'aux cuisses dans l'horrible pâte gluante. 

Cela commença dès que l'on eut quitté Cabane-Puits. 
Mais là c'était tolérahlo: ^op s'engluait, on glissait, on 
pataugeait, on s'éclaBoussait — mais ce n'était rien. 20 
C'est à partir de l'instant où l'on pénétra dans les 
boyaux que ce fut terrible. Les sacs avaient été 
laissés côte 181 dans les abris souterrains, donc on 
n*était pas alourdi par ce fardeau. La craie de Cham- 
pagne se mêle rapidement à l'eau et forme une pâte 2& 

28. côte 181: see last note. 

53 



54 CARNET DE CAMPAGNE 

molle dans laquelle on s'enfonçait jusqu'au ventre. 
Et il fallait marcherjC^^-à-dire retirer avec beaucoup 
d'effort sa jambe engluée pour la replonger dans cette 
fange, et la retirer ensuite — et cela durant cinq kilo- 

5 mètres. Au début l'effort était conscient, puis au 
bout de la première heure, c'était automatiquement 
que s'opéraient ces mouvements; on avait seulement 
une sensation sourde de douleur et de courbature dans 
tout le corps. A plusieurs reprises, ayant mal placé 

10 ma jambe, j'ai dû avoir recours à l'homme qui marchait 
derrière moi, pour pouvoir la retirer. Un lieutenant 
laissa sa chaussure dans la boue; il était littéralement 
pris, comme une alouette à la glu, et les efforts déses- 
pérés qu'il fit amenèrent son pied déchaussé. D'ailleurs 

15 on s'en amusa beaucoup. Chose terrible, on releva le 
cadavre d'un soldat qui s'était asphjrxié dans la boue; 
il était tombé seul et n'avait pu se dégager — enlise-^ 
ment horrible. Ce fut le premier cadavre que je vis 
de près, dans cette nuit d'efforts douloureux, et j'en 

20 eus grande émotion. 

Et puis les moindres obstacles interrompaient la 
marche et mettaient des distances longues à franchir 
entre les premiers qui les avaient franchis et ceux qui 
restaient en deçà: un fil téléphonique qui se détachait 

25 des parois qui s'effritaient, un homme qui ne pouvait 
plus avancer, une corvée que l'on rencontrait. Alors 
c'étaient des arrêts, des courses — les uns s'arrêtant 
pour attendre les autres, ceux-ci essayant de se hâter 
pour rejoindre ceux-là. Une marche régulière était 

30 impossible. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



56 CARNET DE CAMPAGNE 

Au bout de trois heures de marche on arriva au 
village de Perthes — lamentable fantôme de village; 
quelques murs déchiquetés, des granges qui s'écroulaient 
conmie des avalanches, et une église debout encore je 

5 ne sais par quel miracle, bien que toute délabrée. Â 
ce moment il fallut s'arrêter dans le boyau, les Boches 
envoyaient des shrapnells. On se blottit contre la 
paroi et la fatigue était telle que quelques minutes je 
dormis, debout, appuyé sur mon bâton. La sensation 

10 que l'on marchait me réveilla, et ce fut encore cette 
avance lente, automatique et si pénible. — Il pleuvait, 
une pluie glaciale qui malgré mon imperméable ruis- 
selait dans mon cou et sur ma poitrine. Quelques 
balles perdues grognaient au-dessus de nos têtes. Oh, 

15 quand arriverions-nous enfin! 

Le jour se leva, grisâtre. Il y avait plus de six heures 
que nous marchions. Quelques obus éclatèrent. Cela 
dura longtemps encore. Â la fin on s'arrêta. J'allai 
avec le guide inspecter mon nouveau domaine. L'abo- 

20 minable chose que cette tranchée, un charnier — des 
morts, des morts partout. Nous étions dans un boyau 
que l'on venait de prendre, et qu'on avait hâtivement 
réparé pour le rendre habitable. 'J'étais mal à mon 
aise, et j'écoutai cependant les explications du chef que 

25 je remplaçais. Il fallait faire très attention — le 
boyau était pris d'enfilade. Ah, ils ne s'étaient guère 
amusés, nos prédécesseurs. Ils avaient eu près de 
vingt tués ou blessés. Cela promettait. J'allai cher- 
cher mes hommes et auparavant je les prévins de ce 

ao qu'était notre secteur, afin qu'ils n'aient pas la même 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 57 

surprise désagréable que moi. Ce n'était guère en- 
courageant que de voir tous ces morts, mais déjà la 
souffrance de la boue avait émoussé nos sensibilités. 
Ma tranchée donc formait une pointe dans la tran- 
chée boche. C'était un ancien boyau de communica- s 
tion allemand qu'on n'avait pu conquérir en entier. 
Le système général de notre compagnie avait la 
forme d'un H. Au point extrême le boyau courant 
vers la tranchée boche était fermé par un éboulement 
et des sacs de terre. Devant nous, le reste du boyau lo 
était vide jusqu'à la tranchée allemande, perpen- 
diculaire à notre secteur et située à peine à 20 ou 25 
mètres au delà. A cette extrémité du boyau se trouvait 
le poste d'écoute, et une mitrailleuse empêchait les 
Allemands de faire un pas dans le boyau; il est probable i& 
aussi qu'une de leurs mitrailleuses était prête à nous 
arroser à la moindre tentative. Ainsi la situation 
était loin d'être plaisante: nous étions pris d'enfilade 
et tout le long du jour grenades, balles, obus, mines, 
s'engouffraient dans notre position. Il fallait prendre 2a 
garde: deux guetteurs furent tués à leur poste d'obser- 
vation; je décidai de nous servir de périscope; trois 
successivement furent brisés par les balles. La situa- 
tion était dure. Je fis changer la disposition du 
créneau de guet que je fis aussi petit que possible. Je 25 
m'y plaçai moi-même quelques minutes; rassurés un 
peu, mes hommes de garde firent leur service sans 
broncher, à côté des cadavres de leurs camarades, 
atteints tous deux à l'œi]#^ Les Allemands ont des 
chevalets de pointage sur lesquels ils fixent les fusils ao 



58 CARNET DE CAMPAGNE 

et les pointent sur un créneau à l'aide d'une jumelle. 
Et dès lors il n'y a plus qu'à ty-er — tous les coups 
portent. Mais j'ai mis ordre à cela. 

Cependant les obus s'engouffraient toujours et les 

s grenades. Il fallait prendre des précautions et rester 
aussi près que possible de la paroi. Les obus étaient 
peu dangereux quand ils tombaient dans la boue, car 
ou bien ils n'éclatèrent pas, ou bien l'explosion n'était 
pas très forte. Mais quand ils passaient le long du 

10 boyau pour aller tomber plus loin, là ils étaient meur- 
triers. 

La nuit tomba de bonne heure. Alors les ordres 
vinrent: il fallait dans l'obscurité creuser une tranchée 
parallèle de départ^ joignait les dieux extrémités de 

15 notre position. On devait partir en même temps des 
deux boyaux, et les travailleurs devaient se rencontrer 
avant le jour. Dès lors on apporta pelles et pioches 
et le travail commença.' On creusa de la tranchée 
même, travaillant plus avant à même que la nouvelle 

20 tranchée s'avançait. Ainsi on ne s'exposait pas trop. 
Le travail avança rapidement. La tranchée ne devait 
être profonde que d'un mètre, et la terre était très 
facile à creuser. Mais les Boches envoyèrent des 
grenades, et je reçus pour ma part un petit éclat près 

25 de l'œil droit. Je mis un emplâtre et restai à mon 
poste. A trois heures du matin les équipes se rencon- 
trèrent. 

Le ravitaillement se fit très mal. Les cuisiniers 
avaient à faire dans les boyaux embourbés le long et 
8. bien may be omitted. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 59 

dur trajet qui nous avait coûté tant d'efforts. Ainsi 
ils ne nous apportèrent que du café froid, de la viande 
toute couverte de terre et des légumes qu'il fallut 
jeter. Seul le vin arriva intact. J'avais pris la 
précaution de le faire mettre dans des bidons her- s 
métiquement bouchés — ceux-là même que portait 
le Boche qui était venu se rendre — et bien que les 
hommes de corvée fussent tombés plusieurs fois, soit 
en glissant, soit culbutés par les souffles d'obus, le 
"pinard" arriva intact, pour notre plus grande joie, lo 
Chacun heureusement était largement muni de boîtes 
de conserves. 

Au matin, après une nuit sans sommeil, et bien que 
la fatigue, le danger, le travail et la boue nous aient 
im peu déprimés, arriva l'ordre d'attaquer. Cet is 
ordre fut d'abord malvenu: on était las. Mais je 
montrai à mes hommes que notre situation était trop 
piteuse et qu'il s'agissait de l'améliorer. Nous avions 
tout intérêt à aller en face, on serait certainement 
mieux; et puis l'attaque ne serait pas dangereux: en 2a. 
effet on s'élancerait à l'assaut de la tranchée creusée 
la nuit précédente, au moment où les Boches ne s'y 
attendraient pas; et il y aurait si peu de terrain à 
parcourir qu'on n'aurait pas grand mal. D'ailleurs 
c'était le devoir et j'étais certain que mes poilus 25 
tiendraient la promesse qu'ils m'avaient faite de me 
suivre partout où j'irais. 

C'est à deux heures que nous devions aller nous 
installer — toute la compagnie — dans la parallèle 
7. le Boche: see page 41, Unes 16 ff. 



60 CARNET DE CAMPAGNE 

de départ, à deux heures dix que nous devions aller 
ià l'assaut. 

Mais il y eut de Timprévu et les Allemands nous 
donnèrent l'occasion de prendre leur tranchée presque 

5 sans pertes pour nous, avec bien du mal pour eux. 

Vers onze heures, alors que notre bombardement 
était à peine conmiencé, nos mitrailleuses brusquement 
se mirent à crépiter, tous les fusils partirent aux cré- 
neaux. C'étaient les Boches qui attaquaient. Ils 

10 convoitaient cette tranchée creusée pendant la nuit 
et voulaient de là donner l'assaut à notre ligne — 
exactement ce que nous voulions faire à la leur. Ils 
vinrent en force, mais les mitrailleuses eurent le temps 
de leur faucher beaucoup de monde avant que les 

16 premiers ne parvinssent à la parallèle. La boue les 
empêchait de marcher vite et ces pauvres diables 
étaient tragiques dans leurs efforts de se hâter et de se 
décoller les pieds. Trois vagues successives partirent. 
La mitrailleuse qui se trouvait à l'extrémité de mon 

20 boyau fut vite déplacée et prit d'enfilade notre parallèle 
pleine de Boches, en les tuant presque tous. C'était 
horrible et magnifique. Mais d'autres arrivaient. 
Alors je commandai: "Baïonnette au canon! En 
avant, en avant!" et je m'élançai contre les assaillants. 

26 Toute la compagnie suivit mon exemple et se précipita 
en avant. Serait-ce le corps-à-corps? Des grenades 
meurtrières abîmèrent le premier rang, et devant notre 

23. Btdonnette au canon: fix hayonets. Canon means gun 
barrel. 

27. rang: of the Germans. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 61 

air résolu les autres hésitèrent, puis tournèrent pied. 
On leur jeta des grenades, déchargeant les fusils presque 
à bout portant — toujours en s'empêtrant dans la 
boue ou en trébuchant contre les morts. Mais 
l'occasion était trop bonne; on les suivit presque s 
chez eux. Leur artillerie et leurs mitrailleuses ne 
pouvaient tirer sous peine d'atteindre des leurs. 

A peine étaient-ils arrivés dans leurs tranchées — le 
temps de leur lancer quelques bonnes grenades — et 
nous y étions aussi. J'eus la sensation d'être visé et lo 
je déchargeai mon revolver à bout portant dans la 
tête d'un oberleutnant à monocle — tout cela auto- 
matiquement, par réflexe. Je saisis un autre ennemi 
par la gorge et avec la crosse de mon revolver je lui 
frappai sur le visage. Il tomba comme une masse. 15 
Mais le corps-à-corps ne dura pas. Les soixante 
soldats qui restaient se rendirent vite. 

Vite, vite je commandai de "retourner la tranchée." 
C'est-à-dire de percer quelques créneaux et de pointer 
les mitrailleuses allemandes que nous avions là, vers 20 
les tranchées ennemies. On boucha les boyaux, on 
établit les communications avec l'arrière, et les prison- 
niers s'écoulèrent par mon ancienne tranchée, redeve- 
nue boyau. Nous nous préparâmes alors à recevoir la 
contre-attaque: des réseaux de fils de fer furent apportés 25 
et on les fixa avec des moyens de fortune. Les Alle- 

6. chez eux: to their trench, ne pouvaient tirer: pas may be 
omitted with pouvoir, savoir, cesser, and oser. 

26. avec . . . fortune: that is, they used whatever happened 
to be at hand in the wreckage of the battlefield. 



62 CARNET DE CAMPAGNE 

mands nous envoyèrent le "tir de représailles," qui 
abîma sérieusement notre tranchée conquise, mais 
fit peu de mal. 
J'avais perdu en tout neuf hommes, dont cinq blessés. 

6 Les Allemands avaient été gentiment joués. Vers 
onze heures un quart nous étions dans nos nouvelles 
positions. Ces événements avaient très peu duré. 
Le corps-à-corps ne fut pas très dur — juste le temps 
de me laisser tuer deux Allemands. 

10 La situation malgré tout était peu drôle: les cadavres 
boches étaient très nombreux — nos grenades avaient 
bien travaillé — mais ils furent de suite noyés dans la 
boue; quand on marchait, on les enterrait davantage, 
et littéralement le sol de la tranchée était couvert de 

15 morts. Cela nous formait tapis et la marche dans la 
boue était moins pénible. Nous étions tous radieux, 
sous la boue qui nous couvrait. Notre élan avait été 
spontané et très beau. Le commandant se déclara 
très satisfait. La contre-attaque pouvait venir — 

20 nous nous sentions prêts à tout supporter, et les obus 
nous faisaient rire. Chacun prit quelques trophées: 
moi, j'emportai de mon oberleutnant le revolver, la 
jumelle, et le porte-feuille, dont je me proposai de 
déchiffrer les papiers pour les remettre à l'état- 

25 major. 

La nuit vint, insensiblement. Il faisait un froid 
mordant, la pluie, qui avait cessé, se remit à tomber; 
on s'était bien enveloppé dans sa couverture, la toile 

18. commandant: what does this word mean? 
28. toile de tente: see page 48, Unes 8-11. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



64 CARNET DE CAMPAGNE 

de tente sur la tête, et Ton semblait des capucins. 
Personne ne pouvait dormir, personne ne le devait; 
mais pourtant, comme à grand'peine je parcourais ma 
tranchée, je vis plusieurs honunes, le fusil en joue dans 
5 leurs créneaux et qui dormaient. Pour les faire tenir 
éveillés je fis tirer des feux de salve, des feux au com- 
mandement. Le bombardement fut très intense cette 
nuit-là, mais il visait surtout nos secondes lignes. 
Cela promettait une contre-attaque pour le lendeniain. 

10 A minuit on vint me prévenir que nous serions relevés 
à deux heures du matin: jeie chez tout le monde, on 
allait enfin pouvoir dormir. Vite on plia couvertures 
et toiles de tente. Mais on dut attendre très long- 
temps, dans la pluie qui tombait, sous les obus qui 

15 pleuvaient aussi. Ce n'est qu'au petit-jour qu'on 
nous vint remplacer. Et recommença alors la marche 
longue, drastique, dans la boue des boyaux. On mit 
près de deux heures pour arriver à Perthes. Là nous 
apprîmes que nous n'allions pas au repos, mais en 

20 renforts, en troisième ligne, dans les abris bUndès de 
la côte 200. Alors on ne marcha plus dans les boyaux, 
car c'était trop pénible, mais sur la route presque à 
découvert. Un assez haut parapet nous protégeait 
contre les balles et la vue de l'ennemi, lequel était à 

25 peu près à sept kilomètres au nord. Mais il fallut 
marcher courbés en deux par bonds rapides, alternatives 
de courses et d'arrêts. Naturellement nous eûmes 

1. capucins: ''Religieux de Tordre de Saint-François; à Paris, 
avant la Révolution (1789), les capucins étaient chargés d'étein- 
dre (put oui) les incendies {fires)" 




.D'UN OFFICIER FRANÇAIS 65 

quelques obus, mais les Boches ne nous avaient pas 
aperçus et nous ne fûmes pas trop inquiétés. A un 
arrêt, juste à côté de moi était allongé sur la route un 
cadavre, couché sur le ventre et avec ime pipe à la 
bouche. Il n'avait pas dû souffrir. s 

Après 500 mètres sur la route on dut reprendre le 
boyau, c'est-à-dire se remettre à barboter. A im 
moment donné il fallait enjamber un gros obus boche 
qui était tombé sans éclater en plein boyau — dange- 
reux engin qu'un rien peut faire exploser. Je me lo 
demande comment nous avons pu marcher encore 
ime heure, car il semblait à tout instant que nous 
étions à bout de forces. Le ravitaillement n'avait pu 
arriver, et nous n'avions rien à boire. Quelques-uns 
souffraient tellement de la soif qu'ils prenaient dans is 
leur main l'eau bourbeuse qui stagnait dans le boyau et 
qu'ils l'aspiraient avec délices. Moi, j'avais un flacon 
d'alcool de menthe et j'en bus une gorgée qui me 
rafraîchit. La fatigue était telle qu'on finissait par 
ne plus rien voir ni sentir. On marchait les yeux 20 
fermés, quelques-uns dormaient en marchant. Enfin 
OB arriva. 

Ces abris étaient une espèce de caverne, creusée à 
flanc de coteau, de grandes galeries bien étayées de 
planches et dont l'entrée était soigneusement pro- 25 
tégée par un vrai rempart de sacs de terre. Sitôt 
arrivés on se coucha — et l'on dormit, on dormit. 

On dormit malgré les gros obus allemands qui 
tombaient tout près, avec un vacarme affreux, malgré 

10. tin rien: a trifle or the slighieat thing. 



66 CARNET DE CAMPAGNE 

une balïterie française qui tout près de là, invisible, 
tirait sans cesse, malgré la soif qui nous tenaillait. 
On ne se réveilla que quand le ravitaillement arriva 
et apporta les lettres et les vivres. Tous réclamèrent 

6 d'abord les lettres — on avait besoin de Ure quelques 
mots d'affection — bien plus que de manger. J'eus 
pour ma part cinq lettres, que je lus avec volupté. 
Je reçus aussi un coUs renfermant des œufs que ma 
petite marraine avait eu la fantaisie de m'envoyer de 

10 Lorraine — et ils furent un rafraîchissement mer- 
veilleux. Puis on mangea, et on dormit, on dormit. 
Malgré tout on n'est pas totalement des brutes, 
puisqu'on a tant de joie à recevoir des lettres. Nous 
avons tué des hommes, sous peine d'être tués nous- 

■ 

15 mêmes, et puis parce que c'était le devoir. Mais ces 
luttes que nous avions soutenues s'étaient passées dans 
une sorte d'ivresse, ivresse d'action, d'enthousiasme 
— et de souffrance aussi. J'ai tué deux Boches, et 
j'en suis fier — mais je n'ai pourtant pas l'âme d'un 

20 assassin. 

A huit heures du soir on téléphona au chef de batail- 
lon que deux compagnies devaient se rendre aux 
tranchées. Toutes les troupes étaient harassées, toutes 
avaient eu dur labeur; on tira au sort — onzième et 

25 douzième. Il fallait donc repartir. 

J'allai donc faire lever mes hommes. Ils étaient 
fatigués, ils grognèrent un peu — mais ils obéirent 

9. petite: why is this word used hère? 

19. fier: the adjective hère. How does it differ in proniincîa- 
tion from the verb fier? 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 67 

philosophiquement, et se rééquipèrent, replièrent leurs 
couvertures. A neuf heures on se remit en route et 
Ton fit en sens inverse le chemin parcouru le matin: 
boyau, route, le village, le boyau encore et la boue, 
la boue encore — encore — encore. Il y eut des 5 
erreurs, une dislocation due à la lenteur avec quoi 
Ton marchait et à la rapidité avec quoi dans l'embarras 
de la pâte gluante les distances s'élargissaient. Une 
section s'égara, il fallut retourner. Puis on rencontra 
des troupes relevées qui venaient en sens inverse de 10 
nous. Ce boyau n'était pas large, on se mêlait, se 
confondait, se heurtait. 

L'ordre rétabli, on s'avança vers les tranchées. La 
nuit était pleine du vacarme d'une bataille — Içs 
mitrailleuses faisaient entendre au loin leur bruit 15 
régulier de machine à coudre, la fusillade son grésil- 
lement de friture. 

Quelques balles sifflèrent au-dessus de nos têtes; 
j'entendis un homme brisé de fatigue dire: "Je voudrais 
bien qu'une de ces balles soit pour moi." Je le grondai 20 
doucement, mais c'était la lassitude qui lui avait 
arraché ce cri. Il s'était conduit en brave la veille, 
au moment de l'attaque. 

On arriva dans une tranchée vide, une seconde 
ligne que nous devions occuper et défendre en cas de 25 
besoin. Mais ce n'était pas le voisinage immédiat de 
l'ennemi; on y pouvait être relativement tranquille. 
On dormit, assis dans la boue, ou au fond d'abris dont 

16. la fusillade (faisait entendre) son grésillement de friture. 
21. lui: /rom him; arracher is followed by à. 



68 CARNET DE CAMPAGNE 

la terre friable se désagrégeait et tombait en fines 
parcelles glacées. 

On dormit le reste de la nuit. On passa la jomnée 
presque inmiobile, las, à attendre le moment de partir. 

5 Nous étions ignoblement sales, de la boue sur les 
vêtements, sur la peau: on s'enlevait la crotte de la 
figure et des mains avec un couteau; les cheveux 
enamêlés de boue faisaient une étrange matière qui 
donnait du souci pour le nettoyage futur. 

10 Nous eûmes quelques obus — quelques blessés — 
mais nous étions indifférents à toutes choses, et Ton 
ne se dérangeait pas — on ne faisait pas aux "mar- 
mites" l'honneur de faire attention à elles. 

Nous étions fatigués physiquement, mais le moral 

15 était intact, et Ton riait. Chacun évoquait le souvenir 
de ses hauts faits, lors de l'attaque. On se vantait 
un peu, mais tous étaient si contents d'avoir "bien 
travaillé." Et si les Boches avaient fait un assaut 
contre nous, on les aurait bien reçus. D'ailleurs ils 

20 ne s'y hasardèrent point. 

Le soir, vers huit heures, l'ordre de la relève arriva, 
accueilU avec un contentement mêlé d'ennui, car 
chacun envisageait sans sourire du tout la perspective 
des boyaux à parcourir. Et lentement, au prix de 

25 mille difficultés et de mille fatigues, on les reparcourut, 
ces boyaux fangeux. Nous étions de purs auto- 
mates — la notion du temps disparaissait — on 
n'avait plus la notion des choses. Il me semblait 
qu'une pendule devait avoir la même conscience que 

30 nous, alors. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



ConriffU InUmaiional FSm Stniet 

NOTOK EUBLÂMB SacbA 



70 CARNET DE CAMPAGNE 

On arriva côte 181 — enfin la terre ferme. Mais là 
de grands trous d'obus étaient pleins d'eau. Beau- 
coup s'enfoncèrent dans ces entonnoirs, et on les aidait 
à en sortir avec la crosse des fusils. De gros obus 

6 tombèrent. On prit l'ordre dispersé pour franchir les 
500™ qui nous séparaient des cuisines. 

Là un café chaud nous attendait, mais on ne put le 
boire, les obus pleuvaient trop pour qu'on pût s'arrêter. 
Et c'est beaucoup plus loin, quand le café fut froid, 

10 que nous pûmes enfin nous réconforter. Les Alle-r 
mands bombardaient toujours: on ne put s'établir à 
Cabane-Puits; l'ordre vint d'aller cantonner à B.-le- 
Château. Douze kilomètres à faire encore! 

La longue colonne du régiment serpenta pendant 

15 quatre heures la plaine boueuse; les haltes furent 
nombreuses, la fatigue était immense. Les sacs que 
l'on avait repris pesaient lourdement sur les épaules 
*— à certains moments des soldats exténués quittaient 
les rangs et se couchaient sur la route, dormant, sac 

20 au dos. On était à bout de forces vraiment quand le 
coq du clocher nous apparut au détour de la route. 
Les retardataires eurent le temps de rejoindre, car on 
fit une longue halte. Puis on entra dans le village. 
Pouvait-on défiler au pas, l'arme sur l'épaule, dans 

26 notre état de harassement? 

Oui, on le put, et ce fut sublime. 
Le colonel, avant de nous rendre au repos, voulut 
nous faire défiler devant notre drapeau, notre cher 
drapeau noirci et déchiré par les batailles. Nous 

30 avions mérité cet honneur, et il nous fit tout oublier. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 71 

Notre emblème sacré, avec couleurs si belles, avait 
en lui toutes les âmes de tous ces soldats gris et boueux 
qui avaient tant souffert pour sa gloire. Et pour la 
première fois Tâme de la France tout entière sembla 
vivre pour moi dans cet étendard tricolore. Cette 5 
étoffe, nous avions durement pâti pour elle, pour elle 
quelques braves étaient tombés, pour elle on avait 
accepté de grand cœur lés journées de peine et de 
fatigue qui venaient de s'écouler. Et suprême ré- 
compense, nous avions le droit en revenant, portant lo 
sur nous les preuves du devoir accompli en cette saleté 
qui nous recouvrait tous, nous avions le droit de faire, 
en défilant devant notre drapeau, un inmaense et joyeux 
acte de foi en la patrie. Tous les hommes sentirent 
la sublime magnificence de cette minute; et au son 15 
étincelant du chant du départ, de cet hymne qui nous 
dit qu'il faut vivre et mourir pour notre République, 
ces soldats éreintés, fourbus, couverts de boue, dis- 
paraissant sous la crotte, n'ayant plus figure humaine, 
défilèrent devant le drapeau en lui présentant les 20 
armes, conmae jamais ils n'avaient dû le faire. 

Et moi aussi. En les voyant si grands et si ma- 
gnifiques, mes soldats, raidis en présentant leurs armes, 
mettant dans ce salut toute la force qui leur restait — 
en saluant de mon sabre nos trois couleurs qui flot- 25 
talent fièrement, comme si elles étaient fières de 

11. en la patrie: en followed by the definite article is corn- 
paratively rare. 

16. hymne ''n'est féminin que quand il s'applique à un chant 
d'église." 



72 CARNET DE CAMPAGNE 

nous, j'ai été si ému que dans la boue qui couvrait 
mon visage, des larmes ont dû couler. Je suis heureux, 
je bénis tout ce que j'ai eu à souffrir, puisque ces souf- 
frances m'ont valu cette minute-là, la plus belle que 
6 j'aie vécue. — 



Chapitre VI 

Au cantonnement; en quatrième ligne; les corvées; visite à 
TartiUerie. 

Et puis ce fut le repos. Je n'ai pas voulu me coucher 
sans être lavé; un soldat employé aux douches dut me 
frotter le corps avec une brosse de chiendent. La 6 
traîtresse de boue avait su se glisser partout. On 
eut deux jours pour se reposer, se nettoyer — nettoyer 
les vêtements et les armes. Liberté entière laissée 
aux hommes. 

Je suis bien logé; j'ai même un vrai lit avec des lo 
draps, que je partage avec mon ami H. Joie immense, 
frénétique que de se déshabiller, de se coucher entre 
des draps. Volupté inconnue depuis un mois — et 
quel mois! 

Ce matin, exercice; peu intéressant, mais la théorie 15 
veut que les honunes ne doivent pas demeurer inactifs. 
J'ai proposé d'instituer des jeux, et on approuva. 
Les manœuvres du temps de paix offrent peu d'agré- 
ment pour ceux qui reviennent des tranchées. 

Notre popote est joyeuse: on se réunit entre officiers, 20 
on cause, joue aux cartes, fait de la musique. Je vais 
souvent jouer de l'harmoniimi de l'église. Un in- 
firmier-prêtre m'a demandé de jouer pendant les 
offices. J'ai accepté avec grand plaisir; il y a im 
salut tous les soirs où beaucoup de soldats assistent, 25 
et où l'on chante les hynmes liturgiques. J'accom- 

73 



74 CARNET DE CAMPAGNE 

pagne, et je m'amuse à jouer quelque fugue de Bach, 
ou du maître César Franck. L'harmonium n'est pas 
fameux, mais je sais m'en contenter. 

18 mars. On part ce soir pour Cabane-Puits, qui 

5 forme la quatrième ligne de nos positions. Il paraît 

que nous n'irons pas aux tranchées, mais que nous 

resterons quatre ou cinq jours en renforts; de plus 

nous aurons des corvées à faire. 

Soir. Nous sommes partis de B.-lé-Château vers 

10 midi. La cérémonie du départ fut belle. Le cinquième 
bataillon avait le drapeau, et ma compagnie en avait 
la garde. Le bataillon se massa en ligne déployée, et 
ma compagnie se trouva juste devant la maison du 
colonel. A midi on fit mettre la baïonnette au canon 

15 et au moment où le drapeau apparut au seuil de la 
maison, la musique et les clairons sonnèrent aux 
champs et jouèrent la Marseillaise, cependant que 
tous présentaient les armes. On défila dans le village, 
le drapeau au milieu de la compagnie, juste derrière ma 

20 section. Et puis le drapeau fut plié dans sa gaine 
noire et l'on marcha. 

1. Bach: ^^Çbak), nom d'une famille célèbre de musiciens 
allemands. Le plus illustre est Jean-Sébastien Bach, dont les 
œuvres de musique religieuse sont de tout point admirables par 
la hauteur de Tinspiration et de la science de rharmonie (1624- 
1702)." 

2. César Franck: (1822-1890) "compositeur (composer) ^ né à 
Liège, musicien de grand talent, mais quelquefois plus savant 
que réellement inspiré." 

14, mettre la btdonnette au canon: see note, page 60, Une 23. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



76 CARNET DE CAMPAGNE 

La route était meilleure — bien meilleure. On 
croisa un régiment qui venait des tranchées et dans 
lequel nous pûmes voir ce que nous étions quelques 
jours auparavant. 

5 Cabane-Puits est très curieux: le village des peu- 
plades primitives; huttes assez vastes, creusées dans 
le sol et recouvertes de branchages et de terre battue. 
Des foyers y sont pratiqués; une épaisse couche de 
paille revêt le sol. Il fait bon y vivre. Il y a aussi 

10 des abris pour chaque section. , Pour moi, j'ai mon 
appartement privé, qui a été aménagé confortablement 
par mes prédécesseurs: le lit est fait d'une toile métat- 
lique tendue comme un hamac à 50 cm. du sol. Une 
table, des étagères, une cheminée faite de grosses 

16 pierres: je suis là comme un prince. Les voitures du 
régiment ont pu venir jusqu'ici. J'ai ma cantine et 
je peux profiter de mes livres: Rabelais et Montaigne 
ont vite pris la place d'honneur sur l'étagère. Il y 
a une hutte pour tout ici: l'infirmerie est très 

20 bien installée; les bureaux des compagnies ont des 
caisses en guise de pupitres; les cuisines sont en 
plein air: au-dessus des foyers, suspendues à un 
bâton, bouillent perpétuellement de lourdes marmites. 
On a eu du thé ce soir, malheureusement le sucre 

25 était peu abondant. Les lettres arrivent; je me 
suis fait ami avec le vaguemestre, qui me gronde 
toujours d'être un de ceux qui lui donnent le plus 

17. Montaigne: ''(Michel de) célèbre philosophe et moraliste 
français, né au château de Montaigne (Férigord), immortalisé 
par ses Essais." (1533-1592.) 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 77 

de travail. Car j'ai une correspondance presque 
ministérielle. 
A tout prendre, cela vaut mieux que la tranchée. 

19 mars. Vie délicieuse, beau temps — rien à faire. 
Je lis, j'écris, je cause beaucoup avec mon ami H. 5 
ou bien avec un infirmier-prêtre de remarquable in- 
telligence et homme de cœur. Hier soir après le 
coucher, nous avons très longuement conversé dans la 
splendeur d'un soir de printemps. Le canon au loin 
faisait rage, et malgré soi on appréciait la sécurité 10 
relative où Ton se trouvait. — ^^ Suave mari magno — ." 
Lucrèce n'avait peut-être pas tout à fait tort. Mais 
cet égoïsme se conçoit un peu, après les peines de la 
semaine écoulée. 

20 mars. Nuit très occupée — ma section a été 15 
chargée du nettoyage des boyaux, près de Perthes — 
la boue ayant séché, ils n'étaient plus assez profonds. 

2. ministérielle: as large as that of a cabinet minister. 

11. Suœm màrùmagno: ''il est doux sur la vaste mer." From 
Lucretius (the French call him Lucrèce), De natura rerum, II, 1. 
"Conmiencement d'un vers de Lucrèce. Le sens complet est: 
'Il est doux, quand sur la vaste mer, les vents soulèvent les flots, 
de regarder, de la terre ferme, les terribles périls d'autrui.' 
Ces mots s'emploient pour marquer la joie que Ton éprouve 
à être soi-même exempt des périls auxquels les autres sont 
exposés." 

12. Lucrèce: ''poète latin, né à Rome en 95 avant Jésus-Christ 
(Jezu-), auteur du poème De natura rerum (De la nature des 
choses). Il se donna la mort vers Tan 53 après s'être fait l'apôtre 
du matérialisme d'Êpicure dans un langage d'un souffle puissant 
et parfois sublime." 



78 CARNET DE CAMPAGNE 

A neuf heures du soir donc nous partîmes par la côte 
181. Au commencement des boyaux, abrité derrière 
une butte, se trouve le poste de commandement du 
chef du secteur; là se trouvent aussi un dépôt de mu- 

5 nitions et un dépôt d'outils. 

Pelles et pioches étaient là, entassées, qui nous 
attendaient. On prit donc un nombre égal de pelles 
et de pioches et Ton pénétra dans les boyaux, un 
homme portant une pelle alternant avec un homme 

10 portant une pioche. Un guide nous conduisait. Les 
boyaux étaient assez abîmés, mais combien aisés à 
parcourir! Le secteur que nous devions améUorer 
était long de 200 m. environ. Je fixai, à l'aide des 
sergents et des caporaux, le terrain exact que chaque 

15 couple de deux honmies aurait à réparer. Il s'agissait 
d'approfondir et d'élargir le boyau. Je reconunandai 
de faire le travail consciencieusement et vite, que 
nous partirions dès que tout serait fini, et qu'au retour 
il y aurait de l'eau-de-vie pour se réchauffer. Chacun 

20 se mit de bon goût à la besogne, et au* bout de deux 
heures tout était fini. Moi-même d'ailleurs ayant froid, 
un peu pour me réchauffer, un peu pour m'amuser, un 
peu pour exciter mes soldats, je piochai tantôt ici, tantôt 
là. Le boyau dès lors eut une forme bien plus protec- 

25 trice: sillonné de pare-éclats tous les 25 à 30 m. de 
façon qu'un obus éclatant ne puisse avoir d'effet que 
sur un petit espace. De plus le boyau était très renflé 
en bas, et les parois étaient assez rapprochées en 
haut pour donner moins de prise aux shrapnells. 
13. in«: abbreviation for mètre (s). 




D'UN OFFICIER FRANÇAIS 79 

Donc quand le travail me sembla satisfaisant je 
donnai l'ordre du retour. J'étais arrivé à faire exé- 
cuter ce travail bien et vite en donnant moi-même 
l'exemple. On reposa les outils, et à une heure du 
matin nous étions rentrés, et on but un peu d'eau-de- s 
vie, pour se réchauffer. 

Un avion ennemi a été abattu ce matin. Il s'était 
aventuré vers nos lignes, et le bombardement copieux 
à quoi il fut soumis attira notre attention. Des flocons 
blancs naissaient et se déroulaient autour de l'avion, lo 
point jaunâtre dans l'objectif de ma jumelle, et brusque- 
ment je vis l'aéroplane descendre comme une. flèche 
vers le sol, cependant que le panache de l'obus qui 
l'avait abattu s'étalait orgueilleusement comme fier 
de son triomphe. L'avion tomba trop loin de nous is 
pour que nous pussions l'aller voir. 

Les Russes ont pris Przemysl — la nouvelle a été 
annoncée au rapport ce matin. Le butin, paraît-il, 
est inmiense — alors les hommes reçoivent de ce fait 
un quart de vin supplémentaire. 20 

C'est une des premières nouvelles que nous ayons 
de la guerre; nous sonmies bornés à notre secteur et 
nous ne savons rien de ce qui se passe. Pas grand'- 
chose sans doute. Ce sera pour le printemps: on 
pense que c'est au printemps qu'aura lieu la grande 25 

17. Przemysl: an Austrian city, in the Province of Galicia, 
about 60 miles west of Lemberg. It is one of the strongest 
fortresses in Galicia. The Austrians held it until they were 
driven out by the Russians 22 March, 1915; later they recap- 
tured it. 



80 CARNET DE CAMPAGNE 

oflFensive — le coup de boutoir qui déterrera les Boches 
de leurs tranchées et nous donnera cette guerre en 
rase campagne à quoi nous aspirons tous: et alors 
nous sonunes bien sûrs d'avoir la victoire. 
6 J'aime beaucoup notre vie. Rousseau aurait 'été 
heureux, en certains points. C'est bien le retour à la 
nature; vie aussi simple que possible, presque physique, 
presque animale, où les instincts primitifs de la race 
se donnent Ubre cours — boire, manger, dormir, se 

10 battre. Il n'y a guère que l'amour qui manque. Il est 
loin, le temps de la guerre en dentelle. Il est vrai que 
souvent on est bien fatigué — mais allez donc empêcher 
le printemps de renaître, l'imagination de s'égarer dans 
des souvenirs chers, aidée par les lettres presque 

15 quotidiennes, ô petites marraines amies, douces sont 
vos lettres et bienvenus vos cadeaux délicats à ceux 
qui se battent, et qui sont heureux de se battre pour 
vous. Mais combien, à certaines heures, votre souvenir 
fait douloureuse la vie de la guerre! 

20 Cependant je me gardé bien de laisser rouiller mon 

intelligence. Je Us beaucoup, j'écris énormément de 

lettres, et j'ai deux ou trois amis avec qui je puis 

causer intimement. 

Et puis j'ai une étude psychologique très intéres- 

25 santé: j'étudie mes poilus. Je commence, je crois, à les 

6. Rousseau: (Jean-Jacques), (1712-1778), ''philosophe et 
écrivain français. Rousseau a prêché le retour à la nature, 
Texcellence initiale de Thomme, et la nécessité du contrat social 
qui garantit les droits de tous, en une langue passionnée et 
éloquente." 



DTN OFFICIER FRANÇAIS gl 

bien connaître, et à être leur ami; ils me content lem^ 
secrets, leurs aventures, je connais leurs petites affaires 
de cœur ou de famille; certains me font lire de leurs 
lettres, d'autres me montrent des photographies. Et 
ainsi je les connais personnellement, et je sais comment s 
agir et parler avec chacun d'eux pour en obtenir ce 
que j'en veux. Je les aime bien, car ils sont de braves 
gens et même ils savent être des héros quand le devoir 
l'exige. 

J'ai passé la soirée dehors, vautré dans l'herbe lo 
naissante, fumant ma vieille pipe, compagne de mes 
aventures guerrières, causant avec mes amis. Le 
canon était assez silencieux, l'air était très calme et 
nous apportait des bouffées de musique: nous recon- 
nûmes l'hymne suisse et la Marseillaise, le God save is 
the King, C'était un régiment cantonné à l'arrière, et 
qui fêtait la prise de Przemysl. 

Il est tard. Je me suis attardé dans cette soirée 
merveilleuse, la veillée du printemps — il fait bon 
écrire dans cet air parfumé. 20 

21 mars, dimanche. La messe a été dite ce matin 
en plein air, derrière un grand rocher, par un prêtre- 
soldat — cérémonie simple — des pierres servaient 
d'autel, deux bougies sans candélabres — l'antique 
simplicité — beaucoup y assistèrent; et on chanta des 25 
cantiques. Le canon au loin servait d'orgue. 

Il ne s'est rien passé aujourd'hui — seulement 
quelques prisonniers ont défilé. 

Ce soir quelques hommes de la compagnie vont en 



82 CARNET DE CAMPAGNE 

corvée porter en première ligne des fils de fer et des 
obus de **crapoiiillauds" (obusier de tranchée). J'y 
ai jeté un coup d'oeil. Ce sont des obus à ailette que 
l'on lance de la tranchée même et qui font du bon 

5 travail. Nos poilus les appellent "choux-fleurs." 

Ma section est de garde — car naturellement il y a 

un tour de garde. Trois sentinelles sufl5sent: près 

de la gare et des magasins d'approvisionnement, près 

de la hutte du colonel où se trouve le drapeau, près des 

10 voitures. Service peu compliqué. 

22 mars. Peu d'événements encore aujom-d'hui. 
Le bataillon a fait une manœuvre dans les bois. Si 
cela pouvait être signe avant-coùreur de la guerre en 
rase campagne! Une petite alerte: quelques obus sont 

15 tombés sur notre emplacement — une cuisine a été 
détruite — un cuisinier blessé. C'est très désagré- 
able d'être bombardé quand on est au repos; dans la 
tranchée on est là pour cela, et l'on accepte la chose 
gaiment; d'ailleurs on se sent à l'abri, tandis qu'au 

20 cantonnement, où par définition on doit être en sé- 
curité, c'est plus vexant. Les Boches n'ont aucune 
espèce de savoir-vivre. 

23 mars. La nuit dernière j'ai été désigné avec la 
moitié de ma section, pour la "corvée de machabées," 

25 c'est-à-dire, à aller enterrer les morts. Cette besogne 
ne souriait à personne, mais elle fut accomplie sans 
répugnance ni mauvaise volonté; ce qui ajoutait une 
nuance plus lugubre, c'est que cela devait avoir lieu 
la nuit. Nous partîmes donc, guidés par un homme de 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 83 

liaison, qui nous conduisit dans un petit bosquet tout 
déchiqueté par la mitraille, au sud de Perthes, à trois 
Idl. environ des premières lignes. 

La nuit était sans lune, on n'y voyait guère. Au 
loin la fusillade; quelques fusées éclairantes à allures s 
de feu d'artifice et des obus avec leur grosse respira- 
tion de fauve en colère. Une petite tranchée fut 
approfondie, où Ton mettrait les morts, et puis il 
fallait se mettre à leur recherche. Ils étaient là depuis 
très longtemps, et la récente avance de nos lignes lo 
permet seulement de les enterrer. On les voyait à 
peine, masses inertes par terre. Il fallait les fouiller, 
prendre leurs papiers, les plaques d'identité attachées 
au bras comme des bracelets^ leur argent, etc. Ce 
n'était pas extrêmement drôle: là encore il fallut donner 15 
l'exemple. Parmi ces morts il y avait trois Boches. 
— On les apportait dans une toile de tente jusque dans la 
tranchée, où on les plaçait côte à côte. On plaçait 
séparément les pièces trouvées sur eux, de façon à ne pas 
les confondre. Nous les identifiâmes tous sauf trois. 20 

Quand ils furent bien couchés dans cette fosse, 
l'abbé-infirmier qui nous avait accompagnés, sans en 
avoir reçu l'ordre, s'avança au bord de la tombe et bénit 
ces cadavres. Au milieu de quelques balles qui ve- 
naient mourir contre les arbres avec un bruit mat, avec 25 
au loin le fracas de la bataille, ce prêtre, debout devant 
ces morts qu'il bénissait, était vraiment très beau. 
Et moitié par conviction religieuse, moitié touchés par 
la grandeur de ce spectacle, tous se mirent à genoux 
pour entendre les paroles de pardon et de vie. 30 



84 CARNET DE CAMPAGNE 

Ce soir je suis allé à S. S. par le petit train pour 
aller faire dresser les actes de décès. Les minces 
souvenirs durent être expédiés aux familles: des 
lettres, des porte-monnaies, des porte-feuilles, des 
6 montres. Sur l'un de ces morts était ime lettre sur 
Tenveloppe de laquelle était écrit: celui qui trouvera 
mon cadavre voudra bien envoyer cette lettre avec Vindica- 
tion exacte de ma tombe h — . Cette lettre, je Voî prise, 
et j'ai envoyé quelques paroles émues à la famille. 
10 J'ai fait un dessin aussi exact que possible de la 
tranchée où j'avais enterré ce misérable. J'ai parlé 
de la bénédiction qui avait été donnée sur la tombe. 
Et j'ai glissé dans ma propre lettre cette lettre sacrée, 
sanglante, boueuse — cette lettre d'un mort. 

15 24 mars. Un officier d'artillerie qui était au village 
hier avec moi m'a invité à aller voir sa batterie. Après 
le rassemblement quotidien de la compagnie, je suis 
allé le voir. J'avais sur ma carte exactement marqué 
l'emplacement de cette batterie et je la trouvai assez 

20 facilement. 

Le capitaine me reçut dans sa ''cagna," un vrai 

palais en comparaison de nos misérables ''guitoimes" 

de fantassins. A six mètres sous terre, étayée de 

' planches, elle contenait le vrai confort moderne — un 

25 lit, une table, des chaises, et puis des tas de bibelots 
qui prouvaient un séjour prolongé. Des images de la 
''Vie Parisienne" étalaient sur le mur les délicieuses 

27. ''Vie Parisienne": an illustrated magazine particularly 
noted for its art work. 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 85 

femmes de Fabiano, de Nam et de Préjelan. Un 
violon pendait dans un coin, et sur un pupitre, les 
sonates de Bach. Beaucoup d'objets sur des étagères, 
fabriqués avec des fragments d'obus. Mon aimable 
hôte m'offrit du thé dans de vraies tasses. Ce luxe s 
m'enchanta. Un téléphone sur la table reliait la 
cagna à la batterie, aux premières Ugnes et au poste du 
colonel. Je ne pus résister au désir de l'entendre jouer; 
il consentit volontiers, et ce polytechnicien m'exécuta, 
assez bien ma foi, la fameuse sarabande. lo 

"Et maintenant, après la musique de chambre, 
dit-il, je vais vous faire entendre le grand orchestre." 
Et il me conduisit à sa batterie. Les quatre pièces, 
tout habillées de feuillage et bien enfouies dans le 
sol, étaient silencieuses; mais elles restaient pointées 15 
inmiuablement sur leur objectif invisible — une 
tranchée à trois kilomètres en avant. Le capitaine 
m'expliqua — ce qui n'était pas un secret pour moi 
à vrai dire — que grâce au frein hydro-pneumatique 
le 75 n'avait pas besoin d'être repointé après avoir 20 
tiré. Cour me faire plaisir il fit tirer trois obus par 
piècé^ En un clin d'oeil ce fut fait: c'est merveilleux 
de rapidité — le recul du canon permet l'éjection de la 
douille et l'introduction du nouvel obus. J'ai eu 
l'explication du "débouchoir" qui permet de faire 25 
éclater l'obus à la distance voulue, selon qu'on trouve 

1. Fabîano, Nam, Préjelan: contemporary illustrators. 
10. saratMuide: ''danse noble en vogue au XVIIP siècle. 
Musique de cette danse: la sarabande s'écrivait à trois temps, 
dans un mouvement plus lent que celui du menuet." 



86 CARNET DE CAMPAGNE 

la fusée à une place ou à une autre. J'ai même fait 
partir un coup moi-même. Enfin j'ai vu le petit 
clapet que Ton n'a qu'à manœuvrer d'une certaine 
façon pour rendre la pièce inutilisable. Dans le cas 

5 où elle viendrait à tomber entre les mains de l'ennemi, 
les artilleurs doivent faire cette manœuvre. 

Je pris congé, en remerciant beaucoup mon très 
aimable officier. J'étais heureux d'avoir pénétré un 
peu dans le fastueux domaine de l'artillerie. 

10 En arrivant au bivouac j'appris que le commandant 
m'avait proposé pour être sous-lieutenant à cause de 
ma conduite de la semaine dernière. J'en suis très 
content. 

26 mars. Ce matin, à notre grande surprise, on 
15 nous a annoncé notre retour à S. S. Nous y arrivâmes 
vers six heures — même cantonnement que précédem- 
ment. En passant, remarqué combien le cimetière 
avait grandi depuis peu. 

2ff mars. Revue de notre brigade ce matin — les 
20 deux régiments, massés en ligne de sections par quatre, 
drapeaux et musique. Le général est passé au galop 
sur notre front, puis nous avons défilé. Immense 
impression de force quand on se sent au milieu de 
toutes ces baïonnettes étincelantes par-dessus quoi 
26 triomphent les couleurs claires de nos drapeaux, le 

9. le fastueux domaine de l'artillerie: there is great rivalry 
in the French army between the artillery and the infantry, the 
artillery assuming airs of superiority; hence tliie ironical tone 
whenever the artillery is mentioned. • 



D'UN OFEICIER FRANÇAIS 87 

mur de fer qui retient Tennemi et qui saura fondre 
sur lui au temps voulu. Et c'est aussi un peu la cons- 
cience du rôle que Ton joue, et qui est grand. Notre 
rôle à chacun est humble, mais c'est une joie inunense 
de se dire que Ton travaille pour la patrie, et que tous s 
les efforts et toutes les souffrances comptent pour 
une part dans la grande action de tous. 

Le général ensuite est passé dans toutes les com- 
pagnies. Il s'est adressé à moi et m'a dit que dés ce 
jour je comptais désormais dans l'armée comme sous- lo 
lieutenant. 

Naturellement cela s'est "arrosé." J'ai offert le 
Champagne à mes collègues — et l'on se préparait à 
fêter dignement quand l'ordre vint de partir le soir 
même pour les tranchées. Voici le progranune des 15 
jours à venir: 

2 jours en 1®'® Ugne. 

2 jours en renforts côte 181. 

2 jours en 2® ligne. 

Le bruit court que le corps d'armée irait au repos 20 
pendant un mois. Il circule beaucoup de bruits, plus 
ou moins fantaisistes, c'est ce qu'on appelle le "rapport 
des cuisiniers." Mais cela est possible en sonmae. 
En attendant on s'équipe et dans deux heures on sera 
en route. 25 

Je vais écrire à tout mon monde pour annoncer ma 
nomination. 



Chapitre VII 

En première ligne; le canon de tranchée; la mine; prise d'une 
tranchée boche; les grenades; à la côte 181; en seconde ligne; 
nos derniers jours en Champagne. 

27 mars. Mollement étendu dans un hamac que 
s ringéniosité de mon prédécesseur dans cette tranchée 
avait fabriqué avec deux vieilles toiles de tente, dans 
une grande cave souterraine, je reprends un peu mon 
journal. Nous sommes dans un vilain secteur, et 
Ton utilise les galeries de mme comme abris, car les 
10 grenades pleuvent. 

Nous sonunes dans la même tranchée que l'ennemi 

— voisinage immédiat et assez dépourvu de courtoisie; 

seul en effet un bouchon de sacs de terre nous 

sépare des Boches. Près de ce rempart veillent les 

15 sentinelles, attentives et silencieuses. De Tautre côté 

on n'entend rien non plus, seulement le vol et le bruit 

des grenades qui sans cesse s'échangent entre les 

deux partis. Mais les guetteurs sont bien abrités 

dans les parois de la tranchée, comme des saints dans 

20 des niches — et ils bravent les ' 'tortues" allemandes. 

Donc la première hgne allemande et française sont 

en contact immédiat. Cela tient à ce que Ton n'a pu 

prendre intégralement cette tranchée dont l'ennemi 

occupe encore l'extrémité est. 

25 Mais cela ne durera pas, je pense, et on élargira le 

gain. 

Il y a quelque chose de très amusant: c'est un 

88 



D'UN OFFICEBE FRANÇAIS 



CoptiTiehl InUntatumal Pitm Stnut 

Il a Dit que ce n'Était Rien 



90 CARNET DE CAMPAGNE 

canon de tranchée, un petit canon comme on en tire 
dans les réjouissances populaires, tout petit sur une 
plate-forme de cul-de-jatte. On y introduit de la 
poudre, piûs un obus de 77 (les projectiles allemands 
6 qu'on leur renvoie), puis une mèche est allumée 
à Taide d'un briquet. Bruit, fumée, Tobus part d'un 
côté, le canon de l'autre. Ce diable de petit canon 
aurait besoin de prendre des leçons chez le 75, car 
après chaque coup il exécute une petite danse. Mais 

10 on a tout loisir de repointer. C'est un homme spé- 
cialement désigné pour ce travail, qui se charge de la 
manœuvre. Bien entendu je me suis amusé plusieurs 
fois à le faire partir. 

Le piédestal est tragique: c'est un morty un mort 

15 bien recouvert de boue sèche, mais qui laisse voir les 
pieds; c'est un Boche, il a les souliers ferrés en fer 
à cheval. On envoie les obus en face, à 60"^ environ; 
à côté, ce sont les grenades — et on leur en lance sans 
avarice! Eux aussi d'ailleurs, mais jusqu'à présent, 

20 pas de blessé. 

Je reste assez peu immobile dans ma tranchée. 
J'ai horreur de rester inactif, et j'ai peu envie de lire; 
aussi j'ai erré beaucoup d'un bout à l'autre de mon 
secteur, m'amusant de tout. 

25 Tout à l'heure un de mes poilus est venu me dire: 
''Je crois bien, mon lieutenant, que les Boches sont 
en trai» de miner notre tranchée." J'écoutai, je n'en- 
tendis rien. Alors j'allai dans son abri et en effet 
j'entendis des coups sourds, frappés régulièrement. 

30 Évidemment on travaillait sous terre. Impression 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 91 

très désagréable, déjà enfoui sous terre, que de sentir 
ce travail caché, lent, impossible à parer et qui brusque- 
ment peut nous faire sauter. Et Fennui, c'est que 
depuis ce moment tous étaient persuadés d'entendre 
le marteau qui creusait l'abîme au-dessous d'eux, s 
Puissance de l'imagination, ô Pascal! Mais le capi- 
taine prévenu a téléphoné au commandenient — un 
officier du génie est venu; il a écouté au microphone 
et a dit que ce n'était rien; il y a, dans la tranchée à 
côté une galerie de mine française, et le travail des lo 
Boches est lointain et repéré. 

Car devant tous les réseaux de tranchées il y a des 
postes d'écoute souterrains où les sapeurs, avec leurs 
Lrophones écoutent et enregistrent ' les moindres 
bruits. Cet officier me conta que deux jours aupara- 15 
vant ils avaient "camouflé" une mine boche; il s'agit 
pour cela de faire repérer exactement la direction de la 
galerie ennemie; on fore dans cette direction avec un 
appareil semblable à ceux qui servent au forage des 
puits. Puis quand on est arrivé à l'endroit voulu, on 20 

2. et: correct in French. Do not translate. See note to 
page 36, Une 21. 

16. "camotiflé": the verb camoufler does not appear in the 
smaller French dictionaries. Perhaps it has been coined from 
the noun camouflet, which is defined as 'Tumée épaisse, qu'on 
soujffle au nez de quelqu'un," and "Fourneau {chamber) de 
mine, destiné à agir contre une galerie souterraine ennemie, en 
asphyxiant les défenseurs." Modem practice as described by 
Lieutenant Nicolas seems to substitute an explosive for the 
smudge. The recently much overworked word camouflage is a 
derivative from camotiflet in the first sensé. 



92 CARNET DE CAMPAGNE 

bourre et on fait sauter avec un bickford. La tête de 
la mine allemande saute avec ses habitants. Le même 
sort attend la mine qui nous avait préoccupés. Dans 
la guerre de mines Tessentiel de la lutte est le con- 
5 traire de la guerre aérienne. Ici il s'agit de survoler 
Favion adversaire, là au contraire il faut que la contre- 
mine passe au-dessous de la mine adversaire; quand 
elle se trouve arrivée à sa hauteur, on fait éclater. 
Il se passe d'ailleurs que les mineurs ennemis se trou- 

10 vent brusquement face à face, et alors on se tue comme 
on peut, à coup de marteau si Ton n'a pas de 
revolver. ... 

C'est assez peu beau, cette guerre — je vais me 
consoler en invitant mes sergents au five o'clock. 

15 Je viens de m'amuser à envoyer une lettre aux 
Boches d'à côté, invitant, en un allemand aussi cor- 
rect que possible, ceux qui sont las de la vie de guerre, 
à venir se rendre. Ils seraient bien traités par les 
Français. Ils n'auraient qu'à se présenter sans armes 

20 devant le bouchon de sacs de terre, et siffler les pre- 
mières mesiu'es d'un air connu de tous les Allemands: 
Ich haW einen Kameraden. Peu après la sentinelle 
me fit parvenir un papier; c'était la réponse — en 
voilà la traduction: ''Nous serons relevés cette nuit 

25 vers une heure — nous profiterons du désordre pour 

14. five o'clock (tea). 

22. ich hatt' einen Kiuneraden: first Une of a ballad (by 
Johann Ludwig Uhland, a German poet, 1787-1862), caUed Der 
treue Kamerad. In the original einen is ^nen^ a mutilation neces- 
sary to make the verse track. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 93 

venir, à trois, nous rendre. Dès minuit nous serons 
en sentinelles près du bouchon. Nous comptons sur 
votre parole de bien nous traiter." 

Je portai ce papier au capitaine et le lui traduisis. 
Le renseignement de la relève était intéressant. Il s 
va le téléphoner au conmiandement. 

28 mars. Quelle nuit agitée que la dernière, mais aussi 
quel bon travail nous avojis fait — pris toute la tranchée 
d'à côté, 50 mètres environ, et une mitrailleuse! 

La nuit au début fut calme, sauf que les Boches lo 
nous lançaient des grenades d'une façon inamodérée. 
J'eus cinq blessés, assez légèrement je crois, qui purent 
se rendre d'eux-mêmes au poste de secours. Vers 
dix heures et demie le capitaine vint voir la situation 
et je lui expliquai qu'il serait peut-être bon d'attaquer 15 
la tranchée au moment de la relève. On examina les 
diverses possibilités, et finalement mon supérieur me 
dit de faire comme je l'entendrais, qu'il me laissait 
toute l'initiative des événements. Je le priai seule- 
ment d'interdire aux deuxièmes lignes de tirer. J'ap- 20 
pelai près de moi mon ami H. et lui confiai le commande- 
ment de ma section, après avoir avec lui réfléchi 
longuement sur les éventualités. 

Mon caporal le plus dévoué et le plus intelligent 
devait m'accompagner, et je demandai dans les es- 25 
couades quels honames voudraient m'aider dans une 
entreprise peut-être dangereuse. Beaucoup, presque 
tous, se présentèrent. J'en pris six, qui s'armèrent de 
leurs baïonnettes et de dix grenades chacun. Puis 



94 CARNET DE CAMPAGNE 

j'allai près du bouchon de sacs, et avec un périscope, 
à la lueur de fusées éclairantes, je pus me rendre 
compte exactement de la tranchée allemande. Une 
seule chose m'ennuyait — une mitrailleuse placée pas 
5 très loin de nous. J'y fis lancer une vingtaine de 
grenades. On tua des hommes, mais la machine 
- semblait intacte. 

Un peu après onze heures j'entendis siffler le chant 
populaire de Uhland. Je le sifflai à mon tour, et trois 

10 grands escogriffes apparurent sur le bouchon, les 
bras levés. Ils sautèrent dans notre tranchée, je les 
fis garder soigneusement, les interrogeai. La relève 
de leurs camarades avait heu à l'instant même; on 
les faisait sortir avant que les autres troupes ne fussent 

15 arrivées. Eux s'étaient arrangés pour être sentinelles, 
et plus rien ne gardait l'entrée de la tranchée. Une 
seconde j'eus l'idée que c'était un piège, les menaçai 
de les faire fusiller s'ils mentaient. Mais je me rendis 
au bouchon et vis en effet que la tranchée était vide — 

20 seuls les mitrailleurs veillaient leur pièce. 

Je donnai rapidement l'ordre de démoUr le bouchon, 
et on courut chez les Boches. Les hommes de ma 
section, ainsi que j'avais donné l'instruction, se mirent 
à tirer furieusement, pour que l'ennemi fût distrait du 

25 secteur que nous voulions prendre; en courant on 
lança quelques grenades aux mitrailleurs qui s'effon- 
drèrent sans avoir pu tourner leur machine contre 

13. on les faisait sortit: ihey were mode to leave, that is, 
the retiring troops were taken eut of the trench before the 
relief entered. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 95 

nous. En un rien de temps on fut à rextrémité de la 
tranchée, coupée perpendiculairement par un boyau. 
Quelques grenades sur les derniers Boches qui s'en 
allaient en repos. — Vite, vite on empila quatre ou cinq 
cadavres, et on fit très rapidement déployer des sacs s 
de terre du parapet. La mitrailleuse cepeùdant était 
amenée, et derrière la barricade de morts et de terre on 
tira trois bandes de la mitrailleuse. Ce fut un affole- 
ment chez les Boches. Et on dut en tuer pas mal. 
Nous en eûmes ce matin la vision de ce boyau couvert lo 
de morts. La tranchée était nôtre. Cela avait bien 
duré deux minutes. Nous reçûmes une pluie de 
grenades, les tzing, tzing se suivaient sans cesse — un 
homme fut tué, trois ou quatre blessés. Vacarme 
infernal, fusées éclairantes, tir redoublé. — Rapport 15 
rapide au capitaine qui vint et me serra la main. 
Vite on plaça des fils de fer barbelés, et on aménagea 
la tranchée avec soin. — Minutes folles d'excitation, 
d'activité immense, sans conscience du danger, 
hypnotisés par la chose à accompUr. 20 

On attendit une contre-attaque, mais la mitrailleuse 
allemande qui fermait le boyau le défendait trop bien 
pour que nul BOche osât s'aventurer par là. Mes 
soldats avaient déjà leurs créneaux, et veillaient, 
l'arme prête à faire feu. 25 

On attendit, et il y eut des fausses alertes. Un 
homme un peu nerveux tire plus rapidement que de 
coutume; son voisin suit son exemple, puis toute 

8. bandes: the ammunition for thèse guns is put up in the 
form of bands or belts. 



96 CARNET DE CAMPAGNE 

Tescouade, puis toute la section — puis toute la com- 
pagnie. Les mitrailleuses crépitent, les secondes 
lignes s'alarment, Tartillerie envoie quelques obus 
et — les Boches d'en face, ahuris de tout ce vacarme, 

5 envoient des fusées éclairantes qui semblent des points 
d'interrogation et qui n'éclairent que les herbes du 
printemps, les fils de fer, et quelques pauvres morts, 
tendus vers la tranchée adverse, conune pour indiquer 
à ceux qui sont derrière, le chemin du devoir. 

10 La contre-attaque ne vint pas, seulement beaucoup 
d'obus. J'ai donné mon bidon de vin à mes prison- 
niers, car en somme ils sont un peu responsables de 
notre avance. Ce n'est rien, 50 mètres de tranchée, et 
pourtant c'est un peu de ta France qu'on a reconquis. 

15 J'ai reçu ma récompense: deux gros paquets et 
neuf lettres. Dans un de ces paquets un gros poisson 
d'avril en chocolat, bourré de bonbons. Je les ai 
partagés entre mes soldats — une façon de les remer- 
cier pour leur belle conduite. Et puis j'ai savouré 

20 les lettres — ô le réconfort des lettres, paroles douces 
d'affection qui viennent nous trouver dans notre vie 
barbare. 

29 mars. Côte 181 — en renforts; des abris creusés 
profondément dans le sol. De l'extrémité nord de 
25 cette colline on voit tout le système de tranchées, 
françaises et allemandes, dans la cuvette de Perthes. 
Jumelle aux yeux, je vais observer ces positions entre 
deux arbustes déchiquetés, des tas de lignes blanches, 
très contorsionnées, très enunêlées, un vrai labjrrinthe. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 97 

De temps en temps quelques panaches noirâtres 
s'élèvent. Les ruines de Perthes, toujours de plus en 
plus lamentables. J'ai été chassé par les obus. 

Toutes les heures, exactement, méthodiquement, 
deux batteries envoient leurs douze obus. On est 5 
prévenu, on sait que cela vient. Quand cela est venu 
on est tranquille pour ime heure. Malheureusement, 
un lieutenant a été tué dans son abri, où im obus lui 
avait fait ime visite peu civile. 

ê 

J'ai eu l'honneur d'être rasé sous la mitraille. Le 10 
coiffeur de la compagnie était occupé à me couper ma 
barbe dg^ifi ux jours ^ quand des obus se mirent à 
tomber pài^ loin de nous. "Continue," lui criai-je. 
La main de mon coiffeur tremblait un peu, mais il ne 
me coupa ni le nez, ni l'oreille. 15 

J'ai découvert un poêle, avec des tuyaux — l'in- 
firmerie, qui n'en voulait plus, l'a simplement jeté. 
Je l'ai fait installer dans mon abri souterrain; il fait 
assez froid. Avec le sapin des bois d'alentour dont 
mon ordonnance le garnit, il me chauffe et me permet 20 
de faire du bon chocolat. 

Il fait froid — pourtant cette nuit il faudra aller 
porter en première ligne des planches et des fils de fer. 
Mais quel excellent thé je me ferai en rentrant! 

30 mars. Cette nuit une violente bourrasque de 25 
neige s'est abattue sur le pays. Cela est dû sans 
doute au déplacement d'air que cause le bombarde- 
ment intense qui n'a de cesse jour ni nuit. 

26. Cela est dû: readers will accept this theory with caution. ' 



98 CARNET DE CAMPAGNE 

Je suis rentré tard, vers trois heures — il a fallu trotter 
beaucoup; les boyaux, buvant la neige, se remirent à 
être boueux. Tabominable boue de Champagne! 

Aujourd'hui on a été bombardé plus que de coutume. 

6 Quelques imprudents étaient allés se promener en 

vue de Tennemi. Naturellement les obus sont tombés. 

On a dès lors défendu aux hommes de sortir des abris. 

Dormi ce matin devant mon poêle ronflant, ce soir 
joué aux cartes. Je me sens devenir animal. Et 
10 pour varier, cette nuit ofi retourne aux tranchées. 

31 mars. Nos derniers jours en Champagne. Il 

paraît que nous irons au repos et changerons de secteur. 

On eût dit que le commandement avait voulu que 

nous pussions, ces derniers jours, nous imprégner 

15 profondément du paysage de cette région désolée. 
Nous sommes en deuxième Ugne, et nous découvrons 
la vue de toutes les tranchées qui furent nôtres depuis 
côte 181. C'est très beau: la neige n'a pas persisté, 
nous avons vue sur les bosquets déchiquetés par la 

20 mitraille, sur tout le labyrinthe des tranchées et boyaux, 
puis Perthes en ruines. J'aperçois aussi, à la jumelle, 
la première tranchée où j'aie été. Je la reconnais à 
certains détails — mais on a bien avancé depuis lors, 
plus d'un kilomètre. 

25 Journée relativement calme — rien à faire, seule- 
ment à soutenir une attaque possible. On dort, on 
lit, on joue aux cartes. 
Les Boches bombardent Perthes et la côte 181. 

10. cette nuit: tonight, Take with retourne. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



100 CARNET DE CAMPAGNE 

Les grosses marmites font jaillir de terre un splendide 
volcan limiineux dans la nuit, ou bien des fusées 
éclatent en nuages noirs au-dessus des boyaux et 
tourbillonnent selon le vent. 

5 Ce qu'il y a de curieux c'est que Ton voit l'explosion 
bien avant d'entendre le coup; d'après le sifflement 
de l'obus on est persuadé qu'il est à peine au-dessus 
de vos têtes, et on le voit éclater au loin. J'ai dû 
expliquer ce phénomène à mes hommes, dont les con- 

10 naissances en acoustique ne sont pas des plus étendues. 

Je viens de voir quelque chose de magnifique et de 

terrible — une attaque allemande en formation serrée 

anéantie en un rien de temps. A l'est, du côté de 

Beauséjour, bombardement intense, puis, dans la 

15 jumelle, on voit des masses grises et gesticulantes qui 
sortent toutes denses — un bataillon au moins. Cette 
attaque a été prise entre deux barrages d'artillerie. 
Le 75 faisant rage a projeté un rideau de feu au-devant 
d'eux, ce qui les empêchait d'avancer, et un rideau de 

20 feu en arrière, et ils ne pouvaient retourner dans leurs 
tranchées. Tous ces hommes furent exterminés: une 
danse aérienne de membres épars, au milieu de la terre 
et de la fumée de l'explosion. C'était horrible et 
enthousiasmant. Le plus curieux, c'est qu'il ne reste 

25 rien sur le sol, ou peu de chose — il semble que ces 
hommes aient été volatilisés. 

Vienne vite la guerre en rase campagne, notre 75 
nous donnera vite la victoire. 
Nos avions gracieusement se promènent dans le 

30 crépuscule — un crépuscule divin, calme. C'est la 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 101 

semaine sainte, des harmonies du grand Jean-Sébastien 
et de Parsifal chantent dans mon âme. 

Jeudi saint. L'ordre est arrivé, nous serons relevés 
ce soir. Nous allons au repos, et puis, dit-on, en ^Isace. 
Je serais si heureux d'aller me battre en terre re- s 
conquise. — 

C'est notre dernier jour de Champagne. Je quitte 
sans regret ce désert désolé où j'ai eu de dures heures, 
et de splendides moments. Mon grand ennui fut 
cette vie de taupes — moi qui aspire toujours à l'action lo 
vaste, à la guerre franche et intense, sus à un ennemi 
que l'on voit. 

Les Boches ont bombardé assez violemment, c'est 
naturel puisque c'est le jeudi saint. Malgré tout, il y 
a quelque chose de religieux dans le calme de ces 15 
jours-ci. La nature est pieuse. Ce soir est superbe: 
les obus éclatent en panaches bruyants et la petite 
église de Perthes chancelle conune si elle allait s'effon- 
drer. Des balles en fin de course miaulent dans les 
créneaux, mais ces bruits troublent peu l'adorable 20 
calme de ce crépuscule. Des alouettes chantent à 
pleine gorge un sublime hynme de vie et de joie au 
milieu de notre désolation. Au loin, des morts, et 
l'affreux cadavre mutilé du village de Perthes. . . . 

1. Jean-Sébastien (Bach). 

2. Parsifal: ''drame musical en trois actes, poème et musique 
de Richard Wagner (1882). C'est la dernière œuvre du célèbre 
compositeur.'' 

8. Jeudi saint: the day before Good Friday. 



Chapitre VIII 

Un mois loin des tranchées. 

Pendant un mois notre vie se passe en marches et 
en séjours plus ou moins prolongés dans divers canton- 
nements de la région de la Meuse. Vie calme, sans 
5 grands incidents; mon journal ne relate que, par-ci, 
par-là, quelques événements intéressants. 

3 avril. Première étape; partis de Cabane-Puits ce 
matin à trois heures, arrivés ici à huit heures. 

Petit village à moitié incendié par les Boches, bar- 

10 barement, quand ils ont dû reculer au moment de la 
bataille de la Marne. Je loge chez une vieille femme 
qui m'a conté longuement leiu^ atrocités. L'égUse 
est écroulée; il paraît qu'ils y avaient enfermé une 
très vieille aïeule qui a été carbonisée. Ce qui frappe 

15 quand on entre dans les ruines de cette église, c'est 
une statue de Jeanne d'Arc, en plâtre, l'épée cassée, 
la figure noircie de fumée, la bannière à demi démolie 
— mais fière, et debout. Émotion grande, vraiment. 

11. bataille de la Marne: September 6, 1914. This battle 
marks the farthest German advance toward Paris in this war. 
See page 15, lines 13 ff. 

16. Jeanne d*Arc: see encyclopedias. "Jeanne d'Arc, per- 
sonifîcation du patriotisme populaire français, qui arracha aux 
Anglais le sol national, est restée la gloire la plus pure de notre 
histoire." The statue referred to in the text was later removed 
to a place of safety. It does not rank high as a work of art. 

102 



D'DN OFFICIER FRANÇAIS 



104 CARNET DE CAMPAGNE 

Quel bel article pour M. Barrés! Cette vierge symbole 
de notre volonté de vaincre, la France meurtrie et 
saignante, mais toujours debout et vaillante et toute 
pleine de foi. Il paraît aussi que la Jeanne d'Arc qui 

5 se dresse sur le parvis de la cathédrale de Reims n'a 
pas été touchée par les obus non plus. 

Serait-ce Tâme de la patrie qui, incarnée en notre 
superbe héroïne, voudrait se manifester ainsi à ses 
défenseurs? 

10 Le bruit court qu'on irait aux Dardanelles. Quel 
bonheur ce serait! J'irais rejoindre mon frère, engagé 
à dix-huit ans, et qui vient de partir avec le Corps 
expéditionnaire. 

6 avril. Depuis trois jours nous marchons. Quel 
15 est l'intérêt de ces marches? Certainement, nous 
n'allons pas combattre immédiatement, car alors on se 
servirait des chemins de fer. Ce n'est pas du repos 
non plus, car des étapes quotidiennes de trente kilo- 
mètres sont assez dures. Et puis nous marchons 
20 en plein jour. Serait-ce pour donner le change à 
l'ennemi et simuler de gros déplacements de troupes? 

1. Barrés: Maurice (1862- ), French writer and poli- 
tician. He received his éducation in the Lycée at Nancy and 
studied law in Paris. He was admitted to the French Academy 
in 1906. 

10. Dardanelles: straits between Europe and Asia Minor 
from the Aegean Sea to the Sea of Marmora. Military opéra- 
tions hère in 1915 by the English and French were intended to 
cause the fall of Constantinople. Thèse opérations were also 
known as the Gallipoli Campaign, so called from the long pen- 
insula north of the Straits. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



106 CARNET DE CAMPAGNE 

Nous avons traversé les riches pâturages du sud de 
rArgonne, et les forêts touffues et profondes, au 
nord desquelles on se bat. Le printemps vient de 
m'apparaitre brusquement dans toutes ces admirables 
6 verdures. La désolation de Champagne, vrai désert, 
avec quelques oasis de sapins mutilés, ne nous avait 
guère avertis du renouveau. Ici c'est du parfum, ce 
sont des fleurs, de la gaieté, du soleil riant, des oiseaux. 
De la gaieté pas partout cependant. Nous avons 

10 traversé maint village en ruines — un surtout, où il 
ne restait plus une maison debout. Et chose étrange, 
une sorte de baraque de bois se dressait à l'entrée du 
village et masquait les ruines. Le chef d'orchestre 
(la musique marchait ce jour-là avec notre bataillon) 

15 selon l'usage fait jouer une marche, et nous défilons 
au pas, l'arme sur l'épaule. On traversa donc glorieuse- 
ment, avec clairons et fanfares, une rue morne, dé- 
chiquetée, de maisons démolies — pas une âme qui 
vive — la ruine et la désolation. Étrange contraste 

20 que cette musique étincelante et ces ruines! Mais 
n'était-ce pas encore un acte de foi — une promesse? 

Généralement, à une heure on fait la grande halte. 
Une cuisine roulante par compagnie fait partie du 
train régimentaire depuis notre départ des tranchées. 

25 En arrivant, assez las en général, nous avons du café 
chaud et de la soupe. Le soir on arrive au cantonne- 
ment, on fait le salut au drapeau, et on s'établit chacun 
dans son quartier. Villages en ruines généralement — 
on ne s'y est pas battu, mais les Boches en partant 

30 ont mis le feu partout. 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 107 

Le lendemain matin, on repart vers huit heures. 
A B.-sur-A. est une merveilleuse église gothique 
très pure de style, et à peu près effondrée. les 
destructeurs de cathédrale! Il me souvient du 
chagrin immense que j'ai eu en apprenant Tincendie de s 
Notre Dame de Reims. C'est depuis ce moment-là 
que j'ai voué une haine infinie aux Allemands. Car 
tuer des hommes, en somme c'est la guerre, et cela 
s'explique si cela ne s'excuse pas. Mais vouloir tuer 
l'âme de toute une époque, l'âme sublime et grandiose lo 
de ce moyen âge qui avait mis toute' sa foi, toutes 
ses aspirations, toute sa vie dans ses cathédrales! 
Les Allemands sont jaloux des splendeurs de notre 
pays, et eux qui n'ont pu élever leurs monu- 
ments gothiques qu'à l'école de la France — car le 15 
gothique est né dans l'île de France — eux qui 
n'ont su que copier, ils veulent être les premiers et les 
maîtres dans l'art de détruire. Et ils savent bien 
que jamais les Français n'useraient de représailles et 

4. de cathédrale: why not cathédrales? >r^ . 

6. Notre Dame de Reims: much has been printed al^ut the 
destruction of the Cathedral at Rheims. 

16. De de France: "pays de Tancienne France (capitale, Paris) 
constitué en province au XV® siècle, et qui est compris dans les 
départements actuels de TAisne, de l'Oise, de la Seine, de Seine- 
et-Oise, de Seine-et-Marne, et d'une partie de la Somme." It 
lies north and east of Paris and extends to the Belgian boundary. 

16. eux is repeated in the ils in the next Une. It is the disjunc- 
tive form of ils. 

17. copier: much has been written about the Germans' 
inability to originate — except as mentioned in the next Une. 



108 CARNET DE CAMPAGNE 

que Nuremberg et la Wartbourg seront debout, après, 
notre victoire. 

9 avril. Au bord de la Meuse entre Verdun et St.- 
Mihiel. 

5 On vient de nous annoncer la prise des Êparges. 
C'est un gros succès, et gros de conséquences, je crois. 
On nous a amenés ici comme armée de renforts, pour 
nous utiliser en cas de besoin. Mais nos camarades 
ont pris la montagne sans nous. 

10 .On se repose — on fait de vagues exercices — je 
suis allé canoter un peu sur la Meuse. La nuit j'aime 
aller sur la hauteur qui domine le village, où l'on voit 
les projecteurs de Verdun qui fouillent le ciel. 

1. Nuremberg [-riihbèïr]: "ville du royaume de Bavière. 
Industrie très active: jouets d'enfants, instruments de musique, 
etc." A much visited town with several churches of linterest, a 
small médiéval fortress, many curious old buildings, and the 
picturesque médiéval wall. 

1. Wartbourg: a médiéval fortress on a hill near Eisenach in 
Thiuringia. In it is the room in which Luther made his transla- 
tion of the Bible. The Wartburg is the property of a petiy local 
' nobleman. 

3. Verdun: a strongly fortified city of northem France near 
the Lorraine boundary. It is now (1918) in ruins. Its success- 
ful défense by the French, Feb.-Mar., 1917, is one of the notable 
military achievements of ail time. The spirit and courage of the 
French in this défense was superb beyond compare. 

3. St. Mihiel: perhaps twenty miles south of Verdun — both 
on the Meuse River. 

5. Éparges: an obscure place southeast of Verdun. It 
appeared again in the despatches of Sept., 1918, as the center of 
the salient taken by the Americans and French. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



110 CARNET DE CAMPAGNE 

Je fais de la musique à l'église tous les jours. ' La 
musique de notre régiment donne un concert tous les 
jours à quatre heures. 

Beaucoup de mouvement, des convois perpétuels, 
£ quelques aéros boches, régulièrement chassés par 
notre artillerie. 

14 avril. On nous promène toujours. Nous allons 
vers le sud. 
Hier cérémonie splendide, la décoration de notre 

10 drapeau. Notre régiment a reçu la Croix d'Honneur 
pour sa conduite en Champagne. Tout le corps 
d'armée fut massé dans une vaste étendue de champs 
incultes. De toutes parts des capotes bleues cou- 
vraient le terrain — c'est très beau. 

15 Les généraux arrivèrent et passèrent sur notre 
front: tous présentaient les armes. Puis les drapeaux 
des régiments s'installèrent côte à côte, avec leur garde 
d'honneur. Trois d'entre eux devaient être décorés 
et se détachaient en avant de ce groupe splendide de 

20 loques chatoyantes qui flottaient triomphalement 
dans le vent. Toutes les musiques à la fois jouèrent 
la Marseillaise. Je ne vis pas beaucoup de choses, 
étant trop loin, mais j'ai bien vu comment le général 
embrassait les drapeaux qui se penchaient vers lui, et 

25 j'ai bien entendu l'immense et formidable hymne 
national que lançaient vers le ciel les musiques et nos 
cœurs. Alors, tout le corps d'armée, baïonnettes et 
sabres au clair, défila. 

16. tous (les soldats). 



D'UN OFFICIEE FRANÇAIS 




CARNET DE CAMPAGNE 

Avec notre glorieux emblème, nous rentrâmes au 
cantonnement. Le colonel nous fit défiler devant lui 
encore, et il nous semblait à tous que quelque chose de 
la gloire de notre drapeau rejaillissait un peu sur nous. 

6 20 avril. Toujours des marches. Printemps — 
repos. Vie assez uniforme. En arrivant dans un 
village, après avoir logé mes troupes, je me mets en 
quête de l'église, et je joue de Tharmonium. C'est 
ma grande joie. 

10 L'autre jour, parade d'exécution. Deux soldats du 
régiment ont été traduits en conseil de guerre pour 
avoir refusé d'aller aux tranchées, et s'être cachés 
pendant que l'on se battait. Ils furent condamnés 
aux travaux forcés. 

16 Le matin donc le régiment se forma en carré: trois 
bataillons formaient trois côtés, les mitrailleuses, le 
corps sanitaire et la musique formaient le quatrième. 
A l'arrivée des condamnés, vêtus du costume marron 
des forçats, tête rasée, sans plus rien de militaire, * le 

20 colonel fit mettre la baïonnette au canon et l'arme sur 
l'épaule. Ils s'avancèrent au milieu du carré formé 
par les troupes, encadrés de quatre soldats baïonnette 
au canon. Les tambours et clairons ouvrirent le ban, 
puis un sergent-major lut l'acte de condamnation. 

25 Le ban fermé, ces deux honmies passèrent sur le front 

10. exécution: from what follows the student can leam the 
exact meaning of the word hère. 

26. ban: '^Roulement de tambour et sonnerie de clairon 
précédant ou suivant une proclamation aux troupes: ouvrir, 
fermer le ban." 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 113 

des troupes — suprême honte pour ceux qui sont 
indignes de porter les armes. Puis on les remit entre 
les mains des gend'armes, et chacun s'en fut chez soi. 

22 avril. Arrivée au bord du canal de la Marne au 
Rhin — au bord duquel, tant de fois, j'avais fait de 6 
belles promenades, près de Nancy. Nous allons nous 
embarquer — pour où? pour l'Alsace? pour les Dar- 
danelles? 

26 avril. Ni en Alsace, ni aux Dardanelles. Le 
mystère était bien gardé: nous ne sûmes où nous allions lo 
que quand nous fûmes arrivés. Dans la Somme, pas 
loin d'Amiens. 

Notre voyage a été long — partis de Bar-le-Duc à 
trois heures du matin, nous avons quitté notre wagon a 
onze heures du soir. Voyage plein d'émotions. Quand is 
vraiment on a vu qu'on tournait le dos à l'Alsace, je 
me suis mis à suivre sur ma carte les embranchements 
nous conduisant vers le sud. Il y en avait deux, on 
les dépassa — on s'en allait vers Paris. Nous avons 

6. Nancy: a city on the Lorraine border, southeast of Verdun. 

7. Alsace: a province of Gennany (1918). It lies north of 
Switzerland between France and the Rhine. Its best known 
city is Strasburg. 

10. ne: pas may be omitted with pouvoir, savoir, cesser, and 
oser. See note to page 61, Une 5. 

11. Somme: a department of France in the Province of 
Picardy, bordering on the English Channel. 

13. voyage: perhaps 150 miles. 

13. Bar-le-Duc: in eastem France, in the vicinity of Nancy 
iuid Verdun. 



114 CARNET DE CAMPAGNE 

suivi le champ de bataille de la Marne: Sézanne, 
la Ferté-Gaucher, la Fère-Champenoise, Coulommiers; 
le long de la voie ferrée, des tranchées, des abris 
individuels, des trous d'obus, et des tombes. Des 

5 tombes partout, ou bien de grands tombeaux en masse, 
ornés de fleurs, d'inscriptions pieuses et multicolores, 
ou bien ce sont des tombes isolées; mais sur toutes, 
les claires couleurs du drapeau tricolore flottent joyeuse- 
ment. Ce sont de véritables champs de drapeaux — 

10 auréole à ceux qui sont morts pour la patrie. 

Rencontré un trstin blindé, manœuvré par des 
fusiUers marins. Les canons ont reçu des noms de 
fenmie: la Joconde, Joséphine. Les marins nous ont 
fait de bons signes à notre passade. 

15 Et puis, vers le crépuscule, ce fut la banlieue pari- 
sienne, avec ses splendeurs adorables, son printemps 
avec tous les arbres en fleurs. Et puis des maisons, 
de vrçdes, grandes, belles, luxueuses; nous aviona 
tant perdu l'habitude d'en voir. Et des femmes qui 

20 souriaient et envoyaient des baisers aux soldats qui 
s'en allaient les défendre. 

Tout près de Paris on s'arrêta deux heures, si près 
que, en omnibus, on aurait pu être à l'Opéra en une 
demi-heure! On resta longtemps, les yeux fixés vers. 

15. parisienne: this troop train was routed through Paris, 
from which city railroads radiate as spokes from a hub. 

23. l'Opéra (Théâtre de): ''superbe monument construit 
à Paris de 1862 à 1874 par Tarchitecte français Charles Gamier. 
Orné de sculptures et de peintures remarquables, cet édifice est 
le plus vaste et le plus beau théâtre du monde." 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 



I 
I 

i 



116 CARNET DE CAMPAGNE 

• 

la capitale — et beaucoup d'entre nous étaient tristes 
d'être si près de quelques êtres chers qui ne s'en dou- 
taient pas. Le clairon du départ m'arracha à mes 
rêveries, et l'on se renfonça dans la nuit. 

5 Â onze heures on débarqua, on marcha jusqu'à 
deux heures environ, et au lever du jour nous étions 
logés. Les ordres étaient arrivés: il ne fallait plus 
sortir en plein jour qu'en se dissimulant le plus pos- 
sible; l'ennemi devait ignorer notre présence. Un 

10 service de siu^eillance très stricte fut organisé contre 
les avions ennemis; des guetteurs s'installèrent sur 
les hauteurs, mimis de jmnelles — à côté d'eux \m 
clairon. Dès qu'im aéroplane était signalé, des coups 
de clairon longs et traînants indiquaient que tous 

15 devaient se cacher. Des coups de clairon brefs in- 
diquaient que le danger était passé. Plusieurs alertes 
des aéros boches allant jeter des bombes sur Amiens 
— quelques avions français. Par mesure de pré- 
caution on sonne le clairon pour toute machine volante, 

îso et les coups brefs de la fin de l'alerte retentissent 
quand l'observation a reconnu sur les ailes les cocardes 
tricolores. 

27 avril. Far niente délicieux. Je suis tel un pacha. 
On ne peut faire aucun mouvement de troupes. C'est 
26 donc le repos absolu, mais on ne s'ennuie pas. Mais 
il va se passer quelque chose d'ici peu, c'est certain. 

23. pacha: "chef militaire ou gouverneur de province en 
Turquie." Hère used metaphorically for ''enthroned in idleness." 



Chapitre IX 

Avant la grande offensive; Artois, 1-8 mai 1915. 

l*' mai. Nous voici près d'Arras, sur le point de 
retourner aux tranchées. 

Nous avons eu un long voyage, pour faire bien peu 
de kilomètres: partis de nuit, bien entendu, et arrivés 5 
de nuit à St.-Pol. Là, au sortir de la gare, nous nous 
sommes trouvés devant un grand train d'autobus qui 
devait nous transporter près du front. C'étaient de 
grands camions de marchandises, très puissants, 
aménagés avec quatre bancs chacim, où vingt hommes lo 
pouvaient tenir aisément. Donc les compagnies à 
la suite les unes des autres se divisèrent en groupes 
de vingt soldats et Ton s'installa. Les officiers avaient 
une auto assez confortable. L'embarquement ne dura 
pas une demi-heure, ce fut merveilleux de célérité. i5 
Puis ce train, qui transportait près de mille honmies, se 
mit en route dans la nuit. Pas ime lumière, tout se 
fit sans que rien transparût. 

Deux heures durant, à toute allure, on fut secoué 
sur les routes défoncées par les innombrables convois 20 
quotidiens. La poussière nous recouvrait littérale- 
ment, quand au petit-jour nous arrivâmes à Agnez-les- 

1. Artois: province at the north of France, capital Arras. 

2. Arras: directly north of Paris near the Belgian border. 
6. St.-Pol: a city in northwestem France. 

19. à toute allure: at a rapid pace, 

117 



118 CARNET DE CAMPAGNE 

Duisans. On descendit d'autobus. Les compagnies 
se reformèrent et on ''cassa la croûte" au bord de la 
route, pendant que les fourriers allaient s'occuper du 
cantonnement. Le nôtre fut assez vaste, et bien 
5 fourni de paille; malheureusement, dans le courant de 
la journée on s'aperçut que cette paille était pleine de 
poux, alors on dut déménager et se loger à Tétroit. 

Ici défense de sortir en groupes. Un service de sur- 
veillance était organisé, comme précédemment. — Nous 

10 vîmes à cette place la manœuvre d'une "saucisse," 
ballons captifs qui sont formés et lestés de façon à ne 
point tourner sans cesse au gré des vents comme les 
ballons sphériques. 

Notre "popote" est bien installée. Mon collègue 

15 R. s'occupe toujours de découvrir une installation 
propice, et il a la main heureuse. 

C'est demain que nous retournons aux tranchées. 
Il parait qu'il y a de gros mouvements de troupes dans 
la région. C'est donc ici qu'aura lieu le "grand 

20 coup." 

3 mai. Voilà donc reprise la vie de guerre: nous 
sommes aux tranchées depuis cette nuit. Bien que 
nous ayons un peu perdu l'habitude des obus et des 
balles, on a fait bonne contenance quand même. 
25 Mais quel changement avec la Champagne! Ici c'est 
très bien, presque luxueuse. Et le secteur est calme, 
calme, à peine quelques coups de canon de temps en 
temps, histoire de se faire savoir qu'on est toujoiu^ là. 

9. précédemment: see page 116, Unes 10-15. 



DTN OFFICIER FRANÇAIS HQ 

Voici la disposition de remplacement de ma com- 
pagnie: 

Sur les quatre sections, il y en a deux qui sont en 
première ligne, deux autres dans les tranchées de 
doublement. Au milieu des deux pelotons se trouve s 
le capitaine, dans un abri puissamment protégé, et, à 
côté, le téléphone. En avant de la tranchée sont 
deux postes d'écoute où quatre hommes et un caporal 
perpétuellement veillent, protégés par un filet contre 
les grenades de l'ennemi. Je suis dans une des deux lo 
tranchées en première ligne^ environ à 8ff^ de la 
position allemande. 

Cette tranchée est magnifiquement installée. Il 
y a une sorte d'escalier qui sert à la fois pour s'asseoir 
et pour tirer; le tireur monte sur cette marche et tire i6 
à travers un créneau perfectionné, large du côté français, 
très étroit du côté allemand, de façon à ce que l'on 
puisse tirer conmiodément et à ce que les Boches ne 
puissent pas repérer facilement le tireur. Elle est 
profonde de deux mètres et demi environ, et de 20 
grands et profonds abris individuels, sortes de ruches 
où l'on peut tenir conmiodément, sont creusés dans 
la paroi. 

Il y a deux mines qui s'enfoncent vers l'ennemi. Je 
me propose d'y aller. ^ 25 

Mon abri — on y a accès par un boyau tire-bouchonné 
—est à deux étages: la chambre, avec une grande 
couchette en terre, recouverte de paille, et quelques 
planches servant d'étagères. Au-dessous, à huit ou 
dix mètres de profondeur, une cave contenant des aa 



120 CARNET DE CAMPAGNE 

cartouches et des grenades. (Il y a d'ailleurs un 
dépôt de munitions près du capitaine.) 

Les hommes aussi sont assez bien logés: chacun a 
son trou, qu'il agrandit ou aménage selon son bon 

5 plaisir. D'aillem^, en cas de gros bombardement, il 

y a possibiUté de se réfugier dans les galeries des mines. 

Enfin deux mitrailleuses, parfaitement abritées, gardent 

sans cesse le terrain qui nous sépare des Boches. 

Et puis, quel changement avec Perthes! Il y a des 

10 tonneaux d'eau dans la tranchée. Des corvées quo- 
tidiennes vont jusqu'au puits, pas très loin en arrière, 
et sans cesse nous pouvons nous désaltérer à nos ton- 
neaux. Pour les tenir au frais on les a enfouis pro- 
fondément. De plus, dans la tranchée il y a un grand 

16 nombre de hémisphères dont l'utilité nous a été ap- 
prise par un ordre du jour. De nombreuses blessures 
ayant lieu à la tête, on a décidé d'adopter un casque 
pour l'armée française. En attendant, ces hémi- 
sphères peuvent être placées dans le képi pour protéger 

20 la tête: j'essayai, c'était bien lourd, je me promis 
cependant d'en user à l'occasion. Et nos poilus 
ingénieux les utilisent diversement: ils servent de 
vide-poches, ils contiennent les cartouches que tout 
homme doit avoir près de lui sans cesse au créneau, à 

25 l'abri de la boue qui gêne et gâte le fusil. Et moi-même, 

je m'en suis servi de cuvette, car j'ai volé un peu de 

J'eau réservée à la boisson, pour me débarbouiller. 

'• Bien que ce secteur fût calme, je n'ai pas dormi. 

Les ordres étaient qu'un homme sur deux avaient le 

ao droit de se reposer, la disposition des tranchées ne 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 121 

permettant pas de prendre une demi-section pendant 
certain temps, puis l'autre après: cela aurait demandé 
des déplacements inutiles. J'ai préféré accoupler les 
hommes selon le vieux principe du "camarade de 
combat," et de ces deux hommes, il devait y en avoir s 
toujours im à veiller. De la sorte, ils s'arrangeaient 
entre eux à l'aimable, le moins fatigué veillait plus 
longtemps, l'autre se reposait à loisir. 

J'aime bien laisser une certaine Uberté, ime certaine 
initiative à mes soldats: ils en sont très contents, et lo 
le service est bien mieux fait. Durant la nuit on tire 
beaucoup. Ce système gêne les travailleurs allemands, 
ou lem^ patrouilles, et tient les hommes à l'abri de 
l'engourdissement. 

Toutes les douze heures, à onze heures et à vingt- 15 
trois heures, on cesse tout bruit pendant cinq minutes, 
le tir est suspendu, on a ordre de rester immobile, 
l'artillerie elle-même est silencieuse, ceci de façon à 
permettre aux écouteurs des mines de se rendre compte 
des mouvements souterrains de l'ennemi, et aux 20 
observateurs de faire les remarques plus aisément. 

Je suis allé au poste d'écoute. Il est à 60°^ des 
tranchées allemandes. On ne peut guère regarder que 
par périscope. D'ailleurs le paysage n'est que peu 
varié — comme en Champagne, des fils de fer, des 25 
Ugnes grises, peu de morts entre les Hgnes, mais 
l'herbe qui croît vivace et forte. Devant le poste 
d'écoute se trouve une mine. Si le poste était attaqué, 
il sufl^ait d'allmner im cordon bickford, et la terre 
sauterait à 20™ en avant. ao 



122 CARNET DE CAMPAGNE 

Donc secteur parfaitement propre, confortable, 
calme. On ne travaille guère que la nuit, et encore 
bien peu. 

A midi nous allons dans la tranchée de doublement. 

5 Soir. Je suis dans cette seconde ligne — abris 
profonds, bien protégés — de vraies caves pourvues 
abondamment de paille. J'ai dormi un peu. Notre 
dîner nous est apporté chez le capitaine. Un réchaud 
nous permet d'avoir d'excellents repas. Les hommes 

10 sont bien traités aussi: les commimications avec les 
cuisines sont plus aisées qu'en Champagne. 

On nous a téléphoné de bien veiller — que les 
Allemands pourraient bien nous attaquer. Il paraît 
qu'ils ont lancé aux Anglais des proclamations se 

16 terminant toutes par "A quand l'attaque française?" 
Ils s'attendent donc à être attaqués et peut-être vont- 
ils prévenir notre offensive. Alors, en cas de besoin, 
je devrais me poster en première ligne avec mes hommes. 
La marche fut réglée par avance. A cinq heures il y 

20 eut ime sorte de branle-bas de combat — sorte de fausse 
alerte combinée. Vite les deux demi-sections se 
rendirent en première ligne, se placèrent à leur poste 
de combat et regagnèrent leurs abris. 

Cette nuit il faudra ouvrir l'œil et l'oreille, et tous 

-25 les officiers feront des rondes — pour ma part, à neuf 
heures et à deux heures. 

4 mai. Cette Auit, deux fausses alertes. . L'affole- 
ment d'un soldat qui croit entendre des bruits suspects. 



D'UN OFFICIER FEANgAIS 



I 
I 



124 CARNET DE CAMPAGNE 

qui tire frénétiquement — et voilà un vacarme infernal 
qui se produit. 

\ Dans mes rondes j'ai parcouru tout l'espace de la 
compagnie. De temps en temps, un éclair de ma 

6 lampe électrique me montrait le chemin dans les 
boyaux déserts — tout le monde était à son poste — 
Tennemi pouvait attaquer. A vrai dire, pas un obus 
ne tomba chez nous — jamais les Boches n'avaient 
été plus calmes. 

10 Aujourd'hui il pleut, et je vois avec gros ennui que 
la terre d'Artois se détrempe facilement aussi. N'ayant 
rien à faire, j'ai demandé à l'officier du génie de m'auto- 
riser à descendre dans la mine. Il me le permit avec 
empressement. Je suis donc avec lui descendu dans 

15 la galerie, parfaitement étabUe, soutenue avec de 
grosses planches, car la terre friable pourrait obstruer 
ce peu large espace. On est obHgé de ramper, et j'ai 
rampé très longtemps pour arriver enfin à l'extrémité. 
C'était le poste d'écoute. Deux hommes veillaient 

20 là, l'oreille contre la paroi, éclairés par une bougie 
jaunâtre. Nous étions sous la tranchée allemande. 
En écoutant bien j'entendis des bruits de voix, rumeur 
assourdie, mais je ne pus distinguer de son précis. 
J'aurais été heureux de comprendre ce que disaient 

26 ceux qui, dans peu de jours, allaient sauter. Car 
cette extrémité de la mine était plus vaste, on la 
chargerait de cheddite, et à l'heure voulue, une étincelle 
électrique enverrait la tranchée et ses habitants 
exécuter ime voltige dans les airs. Malgré tout, on 

30 ne se sent pas extrêmement à l'aise sous cette terre; 





D'UN OFFICIER FRANÇAIS 125 

Tair y est assez étouffant, et je fus heureux, après 
avoir rampé longtemps encore, de mê retrouver dans 
le plein air. 

Autre chose — on redoute les gaz asphyxiants 
boches. On nous a distribué des masques horribles — s 
des lunettes, ime espèce de hure ou de groin de porc 
en caoutchouc contenant une solution ammoniacale. 
On a l'air d'animaux farouches, et dès que j'ai reçu le 
mien, pour amuser mes poilus, je m'en suis serti. Ils 
ont failli mourir de rire. lo 

Mais la vie en général est calme, trop calme. Je 
lis Anna Karénine que j'ai reçue cette nuit dans un 
colis, et je fume de multiples pipes. Les hommes 
font des bagues en aluminimn — dès qu'un obus 
arrive, les voilà en quête de la fusée qu'ils ouvragent 15 
de façon assez artistique. Plusieurs de mes soldats 
m'en ont donné. Car mes relations avec mes poilus 
sont toujours très cordiales. Souventefois j'ai, avec 
un peu d'argent pris sur ma solde, acheté pour eux du 
vin ou im dessert supplémentaire. Et puis ils ont 20 
leurs lettres les premiers de tous. Elles arrivent vers 
minuit, avec la corvée d'ordinaire. Je suis toujours 
là et je prends avec ma correspondance celle de mes 
hommes. C'est im des grands bonheurs de la journée 
— alors pourquoi le leur différer? Il est vrai que 25 
c'est à cause du plaisir personnel que j'éprouve, que 
je tiens à le leur faire partager. Et même ceux qui 
n'ont pas de lumière, je les autorise à venir dans ma 

12. Anna Karknine: Anna Karenina, a story by Tolstoy 
(1877). 



126 CARNET DE CAMPAGNE 

"guitoune" toujours éclairée. Et aussi ces braves 
gens ne reçoivent pas un colis sans m'en faire part. 
Il faut que je goûte à ce qu'ils reçoivent — bonbons, 
gâteries, cigarettes. Mais je sais le leur rendre. 
6 J'ai, je crois, mes hommes bien en main. J'en 
pourrai faire quelque chose de bien au moment voulu. 

6 mai. Â midi, retour aux premières lignes. La 
journée dès lors fut bien plus agitée. 
On a décidé, pour les offensives futures, de dénoter 

10 ks sections d'attaque d'un fanion rouge et blanc qui 
servirait à faire des signaux à l'artillerie et marquerait 
toujoiu*s les premières lignes françaises au cours des 
avances, pour que lAartillerie ne risque pas d'arroser 
i^ compatriotes. Jiujourd'hui on a téléphoné l'ordre 

ïé de hisser ces fanions à nos premières lignes, pour que 
notre artillerie, nouvellement arrivée comme nous, 
puisse repérer parfaitement les positions ennemies. 
A deux heures donc on plaça ces fanions. L'étonne- 
ment des Boches se manifesta aussitôt par des rafales 

20 de coups de fusil qui firent de ces étoffes vulgaires des 
trophées glorieux. Mais c'est notre artillerie qui s'en 
donna à cœur joie dès lors. Nous avions mission 
d'observer le tir et d'indiquer téléphoniquement les 
rectifications. Un à un, avec une précision mathé- 

25 matique, les obus de. gros calibre s'abattirent sur les 
positions allemandes. On réglait le tir par la méthode 
de la fourchette — un obus devant, un obus derrière, 
et le troisième coup tapait juste. Il devait y avoir 

21. s'en donna à cœur joie: tumed loose. 



DTJN OinCIER FRANCAK 



128 CARNET DE CAMPAGNE 

un nombre formidable de batteries, car trois heures 
durant, sans discontinuer, les obus tombèrent, tombè- 
rent sans trêve sur la tranchée boche. 
Cependant les amis d'en face manifestèrent leur 

5 mauvaise hmneur, bien compréhensible, par quelques 
rafales, de petits 77 anodins qui firent grand plaisir 
aux fabriquants de bagues. On les entendait venir 
très distinctement: d'abord les six coups de la batterie, 
puis un siflOiement, enfin les détonations, assez peu 

10 effrayantes. J'étais au milieu de ma tranchée, armé 
d'un périscope. Quelques obus ne tombèrent pas loin. 
Un autre stupide obus s'amusa à obstruer le boyau qui 
conduisit à ma "guitoune." Des sacs de sable furent 
renversés et il fallut plus d'une demi-heure de travail 

15 pour que je pusse rentrer chez moi. Mes affaires 
n'avaient en rien souffert. Cependant, à un certain 
moment, les obus â culot bleu plurent très dru; deux 
ou trois sur le parapet de la tranchée firent voler en 
éclats quelques créneaux. Des mitrailleurs qui jouaient 

20 aux cartes près de leur pièce, fermaient leur abri par 
une toile de tente. C'est une chose que j'ai observée 
souvent et qui montre que l'honmie est quelquefois 
un peu autruche. Il semble qu'on soit en sûreté 
derrière l'abri le plus minime qui nous empêche de 

25 voir le danger — une haie, un talus de planches, une 
toile de tente vous donnent l'illusion de la sécurité 
absolue. Le raisonnement s'indigne, mais en vain, 
car allez donc raisonner avec des impressions tout 
animales! 

6. de petits (obus) 77. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 129 

Et donc le secteur, qui semblait dormir lors de notre 
arrivée, s'est joliment bien réveillé. Tout laisse 
présumer une offensive. J'espère bien que nous 
serons de la partie. 

6 mai. Nuit calme — les Boches ont semblé inexis- 5 
tants, notre artillerie s'est tue. Moi, j'ai veillé quand 
même. La responsabilité est trop grande et m'empêche . 
de dormir. 

Il pleut bêtement. Il y a de l'eau au fond de la 
tranchée, et c'est un bain de pieds peu drôle quand on 10 
se déplace. 

Malgré tout, les avions montrent une grande activité 
— depuis ce matin nous avons eu la joie d'admirer plu- 
sieurs reconnaissances; les aéroplanes furent bien 
bombardés, mais en vain. 15 

Leurs vols ont dû être efficaces, car à peine étaient-ils 
rentrés que notre artillerie s'est mise à cracher terrible- 
ment sur les tranchées allemandes. Pas de rafales, 
mais im tir lent, continu, méthodique, et qui devait 
faire bien du mal. De la seconde ligne partaient 20 
deux de ces obus à ailettes, "choux-fleurs," dont nous 
avons fait connaissance en Champagne. On les 
voit bondir, pas très haut, puis hésiter et fondre enfin 
sur les Boches. Un bruit sourd qui fait trembler 
jusqu'à notre tranchée, et une trombe de fumée noire 25 
s'élève et flotte quelque temps. Ces engins-là font 
du bon travail, paraît-il. ï)u reste, dans les secteurs 
où j'ai été, la supériorité de notre artillerie s'affirme 
de jour en jour. 



130 CARNET DE CAMPAGNE 

Après dîner on nous a téléphoné: "Quels sont les 
points que les chefs des différentes sections désireraient 
voir particulièrement battus par l'artillerie en cas 
d'attaque?" 

5 Je demandai la collaboration de tous mes hommes. 

Je leur fis expliquer par leurs caporaux à quelles signes 

on peut reconnaître les emplacements des mitrailleuses. 

. Moi-même, je m'armai de ma jumelle et à travers les 

créneaux j'observai très longuement tous les points de 

10 la tranchée allemande. J'allai au poste d'écoute et à 
l'aide d'im périscope très perfectionné, permettant de 
voir par-dessus la tranchée et grossissant l'image, je 
sondai la position boche. Au bout de plus d'une 
heure de travail, utilisant les observations de mes 

15 hommes, je pus établir à peu près indiscutablement la 
position de quatre mitrailleuses; mieux protégées, 
créneaux plus larges, sacs de sable en plus grande 
quantité et disposés avec plus de soin. J'indiquai 
sur le plan des tranchées qui nous avait été com- 

20 muniqué l'emplacement exact des points à battre, et 
le document, suivant les voies hiérarchiques, parvint à 
l'artillerie. 

Puis on s'amusa un peu. La pluie ayant cessé, 
j'allai trouver deux de mes meilleurs tireurs et leur ' 

25 proposai un concours. Car c'est très amusant de 
faire ainsi un match de tir. L'objectif est un créneau 
boche, c'est-à-dire une grande plaque de métal blindé. 
Si la balle touche, on entend un son métallique et le 
bourdonnement du ricochet. J'ai fait un bon tir, 

30 mais je n'ai placé que neuf balles sur dix, tandis que 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 131 

j'ai été vaincu par P., lequel les a toutes mises. Il a 
eu pour prix un paquet de cigarettes. 

Tout le monde est de bonne humeur aujourd'hui. 
Les conversations vont leur train. Quelques poilus 
jouent aux dames, aux cartes. Un autre, tout heureux 6 
d'avoir reçu un accordéon, joue des rengaines populaires 
que tout le monde reprend en chœur. C'est très gai, 
vraiment. 

Ce soir nous allons en seconde ligne dans les abris 
blindés; trois compagnies sur les quatre de notre lo 
bataillon sont aux tranchées de combat, une est en 
réserve. Et c'est à nous d'y aller maintenant. 

7 mai. Nous sommes dans de merveilleux abris où 
nous bravons tous les "marmitages" — même les 420. 
Derrière la tranchée de seconde ligne sont enfouis des is 
galeries-abris où l'on accède par de grands escaliers. 
Ils sont entourés d'une sorte de fosse qui sert de cour 
et sur lequel donnent les entrées; ce sont quatre vastes 
tunnels creusés à quinze mètres sous terre, larges, 
confortables, étayés de gros madriers et tapissés de 20 
planches par le génie, longs de trente mètres, larges et 
hauts de trois. De la paille, des sacs pour oreillers, 
éclairage avec des bougies. On y est tranquille à 
tous les points de vue. Dans la cour, du matériel, des 
grenades, des fils de fer, des obus de tranchée et des 25 
tonneaux d'eau. Nous les officiers, nous avons une 
' cave spéciale, deux compartiments, une salle et une 
chambre. La salle est meublée d'une immense 

14. 420: see note to page 31, Une 13. 



132 CARNET DE CAMPAGNE 

cheminée, d'une vaste table et de quelques tabourets. 
Quelques dessins de la "Vie Parisienne" au mur, une 
superbe lampe. La chambre est plus fruste: un espace 
couvert de paille épaisse où l'on dormira bien. 

5 La journée s'est passée en corvée, on a porté aux 

premières Ugnes beaucoup de grenades, des fils de fer, 

et des échelles en bois bleu, à quatre échelons. Cela 

sent l'attaque très sérieusement. 

J'ai parcouru le secteur entier et j'ai acquis une idée 

10 bien précise de ce qu'est une position défensive. 

Je me suis amusé à manœuvrer un petit canon de 
37°"" en seconde ligne. Un obus minuscule, mais très 
méchant, paraît-il, avec une très johe douille en cuivre 
dont j'ai envoyé deux à la marraine. 

15 L'artillerie française tape toujours très dur; la boche 
bombarde aussi nos lignes, mais nous nous moquons de 
leur 225 dans nos forteresses. 

Soir. Ça y est — la grande offensive va être enfin 
déclanchée sur une vaste envergure. Dans toutes les 

20 Flandres on va tenter de percer le front boche. On va 

tenter de sortir de ces tranchées maudites, pour se 

battre superbement, face à face. Alors nous serons 

vainqueurs. 

Vers cinq heures donc, comme nous allions nous 

25 mettre à table, j'ai été appelé chez le conmiandant 
avec les autres officiers. Là les ordres nous furent 
transmis. Le lendemain 8 mai, nous devions, à une 
heure non encore fixée, attaquer de concert avec tous 
les réghnents des neuf corps d'armée massés dans la 



y 



D'UN OFFICIEB FRANÇAIS 



CopvrieU InUrnatùmal FUm Senice 

Nous LE9 0PFICIER8, Nou3 Avom Unb CJlVE Spéciai£ 



134 CARNET DE CAMPAGNE 

région. Il fallait aller de l'avant, sauter par-dessus 
les tranchées boches que Tartillerie aurait auparavant 
bouleversées, et ne s'arrêter qu'au ravin que l'on aperce- 
vrait à la jumelle, à 800™ des premières lignes. On 

5 consulta les cartes, chacun s'assura de son but exact. 
Ma compagnie devait marcher en tête tout entière 
déployée et amorcer le mouvement. Le conmiandant 
alors nous serra la main à tous et nous dit qu'il 
comptait que chacun ferait son devoir. 

10 Je retournai auprès de mes soldats assurer les 

préparatifs. Chaque homme devait avoir deux cents 

cartouches, six grenades et trois jours de vivres, et 

devait placer sa couverture en sautoir. 

Je m'assurai de toutes choses et dis à mes poilus 

16 combien je comptais sur leur courage. Je leur dis 
que la préparation d'artillerie serait formidable, que 
nous trouverions le chemin tout frayé devant nous et 
que puisque nous avions l'honneur de marcher les 
premiers, nous saurions nous en montrer dignes, et 

20 donner l'exemple. Et alors tous spontanément nous 
chantâmes la Marseillaise, unis tous devant le danger 
et devant le devoir. 

Puis chacun fit ses préparatifs. Mais pendant que 
je consultais le plan des positions allemandes avec 

25 mes collègues, l'homme de liaison arriva et annonça 
que tous les ordres étaient annulés. 

Sentiment de malaise et dissatisfaction. On s'était 
fait à l'idée de la grande attaque et tout le monde 
souhaitait que ce fût le plus tôt possible. Malgré 

ao tout, chacun pensait im peu comme ce mauvais 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 136 

plaisant qui disait: ** C'est bien, ça nous fait un jour 
de plus à vivre." 

On compte bien en sortir. J'en ^uis sûr pour ma 
part, mais il y a quand même un sentiment d'angoisse 
devant le danger. Nous avons entamé un beau poker, s 
J'ai perdu. J'aurai de la chance donc. 

Je suis las. Mes collègues dorment depuis long- 
temps. Je vais les imiter. Sourdement, lourdement 
gronde notre lourde artillerie. 

8 mai. C'est pour cette nuit, nous devons aller lo 
prendre position en première ligne à deux heures 
du matin. L'heure de l'attaque n'est pas encore fixée. 

J'ai écrit beaucoup de lettres. Jusqu'à ce jour les 
attaques que j'ai faites étaient improvisées ou presque; 
celle-ci est prévue, discutée d'avance, et elle est pleine is 
de gros espoirs, mais d'un peu d'émotion. J'ai été 
peut-être ému dans certaines lettres. Maintenant les 
adieux sont faits. Je n'ai pas voulu dire à maman. 
Je lui ai dit que l'on annonçait de nouveaux mouve- 
ments de troupes, qu'elle ne s'inquiète pas si elle ne 20 
reçoit rien de quelque temps. Mais j'ai dit la vérité 
à ma fidèle marraine et à mon vieil ami. 

Maintenant mes adieux sont faits. Je ne suis plus 
qu'un soldat, et un soldat enthousiaste de son rôle et 
de sa mission, plein de foi dans la victoire. Et si je 25 
meurs, si ces lignes sont les dernières que j'écris, je 
veux qu'elles soient VIVE — VIVE LA FRANCE! 

Dix heures du soir, 8 mai 1915, 



Chapitbe X 

L'attaque; la blessure. 

9 juin. Dans le calme silencieux d'une petite 
chambre d'hôpital, près d'une fenêtre où les aubépines 
blanches et roses font un rideau parfumé et si pacifique, 

5 je vais évoquer le cauchemar d'il y a un mois et 
terminer le journal de ma première campagne. 

En relisant les pages précédentes, l'enthousiasme que 
j'avais renaît en moi et les souffrances de ma blessure 
ne sauraient en effacer l'intensité. Mais par contre, 

10 l'horreur des heures terribles de ce 9 mai a été atténuée 

par l'atmosphère douce et apaisante et souriante de 

cet hôpital tout blanc. — Le récit que je vais faire sera 

pourtant historique. 

Donc dans cette veillée des armes, j'ai pu dormir de 

16 bon cœur. — Nous ne devions partir pour les pre- 
mières lignes qu'à trois heures du matin. Mais dès 
minuit nous étions éveillés par la sourde rumeur du 
bombardement qui commençait. Dès lors on fut sur 
pied, et bien avant l'heure tout le monde était prêt. 

20 L'ordre de se mettre en route arriva enfin; et lentement, 
un par un, sans être inquiétés, avec au-dessus de nos 
têtes le siflBement de nos gros obus qui nous précédaient 
là-bas chez les Boches, nous suivîmes les boyaux 
nocturnes et arrivâmes en première ligne. Là chacun 

25 s'installa pour passer le plus commodément possible 
les longues heures de l'attente. 

136 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 137 

Le jour peu à peu se leva, éclairant à travers nos 
créneaux la ligne grise des tranchées que nous devions 
prendre, et de nombreux volcans que nos obus y 
faisaient brusquement surgir. Régulièrement, presque 
mathématiquement, nos lourdes ** marmites" s'abat- 5 
talent sur les ennemis, démolissant leurs abris, dé- 
chiquetant leurs réseaux de fils de fer et fracassant 
leurs tranchées. 

Entre-temps le café arriva, mêlé d'un peu d'eau-de- 
vie, et il fut le bienvenu dans la fraîcheur de cette 10 
aurore. 

J'allai auprès de chacun de mes honmies et m'assurai 
de leur moral. Je les connaissais bien, mes soldats. 
Je savais un peu leur vie et leurs secrets, et à ce moment 
je parlai à chacun de ce qui lui devait tenir à cœur. 15 
Je devinais leurs pensées présentes, et je tâchai de 
leur communiquer toute la confiance que j'avais, et à 
force de clamer que j'étais plein de confiance et de 
joie, je finis par le devenir tout à fait, et l'émotion qui, 
dans le fond de mon cœur, mettait une nuance de 20 
tristesse, se dissipa bien vite. 

Cependant le bombardement continuait toujours et 
son intensité croissait; il était sept heures à ce moment. 
Quelques officiers d'artillerie vinrent dans ma tranchée 
pour régler le tir d'efficacité qui doit triompher de 25 
tous les obstacles extérieurs — fils de fer, chevaux de 
frise, etc. — et niveler les tranchées adverses. Le 
poste d'écoute était loin du téléphone, et les soldats 
un à un répétaient jusqu'au téléphone les indications 
ou rectifications que donnaient les officiers. Au bout 9o 



138 CARNET DE CAMPAGNE 

de peu de temps tout était réglé et la tempête com- 
mença. 

Il est impossible de se faire une idée de l'efifroyable 
vacarme que représente un tir d'eflBicacité; les canons 

5 de tous les calibres, depuis de canon-révolver jusqu'aux 
plus grosses pièces, crachent leurs obus avec leur maxi- 
mvun de rapidité, et les obus tombent aussi vite que 
les roulements d'un tambour, aussi vite que la pluie 
dans une averse. 

10 C'est au milieu de cette tempête qu'arriva le général 
de brigade. Il me dit quelques mots, je l'assurai 
que j'étais sûr de ines soldats autant que de moi-même. 
Il parut satisfait; il me donna l'heure de l'assaut, dix 
heures. 

16 Dix heures! chacun regarde à sa montre: il est neuf 
heures — dans une heure alors — et un certain malaise 
passa, vite dissipé. Mais les dernières minutes sont 
grosses d'émotions: on regarde la photo des êtres que 
l'on aime, on relit une dernière lettre de la maman ou 

20 de la fiancée. Un de mes soldats lit sa messe dans 
son abri — car c'est dimanche. 

Dix heures moins cinq. Je m'installe près de mon 
échelle. Dans ces derniers instants les pensées vont 
vite, et dansent une ronde effrénée. Cette échelle 

25 représente un peu le destin pour nous: dans la tranchée, 
c'est la sécurité relative — que va-t-il advenir de nous, 
là-haut, au sommet de cet échelon? Mais personne 
ne songe à hésiter: il semble qu'on va être happé par 
une force inconnue et sublime. 

30 Je prends mon revolver à la main et quelques 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 139 

grenades. Dix heures moins une: à ce moment une 
détonation sourde qui nous fait tous trembler sur nos 
pieds — la terre est secouée — ce sont nos mines qui 
éclatent. C'est le moment: "Attention, eriai-je. En 
avant, mes petits, et Vive la France." 5 

Et criant, hurlant plutôt ce salut à la patrie répété 
par toutes les bouches, je m'élançai sur l'échelle, 
suivi de tous mes soldats. 

Dès lors je fus emporté par la grande ivresse de 
l'action. Au milieu des balles qui cinglaient je courais, 10 
gesticulant et criant. Je ne voyais pas, je sentais 
plutôt mes hommes tout près de moi, courant à ma 
hauteur, et fascinés comme moi par la griserie de 
l'assaut. Devant la première tranchée allemande on 
lança quelques grenades — mais rien n'y vivait plus: 16 
confusément, dans mon élan, je vis un amas de décom- 
bres et de cadavres; le bombardement avait presque 
nivelé la tranchée. De l'avant, toujours de l'avant on 
courait à perdre haleine, emporté par le tourbillon de 
courir, et de coiuir à la victoire — de courir sur ces ter- 20 
rains que l'on avait la joie in^e de rendre à la France. 

J'allais, inconscient de ceux qui tombaient, tout à la 
joie de l'action^ — dans un moment d'où l'intelligence 
semblait bannie. 

Cependant, dès la deuxième tranchée, je m'aperçus 25 
combien nos rangs étaient éclaircis, et nous nous 
précipitâmes dans la troisième tranchée allemande. 
Là, corps à corps furieux. Je déchargeai mon revolver, 
presque par un mouvement réflexe, sur un officier qui 

18. hauteur: applies to distance hère and page 140, Une 1. 



140 CARNET DE CAMPAGNE 

me visait. A ce moment arrivait à notre hauteur la 
deuxième vague d'assaut, et je décidai vite de nous 
fondre en elle et de continuer à aller de Pavant. J'étais 
tout suant et sanglant — du sang du Boche que j'avais 

6 tué — mais plein d'une ardeur folle. Et je me pré- 
cipitai vers la quatrième tranchée boche, la dernière 
à prendre avant d'arriver au but. J'étais hypnotisé 
par cette tranchée qui semblait accourir au-devant de 
nous. Je la voulais, je la possédais d'avance — et 

10 j'arrivais tout haletant sur les Boches que je voyais 
à mi-corps dans le3 brèches que notre artillerie avait 
ouvertes dans leur tranchée. 

Brusquement je fus par terre, seul — avec audessus 
de la tête des siflBements de balles précipités — et tout 

15 près, le ronflement significatif d'une mitrailleuse. 

Un peu hébété d'abord, je me soulevai et je sentis 
que mon bras droit se mouvait de façon étrange et 
douloureuse — ma capote était pleine de sang — mon 
bras pendait inerte. Je me tâtai, j'essayai de com- 

20 prendre — blessé, oui, mais les autres? Je soulevai la 
tête, une balle frappa la Ijerre tout près. Je retombai, 
mais j'avais eu le temps de voir: personne devant moi, 
derrière moi personne, autour de moi, des cadavres. 
J'étais seul, et à dix pas de la tranchée boche. Je 

26 voyais mouvoir quelques ennemis. Je dénouai mon 
revolver qui pendait à mon bras inerte. Mais à quoi 
bon viser? De la main gauche je manquerais et je 
me ferais achever. 

11. à mi-corps: visible ordy from the waist up, They were 
standing in shallow trenches. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 141 

Avancer était impossible — reculer également im- 
possible. Je savais trop que les Boches ont coutume 
de tirer sur les blessés, et d'ailleurs la tranchée fran- 
çaise était trop loin. Le moindre mouvement serait 
ma mort. 5 

Formidable, le croisement des balles sur ma tête 
bourdonnait sans cesse. Il me semblait que vraiment 
je ne pourrais pas m'échapper de là, et passif, résigné, 
je m'aplatis contre le sol le plus possible, et demeurai 
immobile. 10 

Mais cela ne pouvait durer longtemps. Si je ne 
m'abritais pas, une de ces balles m'atteindrait. Près 
de moi, à quelques mètres, une surélévation de terrain 
indiquait une cavité possible. Avec grandes pré- 
cautions, sans mouvements apparents, je m'y traînai, is 
— joie, c'était un gros entonnoir d'une mine alle- 
mande qui abritait une dizaine de blessés. Un effort 
encore et j'allais me trouver parmi eux, j'allais me 
trouver à l'abri. La cavité était très profonde, cinq ou 
six mètres peut-être, et assez évasée — quelques morts 20 
prostrés contre les parois, pauvres hommes atteints 
au moment où, conmie moi, ils voyaient le salut dans 
ce trou. 

Je reconnus trois de mes soldats. L'un blessé à 
la cuisse faisait son pansement à l'aide d'un de ses 25 
camarades. Quand ce fut fini, il coupa, pieusement, 
plein de précautions, la manche de ma capote, puis 
celle de ma vareuse, puis ma chemise, et versa sur la 
plaie — le coude était traversé de part en part — un 
peu de teinture d'iode. Puis il m'entoura la blessure ao 



142 CARNET DE CAMPAGNE 

du paquet de pansement que tout soldat doit avoir 
toujours sur lui, et me fit une écharpe avec un morceau 
de toile de tente. Le capitaine de la compagnie qui 
marchait derrière nous était là, tout près, Tair accablé, 

6 rageant comme nous tous d'être dans cette situation 
stupide et terrible. 

Au-dessus de nous les deux partis échangeaient des 
volées de balles — les mitrailleuses crépitaient sans cesse, 
et par-dessus de nos têtes nous avions le sifflement aigu 

10 des balles, cinglantes, ou bien semblables au bruit de 

la soie qu'on froisse. Je compris alors que notre élan 

avait été arrêté après la troisième tranchée — mes 

hommes alors, mes poilus que j'aimais tant — tués? 

Notre situation à nous était assez critique. Le 

15 ronflement des mitrailleuses nous empêchait de sortir. 
Et notre vie dépendait bien de peu de chose; en effet, 
si les Boches attaquaient, ils ne manqueraient pas, au 
passage, de nous achever à coups de grenades. Si 
les Français continuaient leur offensive, ils devraient 

20 bombarder à nouveau, et nous serions certainement 
atteints par nos propres obus. Quant à nous rendre 
aux Boches, pourtant si près — tout le monde aurait 
préféré mourir de faim dans ce trou. Ces réflexions, 
et la souffrance de ma blessure qui commençait de me 

25 cuire sérieusement, m'abattirent un instant. Et même 
je crois que j'aurais perdu connaissance si un peu 
d'alcool de menthe que j'avais heureusement dans 
ma musette ne m'eût réconforté. 

Il y eut un peu de calme, mais quelque envie qu'on 

30 en eût, l'on ne put songer à sortir de notre abri. Le 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS I43 

temps se traîna très longuement; vers midi brusque- 
ment une fusillade éclata tout près, chez les Boches. 
Une lueur d'espoir ^- les Français continueraient-ils leur 
attaque? Un homme soudainement vint s'abattre 
et trébucha dans notre trou — c'était un de mes 6 
soldats à moi. Il était sans armes. Quand il me vit, 
il courut vers moi, pleurant et riant. Je lui demandai 
d'où il venait et pourquoi il n'avait plus ni son fusil, 
ni sa baïonnette, ni ses grenades — ni rien. Il me 
conta d'une voix égarée un nouveau trait de la barbarie 10 
des Allemands. Mes soldats, après que ma blessure 
m'eût jeté à terre, continuèrent leur élan et se pré- 
cipitèrent dans la tranchée boche. Mais lem*s rangs 
avaient fondu, dans leur course, ils étaient trop peu 
nombreux et furent tués ou désarmés. Après quel- 15 
ques instants, les Boches qui leur avaient pris leur 
équipement leur dirent: *'Nous n'avons pas besoin de 
vous — allez-vous-en." Stupéfaction. Ils reçurent 
à nouveau l'ordre de partir et prirent leur élan vers la 
nouvelle position française. C'est alors que les brutes 20 
aussitôt se mirent à leur tirer par derrière, et les démo- 
lirent sûrement tous. Ce soldat ne devait son salut 
qu'à notre entonnoir qu'il avait trouvé providentielle- 
ment sous ses pas. 

Devant cet odieux assassinat de mes soldats, j'ai 25 
crié de rage, et mon désespoir fut immense, de la perte 
de mes honmies, et du sentiment de mon impuissance 
à les venger. 

Et cette douleur morale s'augmenta encore de la 
douleur de ma blessure. Le soleil très chaud tombait 30 



144 CARNET DE CAMPAGNE 

perpendiculairement sur nous et cuisait nos plaies. 
Je souffrais beaucoup. Quelques grenades tombèrent 
alors. On se faisait petit, on n'avait pas peur, mais 
le cœur était gonflé. Et ce furent ensuite les 75 et 

5 les 105 français qui se mirent à éclater sur la tranchée 
allemande. On voyait les fusants éclater dans l'air 
et de gros panaches noirs tourbillonner. C'était tout 
près, tout près de nous. Un 75 explosa juste au-dessus 
de nos têtes, et des éclats malmenèrent le cadavre d'un 

10 petit soldat tout à côté de moi. Nous commencions 
à être inquiets, car c'est terrible que d'être sous le 
feu de ses propres canons, et puis il n'y avait aucun 
moyen de nous défendre. Un autre obus tua le pauvre 
soldat qui avait échappé au massacre. Nous étions 

15 bien conscients de l'horreur de notre situation. Un 
autre éclat coupa net le pied d'un sergent, et je lui 
versai, malgré ses cris, un flacon d'iode sur sa plaie. 

A ce moment, vraiment, et pour la première fois, 
j'ai eu le désespoir de jamais m'en tirer. Nous avions 

20 tous fait plus ou moins le sacrifice de notre vie, et 
attendions immobiles, résignés, tremblants. Pourtant, 
j'eus une idée — au fond de l'entonnoir il y avait de 
gros madriers qui avaient servi à étayer la chambre 
d'explosion de la mine. Avec grand'peine on les 

26 plaça l'un à côté de l'autre appuyés contre une paroi 
de l'entonnoir, et ils firent ainsi un abri sous lequel 
on s'entassa. Les membres blessés se heurtaient les 
uns contre les autres, et les visages marquaient les 
transes et la douleur. A plusieurs reprises, un choc 
4. les 76 et les 106: see note to page 31, Une 13. 



DTN OFFICIER FRANÇAIS 145 

'brutal secouait les planches qui nous abritaient, mais 
nos blessures en souffrirent seules, et nous n'eûmes 
plus d'autre mal. Cela dura longtemps. 

 la fin, le capitaine, le seul non blessé, déclara qu'il 
allait partir pour la tranchée française et ferait cesser 5 
ce tir. Malgré nos protestations — car il courait à 
la mort, pensions-nous — il s'entêta, et seul, il s'en 
alla sous le bombardement. 

Longtemps, longtemps après, le bombardement cessa 
de ce côté. Le capitaine serait^il donc parvenu dans 10 
notre tranchée? Alors l'espoir nous ranima tous, et 
déjà nous voulions tous quitter ce trou infernal — 
mais les mitrailleuses allemandes se remirent à tirer. 
Nous devions attendre la nuit. 

Le fracas des batailles, au loin — à notre gauche, 15 
un effroyable bombardement. C'était là-bas peut-être 
que se ferait la contre-attaque si redoutée? 

Le soleil déclina. Le bombardement s'étant apaisé, , 
nous étions sortis de dessous nos planches, et étions 
étendus sur les parois toutes labourées d'éclats d'obus 20 
de l'entonnoir. Les blessés se plaignaient, ou râlaient. 
J'étais à bout de forces, et je ne sais trop conmient, 
je m'endormis. 

Je m'éveillai. Il faisait déj/t sombre. L'instant 
du départ, de la délivrance, était proche. Mais dès 26 
que la nuit fut tombée, les fusées éclairantes jaillirent 
des tranchées boches et la fusillade crépita. Quelques 
blessés comme nous s'étaient peut-être trop hâtés de 
r^agner nos lignes, et les Allemands n'ont pas d'huma- 
nité pour les blessés. Notre espoir s'atténua et l'on se ao 



146 CARNET DE CAMPAGNE 

demandait avec angoisse s'il nous serait possible de 
nous sauver. Nous pensions avec horreur que nous 
serions obligés peut-être de passer dans ce trou une 
autre journée semblable. Oh, mieux vaudrait moiuir 

6 tout de suite, mourir en pleine espérance, en plein 
effort pour le retour. Mais on prit patience encore. 
Le moins blessé, vers neuf heures, décida de partir. 
Il demanderait en arrivant s'il serait possible de 
creuser un boyau jusqu'à nous, qui nous permettrait 

10 de retourner sans dommage. Un signal fut convenu, 
qui serait donné par les mitrailleuses. D'abord 
deux fois quatre coups secs pour établir la com- 
munication; puis trois fois trois coups très lents 
indiqueraient que nous devions attendre qu'on vienne 

16 nous chercher; trois fois trois coups très rapides, 
au contraire, que nous devrions rentrer par nos 
propres moyens. 

Une demi-heure ou plus s'écoula. La nuit était 
trouée des claquements des mitrailleuses et sillonnée 

20 de fusées éclairantes. Nous craignîmes pour notre 
camarade. A la fin retentit le signal, reconnaissable 
au milieu du vacarme par la régularité des coups. 
Revenez, revenez, disait la mitrailleuse. Il ne fallait 
plus compter que sur, nous, et ramper vers la tranchée 

25 française. Un à un, à de longs intervalles, nous 
partîmes. 

Les canons allemands tiraient assez violemment sur 
nos positions. Nous ne nous en étions pas rendus 
compte dans la journée, hypnotisés par nos souffrances. 
29. compte: se rendre compte de, to realize. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 147 

C'était presque fou de vouloir marcher sous le bom- 
bardement, mais nous étions fous, véritablement. 
Une seule idée iSxe, rentrer — rentrer absolument ou 
mourir. Et pour moi je ne me rendis pas très bien 
compte de ce que je faisais. 6 

Je ne pouvais ramper sur le ventre — je dus ramper 
sur le dos, et avancer à reculons, vers la tranchée 
française que les fusées éclairantes me montraient 
comme la terre promise à quelques cents mètres au 
delà. Je m'arc-boutais par les pieds — me traînais lo 
conune je pouvais. A peine une fusée éclairante 
jaillissait-elle, je restais immobile, faisant le mort 
parmi les morts. Et dans ces secondes d'immobilité 
j'entendais les battements de mon cœur et une rumeur 
vague, lugubre, horrible, faite des gémissements et is 
des cris noyés les uns dans les autres — des blessés 
appelant au secours. Je passai près d'un soldat qui 
râlait faiblement. Je le reconnus et je voulus le 
traîner avec moi. Avec grand'peine je lui fis faire 
quelques mètres, mais je m'aperçus bientôt que je 20 
traînais un cadavre. Cela dura effroyablement long- 
temps, ce calvaire douloureux. 

Je continuai mon chemin saccadé, chaotique — 
roulant dans des trous d'obus, bousculant des morts. 
Mais je n'avais que l'idée fixe vers quoi tout mon être 26 
était tendu: rentrer — arriver à cette tranchée qui 
était plus proche maintenant. Je parlais à haute 
voix, pour peupler de mots cette solitude peuplée 
de morts; sans me rendre compte, je dus 
discourir beaucoup, mais je me surpris à réciter, qui 3o 



148 CARNET DE CAMPAGNE 

sait pourquoi, un vieux souvenir classique — du 
Virgile: 

Est in conspectu Tenedos, notissima fama 
Insula, dives opum — 

5 Est-ce qu'inconsciemment je saluais la tranchée 
française, certainement "dives opum'' poiu: moi, et 
qui était "in conspectu"? Sait-on jamais! Tou- 
jours est-il que les obus boches tombaient, en éclairs 
subits, assez nombreux. Je fus couvert de terre 

10 plusieurs fois, une fois assez vigoureusement malmené. 

Mais il était écrit que j'échapperais à tous ces dangers. 

Notre tranchée était tout près. Je criai de toutes 

mes forces: "France! France ... ce ... je suis le 

lieutenant de la onzième compagnie. ..." J'en- 

15 tendis des voix qui me semblaient lointaines et qui 
disaient: "Par ici, par ici.". Je me guidai d'après ces 
voix. J'étais épuisé — je m'empêtrai dans des fils de 
fer. Mon bras me faisait mal à crier. Un obus qui 
éclata tout près de moi m'assourdit et m'étourdit. 

20 Je me sentis saisir, traîner. Je tombai dans la tranchée 
chez nous — et je m'évanouis. 

2. Virgile: Roman epic poet (71-19 b.c.). The quotation is 
from the second Book or Canto of Virgil's Aeneid, Unes 21-22. 
The meaning is "Tenedos is in sight, an îsland much renowned 
and abounding in wealth.'' 

6. **6iYeaop\im.":ab(mndingin%DeaUh, 

7. "in conspectu": in «i(7^. 



Chapitre XI 

L'évacuation; le train sanitaire; Thôpital. 

Je m'éveillai dans un abri. Un ofBicier mitrailleur 
m'avait donné Thospitalité. Il me tendit un peu 
d'alcool, qui me réconforta. Il ne voulut pas me 
laisser sortir, car la tranchée était soiunise à un bom- 5 
bardement violent. Les Boches allaient attaquer, 
pensait-il. Je lui dis que je voulais dormir, mais 
j'exigeai sa promesse de me faire éveiller au moment 
de la contre-attaque. D'ailleurs, ajouta-t-il, nous 
avons à opposer à un assaut neuf mitrailleuses que 10 
Ton a trouvées dans les tranchées conquises le matin. 

Quelque temps après, les Boches contre-attaquèrent. 
Leurs mitrailleuses les reçurent fort mal, et j'eus le 
plaisir, de ma main valide, de décharger les six balles 
de mon revolver contre les ombres noires qui avançaient 15 
vers nous. Ces ombres d'ailleurs n'avancèrent pas 
longtemps et s'éparpillèrent bien vite. J'étais heureux 
de m'être vengé un peu et d'avoir vengé mes honmies. 

Mais j'étais épuisé — mes nerfs étaient exaspérés. 
Je ne voulais pas aller tout seul au poste de secours. 20 
J'avais peur, horriblement peur, maintenant qu'il n'y 
avait plus de danger. Je partis avec des brancar- 
diers qui venaient en première ligne chercher des blessés, 
car il en était rentré beaucoup, paratt-il. 

24. il en était rentré beaucoup: literally, there had retwmed 
many of ihem. 

149 



150 CARNET DE CAMPAGNE 

Dans cette nuit nous marchions littéralement sur 
les cadavres qui recouvraient le sol des tranchées. 
Notre artillerie le matin avait bien travaillé. On 
était en train de creuser des boyaux. 

6 Nous marchâmes longtemps — on avait fait du 

chemin vraiment dans la folle course du matin. Et 

je pensais que Ton ferait de même chaque jour jusqu'à 

la victoire. 

Au poste de secours je fus pansé. Cela soulagea 

10 un peu la douleur de ma blessure. On me plaça, à 
un bouton de ma vareuse, une petite étiquette de carton 
rouge, "Évacué sur Arras." On me coucha dans un 
brancard. On me hissa sur une automobile, les voix 
devinrent voilées, j'entendis confusément un timiulte 

16 de canon et de mitrailleuse. Je sentis comme un 
bercement très doux, très agréable et je m'endormis 
profondément. 

Ce ne fut que deux jours après ma blessure que je 
parvins enfin dans cette délicieuse petite ville qui vit 

20 ma résurrection. Je fus cahoté dans la nuit, à demi 
dormant, à demi conscient, jusqu'à mon arrivée à Arras. 
C'était l'hôpital qui rassemble les blessés des différents 
postes de secours. On contrôla ma fiche rouge et l'on 
me conduisit dans un vaste dortoir. Les deux infirmiers 

25 me dévêtirent. Ma blessure empêchait de quitter 
ma capote et ma veste. On les coupa, et l'on m'enfouit 
dans des draps frais et blancs. Malgré une batterie 
qui grondait tout à côté de l'hôpital, je m'endormis. 
J'étais totalement épuisé, mes nerfs étaient à bout. 
10. plaça à: faatened to. 



D'UN OFnCIER FRANÇAIS 



152 CARNET DE CAMPAGNE 

Je m'éveillai tard. Presque aussitôt, après que l'on 
m'eut aidé à m'habiller, on m'embarqua dans une 
automobile et me conduisit vers l'arrière, loin, tou- 
jours loin du fracas des batailles qui continuaient. 

6 On croisa de très nombreux convois de troupes qui se 
rendirent en renforts sur le front, infanterie trans- 
portée dans de lourds camions, comme nous dix jours 
auparavant, artillerie mue par de gros tracteurs auto- 
mobiles, cavalerie massée près de là et qui attendait 

10 le moment d'entrer en jeu. Vraiment tout semblait 
prêt pour aller très de l'avant. Et j'étais furieux d'ê- 
tre blessé en im si bon moment. Car malgré toute 
l'horreur de la journée précédente, la marche en 
avant avait été grandiose, enthousiasmante. Les autos 

16 s'arrêtèrent à un village opulent de cette région d'Artois. 
L'hôpital où je fuA versé momentanément était dans 
l'école. On m'y fit une piqûre contre le tétanos. 
L'institutrice, qui gardait cependant une pièce pour 
faire l'école, apprenant que j'appartenais à l'Université, 

20 m'invita à déjeuner chez elle. Elle fut touchante et 

délicate d'attention, me servant, me faisant manger. 

Le soir on me fit remonter en auto. Et ce fut encore 

une promenade chaotique sur des routes défoncées — 

et mon bras me faisait beaucoup souffrir. Je sentais 

25 ma main s'enfler, s'alourdir, s'enfiévrer. 

La nuit était tombée quand nous arrivâmes à 
l'hôpital d'évacuation. Là on me coucha encore, 

9. et: see note to page 36, Une 21. 

16. Artois: name of a district near the English Channel. 
See note to page 117, Une 1. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 153 

et je retrouvai un de mes compagnons de misère, un 
adjudant blessé à la cuisse. Le lendemain matin de très 
bonne heure nous fûmes réveillés par de très violentes 
détonations, c'étaient des aéroplanes qui lançaient des 
bombes sur la gare et sur l'hôpital. Une d'elles tomba s 
tout près du bâtiment qui abritait les pauvres éclopés 
que nous étions. Même à nous les barbares s'atta- 
quaient! 

C'était pénible de voir dans cette immense salle 
d'hôpital toutes les horribles blessures — tous les en- lo 
droits du corps étaient atteints. 

A midi on remonta en auto. Cette fois c'était pour 
aller à la gare, où le train sanitaire nous attendait. 
Deux sortes de wagons, des wagons aménagés pour 
blessés couchés, et tendus de brancards soigneusement i5 
suspendus; d'autres pour blessés assis. Comparti- 
ments de seconde et de première classe. J'étais pour 
ma part en un wagon de première avec un sous-lieute- 
nant blessé à la main, un lieutenant malade, et un 
colonel criblé de petits éclats d'obus à la jambe. J'étais 20 
de tous le plus blessé, et c'était touchant, de voir 
combien tous s'empressaient auprès de moi. Le 
colonel surtout, mon vis-à-vis dans le compartiment, 
m'aida à m'installer, me coupait ma viande, me faisait 
presque manger. Il était paternel avec moi et c'était 25 
très émouvant que ce vieux colonel tout médaillé 
servant ce petit Ueutenant presque gamin. 

Dans les grandes gares, à Amiens surtout, on des- 
cendait les blessés qui souffraient le plus. Moi, j'ai 
voulu, malgré la douleur de mon bras enfiévré, rester ao 



154 CARNET DE CAMPAGNE 

dans le train. Je pensais toujours qu'il allait 
m'amener dans le Midi sur la Riviera, où ma famille 
habitait alors. 
Sur la tombée du jour on arriva près de Paris, et là 
6 le train s'arrêta jusqu'au matin. C'était à la même 
gare où nous nous étions arrêtés, vingt jours aupara- 
vant, en revenant de la Meuse. Après avoir bu le 
café que les excellentes dames de la Croix Rouge nous 
apportèrent avec de bons sourires, on se remit en 

10 marche. On croisa des prisonniers boches qu'on 
évacuait aussi — mais à l'honneur des blessés français 
aucun cri ne partit de notre train à l'adresse des bar- 
bares. Les Français savent respecter les ennemis 
vaincus. 

16 Et dès lors toute la journée le train, lentement 
flânant, nous promena jusque vers- la Loire. On 
s'arrêtait à de nombreuses gares dans des pa3rsages 
riants et ombreux. Plusieurs blessés descendaient à 
chacune de ces stations délicieuses. Et à chaque 

20 gare les jeunes filles de la contrée venaient donner 
des fleurs, des œufs frais, des journaux illustrés et 
surtout leur sourire admiratif, im peu attendri aussi, 
et reconnaissant. Ce qui m'a le plus ému, ce sont 
ces fleurs, ces monceaux de fleurs dont on nous surchar- 

25 geait. Et là nous prenions conscience de notre état 

2. Midi: extrême southem France. 

2. Riviera: a name given to the Mediterranean coast from 
Nice (southeajstem France) eastward along the Gulf of Genoa. 
The Riviera is a world-famed winter resort. 

13. respecter: show conaideration for y perhaps not respect. 



D'UN OFFICIER FRANÇAIS 155 

de blessés — les attentions de ces femmes délicieuses 
nous faisaient croire que nous avions fait vraiment 
quelque chose pour les mériter. Et ces gâteries, on 
les acceptait avec ime reconnaissance infinie. 

Mais cette immense reconnaissance que dès ce 5 
moment j'ai voué aux femmes de France, s'est accentuée 
bien davantage, depuis que je suis à Thôpital. J'y 
arrivai le soir, tard, dans la nuit. Au train on partagea 
les blessés dans les différents hôpitaux de la ville, et 
je fus désigné pour l'Hôpital de l'Union des Femmes 10 
de France, hôpital privé. Une auto nous conduisit 
jusqu'à l'École Normale de filles, qui était affectée 
comme hôpital. A l'entrée, des silhouettes blanches 
se détachaient dans la demi-obscurité. Quand j 'arrivai, 
vite, deux de ces dames toutes blanches et toutes is 
sourires me conduisirent dans ma chambre. C'est 
sublime de voir ces femmes accomplir avec un 
pareil dévouement, une pareille sérénité, tous les 
jours ces besognes qu'elles ne font pas chez elles, 
puisqu'elles appartiennent toutes à l'aristocratie de la 20 
ville. Et toujours la même bonne humeur, la même 
douceur, la même patience — car les blessés ne sont 
pas toujours commodes, ô si les soldats de France 
ont quelque mérite, combien plus admirables sont 
ces femmes qui savent guérir les âmes de leur seule 25 
présence, de leur seul sourire. Ce charme, je l'ai 
senti tout de suite, et ma première nuit fut très bonne. 
Mais après, la fièvre me prit, les violentes commotions 

12. l'Ecole Normale: for the training of teachers for the 
lower schools and kindergartens. 



156 CARNET DE CAMPAGNE 

que j'avais reçues déterminèrent une congestion 
cérébrale — je délirai quelques jours. Quand je 
m'éveillai à la conscience des choses, je trouvais ma 
mère à mon chevet. Je ne l'avais pas reconnue, et 
5 elle était là depuis huit jours. 

Dès lors mon bras fut soigné plus efficacement — 
on m'opéra trois fois. Dès que je pus sortir je fus 
accablé d'invitations. Mes infirmières et le docteur 
lui-même, que j'avais tout à fait conquis dans mes 

10 divagations, paraît-il, très savantes, me voulaient 

chez eux. Je m'éveillai à la vie, à ime vie de gâterie 

perpétuelle, douce et active, calme et infiniment 

heureuse. 

J'ai le bras dans le plâtre. J'écris de la main gauche. 

15 Ma chambre donne sur un grand jardin, des aubépines 
parfumées font un rideau à ma fenêtre. J'ai repris 
ma vie individuelle. Je vais mieux. Je suis heureux, 
tout à fait heureux. 

26 juin. Ce matin j'ai été décoré de la Croix de 
20 Guerre. Mes infirmières avaient depuis quelques 
jours un air de mystère, chuchotaient en me regar- 
dant, souriaient à toutes mes questions — elles étaient 
demeurées • impénétrables. Le docteur lui-même, qui 
me plaisantait selon sa coutume, ne voulut rien me 
26 dire. C'est ce matin seulement que, pendant la visite, 
il m'annonça que le général commandant la région 
allait se déranger pour m'apporter quelque chose. 

Dans la cour de l'hôpital, avec ses marronniers en 
fleurs, décorée de quelques drapeaux, tous les blessés 



DTN OFFICIER" FRANÇAIS 157 ' 

valides étaient rassemblés — les uns assis, les autres 
étendus sur leurs chaises longues. Les directrices de 
l'hôpital et toutes les infirmières, da«is leurs pures 
robes blanches, causaient en souriant. . Moi, je causais, 
un peu gêné, avec im camarade. 5 

 la fin le général, suivi de quelques officiers d'état- 
major, arriva. Le docteur lui présenta le personnel de 
l'hôpital, et puis moi. J'avais en guise de bras droit 
un gros paquet de plâtre et de linges, qui m'empêchaient 
d'être correctement habillé "à l'ordonnance." Le 10 
général, déployant im grand papier, lut au milieu du 
silence: 

" Sous-lieutenant R. N., vous êtes cité à l'ordre 
du jour de l'armée avec le motif suivant — 

"A, sous un feu très meurtrier, entraîna sa section is 
à l'assaut des positions allemandes. Dans un très 
bel élan s'est porté avec ses hommes au delà de la 
troisième Ugne allemande, où il a été blessé." 

Et le général s'avança vers moi qui tremblais un 
peu. Il attacha à ma vareuse la Croix de Guerre. 20 
Il me serra la main. Je sentais que l'on me regardait. 
J'étais très ému. Je devais avoir l'air bête. 

Le docteur alors prit la parole, et cet homme admi- 
rable, sorte de demi-dieu qui sait guérir, et qui sait se 
faire adorer de ses blessés, dit quelques mots. Je 25 
les entendis mal, je sais qu'il parlait de moi. J'aurais 
voulu que ce fût fini. Il vint vers moi et m'embrassa. 

26. J'aurais voulu: / ahovld fuwe heen glad. 



. 158 CARNET DE CAMPAGNE 

Puis on se rendit chez la directrice. On but du 
Champagne. Cela dura longtemps encore. Il me 
tardait d'être -seul, tout seul, pour savourer la joie 
inmiense, prodigieuse que j'avais — cette joie qui me 
6 venait du devoir accompli, et qui me donnait hâte, 
hâte de guérir, afin de retourner bien vite sur le front, 
pour montrer à ma patrie que ce n'est pas en vain 
qu'elle récompense ses enfants. 



EXERCISES 



CHAPTER I 



Exercise 1 

The following verbs, taken from Chapter I^ are among 
those used with an infinitive without a préposition. 



aller 

devoir 

faire (in sensé of cauM, hâve) 

falloir 

préférer 

pouvoir 



savoir (in sensé of know how) 
venir (if followed by idea of 

purpose) 
voir 
vouloir 



Leam the meanings and principal parts, and write 
synopses, of aller Ist person plural; faire 2nd person plural; 
savoir 3d person plural; venir 3d person singular. 

Write from dictation the following verb-forms: 



1. I corne. 

2. He is coming. 

3. They will not go. 

4. Are you going? 

5. See! 

6. Do you see? 

7. They do not corne. 

8. It is necessary. 

9. They hâve not gone. 

10. I should hâve gone. 

11. I should be able.' 

12. We will know. 



13. It was necessary. 

14. It would be necessary. 

15. We do not go. 

16. I do not see. 

17. They had not corne. 

18. Do you know? 

19. Go! 

20. Can I? 

21. Do they go? 

22. Hâve they not corne? 

23. It will be necessary. 

24. We hâve seen. 

159 



160 CARNET DE CAMPAGNE 

25. Are they going? 38. Why- should we corne? 

26. You cannot know. 39. Will they be able to see? 

27. I shall be able to go. 40. What are you doing? 

28. Why do they not corne? 41. What must be done? 

29. Do thati 42. I am going to know. 

30. We cannot corne. 43. Who knows? 

31. I will not do that. 44. What do they know? 

32. What hâve you done? 45. When will we go? 

33. When wîll they corne? 46. When will you know? 

34. Why do I not know? 47. They are going to go. 

35. Would you be able to go? 48. He should hâve done it. 

36. Would you like to know? 49. Cîome! 

37. Why are they not going? 50. I do not know. 

Exercise 2 

1. I am going to hunt for my friends. 

2. I do not know yet where I am going. 

3. Thèse soldiers are going to leave. 

4. I should hâve liked (paat cond.) to know where they 
are going. 

5. It should be kept secret. 

6. I should not like to write that. 

7. I do not know how to say it. 

8. I cannot go fight. 

9. One has to go somewhere (quelque part). 

10. I want to see you soon. 

11. I might hâve been able to see him, but I was tired. 

12. He came to invite me to dinner. 

13. He knows how to write a charming letter. 

14. What can I do for you? 

15. He is going to sleep. 

16. Where do you wish to go? 



EXERCISES 161 

17. I know nothing tp say. 

18. I had the men sing. 

19. I want to get acquainted with you. 

20. They saw me retum. 

21. We are to go soon. 

22. I hâve not been able to see them. 

23. You hâve made me forget my duty, 

24. I went to walk with my mother. 

Exercise 3 

If the student is not aiready thoroughly familiar with the 
foUowing phra^s, which are in common use, and convenient 
to know, he should leam them now. 

Informai forms of greeting. 

Comment allez-vous? ^ „ ^ 

Comment ça va? / 

Je vais bien, merci. \ ,, „ ., , 

Z. -, . r y^'nj ^ew, inank you. 

Ça va bien, mercL ] " ^ " 

AUez-vous-ent Go away. , 

Allons! Corne on! Welll Now Ûienl 

Allons donci Nonsenael Cf. English "Oh, go ont" 

Voyons I Corne now! 

Qui va là? Who gœa there? 

Par où faut-il aller? Which way should I go? 

Allez tout droit Go straight ahead. 

Allez par là. Go that way. 

D'où venez-vous? Where do you corne from? 
Comment 6tes-vous venu? How did you corne? 
Je veux bien. / am wUling, 



162 



CARNET DE CAMPAGNE 



EXEBCISB 4 

A list of words to be leamed by those interested in acquir- 
ing a vocabulary of military terms. 



la guerre 

la bataille 

l'ennemi 

la tranchée 

le soldat 

le fantassin 

le poilu 

l'officier 

le caporal (chef d'escouade) 

le sergent (chef de demi-sec- 
tion) 

le chef de section (non-com- 
missioned officer, next in 



rank below a sous-lieute- 
nant) 

le capitaine (chef de compagnie) 

le commandant (officer in com- 
mande major) 

l'escouade /. (four squads to 
a section) 

la section (four sections to a 
compagnie) 

la compagnie (four to a batail- 
lon) 

le bataillon 

la brigade 



CHAPTER II 

Exercise 1 

Leam meanings and principal parts of following irregular 
verbs: 



dire mettre 


prendre rire suivre 


lire paraître 


recevoir servir partir 


Write from dictation: 




1. Saying. 


8. They will say. 


2. I hâve read it. 


9. Take care (garde). 


3. They appear. 


10. Weread. 


4. He had said it to him. 


11. To hâve taken. 


5. It had appeared. 


12. They take. 


6. I am setting out. 


13. Why did they laugh? 


7. He has received it. 


14. WeRhallput. 



EXERCISES 163 

15. Appearing. 18. Followme. 

16. They are not laughing. 19. They follow. 

17. Where hâve you put it? 20. Taking. 

Exercise 2 
On 

On (always with the third person singular) is used: 

(1) Where the English uses the generalizing one, and in 
such indefinite expressions as: "You never can tell." 
"We often make mistakes." "They ail do it.' 



)) 



(2) As a substitute for the passive. 

Chapter II has many examples of thèse uses of on. 

Use on in each of the following sentences: 

1. They say. 

2. It is said. 

3. A hait was made. 

4. We marched for a long time. 

5. At last we arrived at the wood. 

6. We may say. 

7. Fighting (se battre) is going on. 

8. They shall not passi (près, tense). 

9. We ate early. 

10. There was difficulty in (avoir peine à) advancing. 

11. One has a somewhat (peu) disagreeable sensation. 

12. Wine was distributed. 

13. We stopped (s'arrêter) at last. 

14. At last we were going to be able to sleep. 

15. We ate, and then we slept and slept. 

16. We eat, we read, we sleep. 



164 CARNET DE CAMPAGNE 

Exercise 3 

En and Y 

En is used as a substitute for de and a pronoun object. 
Y is used as a substitute for à and a pronoun object. 
Neither en nor y can be substituted if the pronoun object 
refers to a person. 

The French sentences that follow are intended to suggest 
the construction that should follow in the English sentences. 
Use either en or y in each sentence: 

1. Personne ne songea à tirer sur eux. 

We did not shoot at them. No one thought of it. 

2. Ils furent contents de me voir. 

I went to see them. They were satisfied with that. 

3. Un boyau conduit à mon abri. 

My shelter was very comfortable. A trench of ap- 
proach led to it. 

4. Répondez-vous à sa lettre. 

Please answer his letter. I hâve already answered it. 

5. Je suis bien sûr de n'être pas tué. 

I shall not be killed. I am quite sure of that. 

6. Je n'ai pas besoin d'encouragement. 

I hâve not received any letters. But I do not need 
them. 

7. La route était couverte d'une boue affreuse. 

The mud was frightful. The road was covered with it. 

8. On pense souvent à sa mère. 

Our mothers are in France. We think often of them. 

9. On pense à la tristesse des fenmies. 

The sorrow of the women is great. We often think of it. 



EXERCISES 165 

10. Je suis ennuyé de n'avoir pas reçu de lettres. 

He did not receive any letters. He was bored by it. 

11. Il faut prendre garde de montrer la tête. 

Do not show your head. One must be careful of that. 

12. J'ai eu Tidée de faire du chocolat. 

We were making chocolaté. It was my idea. 

CHAPTER III 

Exercise 1 

In compound forms of the verb, the auxiliary is avoir for 
ail transitive verbs. Ail reflexive verbs hâve the auxiliary 
être. Intransitive verbs are conjugated sometimes with 
avoir, sometimes with être, the latter when a change of place 
or condition is to be expressed. 

Leam the following list of common verbs which hâve être 
as auxiliary: 

aller entrer partir sortir venir 

arriver mourir rester tomber revenir 

Write f rom dictation (use only compound forms of the verb 
in this exercise): 

1. He has been able. 11. It has fallen. 

2. I set out. 12. We hâve had. 

3. We said to him. 13. I hâve gone; 

4. He stopped. 14. We hâve received. 

5. I hâve not fought. 15. He had never appeared. 

6. They hâve not arrived. 16. He had been. 

7. He stopped. 17. I hâve taken. 

8. He said to them. 18. We had arrived {wUh on) 

9. We hâve come. 19. He had come. 
10. We had read. 20. He has not been. 



166 CARNET DE CAMPAGNE 

Ib^BCISE 2 

Leaxn the following: 

venir de (with inf .) to hâve just 
se mettre à (with inf.) to hegin 
empêcher de (with inf.) to prevent from 
avoir à (with inf.) to fuwe to 

Write in French: 

1. The rain (la pluie) kept us from going. 

2. I hâve just seen him. 

3. He had just seen my mother. 

4. We shall not hâve to attack today. 

5. He just brought me a letter. 

6. I too hâve just received a letter. 

7. The cannon kept me from sleeping. 

8. We hâve just entrained. 
• 9. We began to laugh. 

10. I began to laugh at-it (en). 

11. The orders had just arrived. 

12. It will prevent the soldiers from attacking. 

13. We (on) started to march. 

14. The enemy started to answer. 

15. We had to shoot for (pendant) five minutes. 

16. A fine rain started to fall. 

17. It began to snow (neiger). 

18. A sentinel started to shoot. 

Exercise 3 

Négatives 

ne . . . pas ne . . . que 

ne . . . point ne . . . personne 

ne . . . jamais ne . • . plus 

ne . . . rien ne . . . aucun 



EXERCISES 167 

Pronoims — Order 

Me, nous, and vous, if used as indirect objects, corne 
before pronouns used as direct objects. Lui, leur, as indirect 
objects, corne after the pronouns used as direct objects. 
Both indirect and direct objects corne before the verb. 

(Advanced classes should be able to write the following sen- 
tences in French as they are dictated to them in class.) 

1. We do not see him. 

2. I hâve not the gun. 

3. I gave it to him. 

4. He did not give it to me. 

5. She never appeared to me so lovely. 

6. We knew only the name of the village. 

7. I did not tell it to them. 

8. Not a minute when (où) something does not passi 

9. We know nothing of it but the écho. 

10. Nothing was lacking. 

11. I saw nothing. 

12. My shelter is not bad at ail. 

13. There was (on) nothing more to do. j 

14. No one was killed. 

15. One dœs not receive water in the trenches. 

16. One receives only coffee. 

17. I told him not to advance. 

18. They had only their guns. 

19. She had some chocolaté. She gave it to me. 

20. I hâve not been able to see him. 
2L I do not know how to say it to you. 

22. We lost no one. 

23. They did not corne to tell us of it. 

24. I do not love you any more. 

25. You hâve written me no letter. 



168 



CARNET DE CAMPAGNE 



Exercise 4 
Military French 



se battre 

tuer 

marcher 

se mettre en marche 

se mettre en route 

faire halte 

attaquer 

avancer 

commander 

relever 



mourir 

débarquer 

être de garde 

fuir 

combler les vides 

tonner (le canon) 

défiler au pas 

tirer 

donner ordre (de) 

installer 



CHAPTER IV 

Exercise 1 

Leam the meanings and principal parts of the following 
irregularverbs: 

connaître construire ouvrir offrir écrire 
conquérir couvrir souffrir dormir pleuvoir 



Write from dictation the 

1. Known. 

2. Let us conquer. 

3. He constructs. 

4. He did not construct. 

5. He is covered. 

6. They covered. 

7. They do not cover. 

8. He knew. 

9. Constructing. 
10. Opened. 



following forms: 

11. I conquer. 

12. They opened. 

13. It rains. 

14. Conquered. 

15. We sleep. 

16. Had he slept? 

17. Write a letter. 

18. Has it been written? 

19. I wrote. 

20. He has suffered. 



EXERCISES 



Exercise 2 



169 



You will notice that in the following sentences the partitive 
construction repeatedly occurs. Remember that in this con- 
struction the article is omitted: 

(1) When the phrase follows a négative verb, unless the 

noun of the phrase has a modifier. 

(2) After peu, beaucoup, combien, etc. (expressions of quan- 

tity and number). 

(3) When an adjective précèdes the noun of the phrase. 



Leam the following vocabulary: 




les vivres m, pL 


le Champagne 


les conserves/, pi. 


la bouteille 


les boites de conserves/, pi. 


le demi-litre 


les sardines/, pi. 


le sucre 


les boites de sardines /. pL 


Pœuf m. 


le bœuf de conserve ("singe") 


la légume 


la viande 


le tabac 


la viande rôtie 


la cigarette 


le poulet 


la pipe 


le pain 


le bois 


le biscuit 


le feu 


le lait 


lapaiUe 


le lait condensé 


le souper 


Peau/. 


le dîner 


le chocolat 


manger 


le bouillon 


boire 


le café ("jus'O — diaud, froid 


fumer 


le vin 


allumer 



Write in French: 

1. Let's go hunt for some wood. 

2. I can make a fire. 

3. We hâve nothing to (à) drink. 



J70 CARNET DE CAMPAGNE 

4. I can make some coffee. 

5. Hâve you sugar and milk? 

6. I hâve only canned milk. 

7. Can you get some water? 

8. Are you going to make coffee? 

9. I like tea better. 

10. For my part, I hâve decided to make chocolaté. 

11. Oh, come! Let's drink wine. Then we shall not need 

(avoir besoin de) wood. 

12. But the fire will be very pleasant. I am cold. 

13. Hunt the wood then. 

14. I can get (procurer) some Champagne. 

15. They hâve excellent shops (la boutique) hère. 

16. No, ail the shops are melancholy (lamentable) ruins. 

17. But there are peasants who hâve opened little shops. 

18. What do they sell? 

19. They sell tobacco, and things-to-eat. 

20. Do they sell wine? 

21. Not a bit of ît! Each soldier has wine. 

22. He gets (recevoir) a demi-liter a day (par jour). What 

do you want? 

23. Yesterday I had a little money, and I went to a shop. 

24. The old-woman was distributing chocolaté and cigar- 

ettes. 

25. There were many soldiers there. 

26. Others were arriving. 

27. "How many soldiers, how many soldiers!" the old 

woman cried. "Poilus, poilus everjnvhere!" 

28. "Go away! I cannot give you any more chocolaté. 

I haven't any." 

29. "But do you not hâve préserves and boxes of canned 

beef?" 

30. "Yes, monsieur, I do. Do you not prefer roast méat?" 



EXERCISES 



171 



Exercise 3 



Military Tenus 



le saillant 
la sentinelle 
la mitrailleuse 
le cartouche 
la caisse 
la fusée 

la fusée éclairante 
la baïonnette 
la gamelle 
le créneau 
le fil de fer 
le cadavre 



la jumelle 

le guetteur 

l'homme de liaison 

Panière/. 

la ligne du feu 

l'enfilade/. 

la batterie 

le bombardement 

à droite 

à gauche 

en face 

le Boche 



CHAPTER V 



Exercise 1 

Leam the meanings and principal parts of the followini^ 
irregular verbs: 



crou-e envoyer 


résoudre sentu- vivre 


joindre courir 


boire coudre mouvoir 


Write from dictation the following forms: 

• 


1. I think. 


8. To résolve. 


2. Joinîng. 


9. I hâve resolved. 


3. They send. 


10. Résolve! 


4. I 8ha11 send. 


11. They join. 


5. Do you not think? 


12. Running. 


6. Theywillrun. 


13. He had thought. 


7. Theyrun. 


14. I shall résolve. 



172 



CARNET DE CAMPAGNE 



15. 


I drank some*. 


23. 


I shall feel. 


16. 


Drinking- 


24. 


I bave sewed. 


17. 


He dœs not send. 


25. 


I shall sew. 


18. 


Ifeel. 


26. 


Moved. 


19. 


He felt. 


27. 


They move. * 


20. 


Do you believe it? 


28. 


I moved. 


21. 


They are dririking. 


29. 


They lived. 


22. 


I diink. 


30. 


I hâve lived. 




Exercise 2 


Review and leam thoroughly the following numer 




1. un, une 




13. treize 




2. deux 




14. quatorze 




3. trois 




15. quinze 




4. quatre 




16. seize 




5. cinq . 




17. dix-sept 




6. six 




18. dix-huit 




7. sept 




19. dix-neuf 




8. huit 




20. vmgt 




9. neuf 




21. vingt et un 




10. dix 




22. vingt-deux 




11. onze 




23. vingt-trois 




12. douze 




24. vingt-quatre 




premier, première 




septième 




deuxième (second, 


seconde, huitième 




when only two 


are in- neuvième 




volved) 




dixième 




troisième 




onzième 




quatrième 




douzième 




cinquième 




treizième 




sixième 




quatorzième 



EXERCISES 



173 



Exercise 3 

Expressions of Time 

Leam the following vocabulaxy: 

enfin 

bientôt 

longtemps 

brusquement 

rapidement 

tard 

en même temps 

au début de 

au bout de 

àlafin 

tout à l'heure 

tout de suite 

aujourd'hui 

hier 

demain 



au lever du jour 

le jour 

le matin 

midi 

Paprôs-midi m, 

le soir 

la nuit 

minuit 

la crépuscule 

la minute 

l'heure /. 

la semaine 

le mois 

l'an m. 

l'année /. 



. Quel heure est-il? 
n est trois heures, 
n est trois heures cinq, 
n est trois heures moins cinq, 
n est trois heures un quart, 
n est trois heures moins tm quart 
n est trois heures et demie, 
n est midi, 
n est minuit, 
n est midi trois. 

Write from dictation the following phrases: 

1. Ail night. 5. After an hour. 

2. This moming. 6. A little later. 

3. Thèse last days. 7. At 5 p.m. 

4. Three days ago. 8. About (prés de, vers) 9 o'clock. 



174 CARNET DE CAMPAGNE 

9. Froml2:01 to 12:05. 

10. At six o'clock in (de) the moming. 

11. About ten or eleven o'clock. 

12. At the end of the first hour. 

13. At the beginning of the march. 

14. At the end of two hours of marching. 

15. At six o'clock in the evening. 

16. At eight o'clock in the evening. 

17. About 1 p.M. 

18. For several minutes. 

19. A month ago. 

20. Last week. 



Exercise 4 

« 

Write the following sentences: 

1. We leave for the front tomorrow at nine o'clock in the 

moming. 

2. About ten o'clock we amved at (en) this wood. 

3. At the end of three hours of marching we (on) arrived 

at the village. 

4. We set out from the château about midnight. 

5. At one o'clock in the moming we had come back 

(rentrer). 

6. He left at three o'clock in the moming, and arrived at 

the commanding officer's post at daybreak. 

7. At midnight we (on) arrived at the trenches. We had 

hot coffee at once. 

8. We hâve been in the trenches for several dajrs. 

9. Just now one of my soldiers came to me to say: 

10. It is five minutes past six. You hâve stiïl ten minutes 
to wait (à attendre). 



EXERCISES 



175 



Exercise 5 
Militaxy Vocabulary 



le parapet 

le rang 

la corvée 

le revolver 

le contre-attaque 

le poste de commandement 

le poste d'écoute 

le poste d'observation- 

lamine 

la grenade 



le périscope 

Pédat m. 

le ravitaillement 

l'assaut m, 

éclater 

manquer 

soutenir 

siffler 

bombarder 

atteint 



CHAPTER VI 

Exercise 1 

Leam meanings and principal parts of the followingvérbs: 

bouillir se battre 

valoir suffire 

conduire mentir 

naître être 

Verb Review 

Write rapidly the past participles of the following verbs: 

1. hâve 11. do 

2. drink 12. be necessary 

3. know 13. receive 

4. conquer 14. put 

5. cover 15. die 

6. thînk 16. move 

7. owe, must 17. bom 

8. say 18. offer 

9. Write 19. open 
10. be 20. appear 



176 CARNET DE CAMPAGNE 

Exercise 2 

Devoir 

The modal auxilîary devoir bas three definite meanings 
<mght to, miist, ia to. Some confusion in translating from 
English to French is caused by the f act that <mght and miLst 
are def ective and so do not show change of tense, the tense 
i)eing indicated by the form of the complementary infinitive. 
Since the French devoir is not defective, it changes to show 
tense, and the infinitive does not change. 

1. He ought to do it today. 

2. He ought to hâve done it. 

3. He ought to do it tomorrow. 

4. I had to leam to be a soldier. 

5. We are to rejoin the régiment. 

6. We (on) were to set out at the same time. 

7. It is at six o'clock that we are to go. 

8. No one could sleep — no one should bave slept. 

9. We were obliged to wait for a long time. 

10. My Company must'go back (se rendre) to the trenches. 

11. He could not bave suffered much. 

12. Hère is the trench that you are to occupy. 

13. I ought to bave been at the village early. 

14. He ought to bave written to bis mother. 

15. Then we had to detrain. 

16. The oflftcers should bave seen you. 

17. The soldiers should bave protected the women. 

18. Hère is some money that you ought to bave received 

yesterday. 

19. One should fight bravely for bis country. 

20. They are to go tomorrow. 

21. We are to make the attack. 



EXERCISES 



Exercise 3 



177 



Leam the following vocabulary: 

Expressions of Place 



au sud (de) 


en avant 


à Pest (de) 


en arrière 


au nord (de) 


devant 


à Pouest (de) 


derrière 


face au nord 


dessus 


plus à Pest 


au-dessus (de) 


à vingt mètres (de) 


au delà (de) 


(tout) près (de) 


loin (de) 


à côté (de) 


autour (de) 


à droite (de) 


au milieu (de) 


à gauche (de) 


au bord (de) 


en face (de) 


au loin 


Featvrea 


of the Landscape 


la ville 


Parbre m. 


le village 


le ciel 


la campagne 


le sol 


la plaine 


la lime 


la vallée 


le mur 


le ravin 


lamine ^ 


la route 


la maison 


lame 


le chAteau 


la colline 


la grange 


la hauteur 


1 la boutique 


le montagne 


PégUse /. 


le lac 


le clocher 


le bois 


le cimetière 


le forêt 


la vue 


le chemin 


le chemin de f< 


la boue 


la voie ferrée 



178 CARNET DE CAMPAGNE 

Exercise 4 

Translate into French: 

1. The enemy is about ten kilometers nortL 

2. At my side was an old wall. 

3. The village was ten kilometers beyond. 

4. We had arrived quite near the enemy. 

5. The prisoners marched slowly, one (pZ.) behind the 

other (pZ.). 

6. In the midst of the ruins was a little shop. 

7. The lieutenants were at the right and the left of the 

captain. 

8. We stopped at the entrance to (de) the village, four 

kilometers farther on. 

9. He sleeps in the little cemetery at the side of his dear 

captain. 
10. We are in a little wood from which (d'où) there is a 
pretty view. 

Exercise 5 

Translate into French: 

I am in a little village on the edge of a lake. The village 

is sevend kilometers south of the city of B . The view is 

beautiful. Trees in front of us, trees behind usi Over our 
heads the trees and the blue sky. At the right of the house 
is a little ravine, and farther, on the high ground, the village 
church with a pretty spire. Near the church is a cemetery. 
At the left of the house are a few large trees, and an old 
château in ruins. Behind the château is a big bam, and in 
the distance the city. 



EXERCISES 



179 



Exercise 6 
Write a description of some landscape, real or imaginary. 



Exercise 7 
MUitary Terms 



le repos 

le renfort 

la manœuvre 

le drapeau 

letlairon 

l'infirmerie /. 

Pinfirmier-prêtre 

le dépôt d'outils 

le vaguemestre 

le dépôt de munitions 



la pelle 
la pioche 
le secteur 
le terrain 
Poutil m. 
l'avion m. 
l'aéroplane m. 
l'offensive /. 
la victoire 
la prise 



CHAPTER VII 



Exercise 1 
Review of Forms of the Conditional 



1. I should like. 

2. Would you like? 

3. Would they attack? 

4. Would you go? 

5. I would run. 

6. I would die. 

7. I would open. 

8. I would suffer. 

9. I would drink. 
10. I would know. 



11. What would they say? 

12. I might hâve to. 

13. We might. 

14. You would hâve been able. 

15. He must hâve been. 

16. Would he need? 

17. You might need. 

18. Where would you send them? 

19. There would be no need of it. 

20. What would you do? 



180 CARNET DE CAMPAGNE 

EXEBCISE 2 

Leam the folio wing expressions: 

Le temps. The weather. 

Il fait beau temps. 

Il fait beau. ) Jtia fine weather. 

Beau temps. 

Il fait de la pluie. 

Il pleut. ) Itis raining. 

La pluie tombe. 

Il fait froid. It ta cold, 

n fait chaud. It is warm. 

Le froid est vif. The cold ia intense. 

n fait du vent. It is mndy. 

Translate into French: 

1. I can't go to the church. It is beginning to rain. 

2. That's nothing. It rains ail the time. I am going at 

once. 

3. I do not like the weather hère. I am going to go home. 

4. But is it always fine weather in the United States? 

It is cold sometimes, is it not? 

5. It does not rain ail the time. The wind blows some- 

times. 

6. The rain is not falling any more. Let's go. 

Exercise 3 
Review the folio wing list of everyday words: 



manger 


s'éveiller 


causer 


avoir faim 


se coucher 


être ennuyé 


boire 


se lever 


être fatigué 


avoir soif 


se promener 


se mettre à table 


dormir 


fumer 


vendre 


avoir sommeil 


lire 


acheter 


s'endormir 


écrire 





EXERCISES 181 

Translate into French: 

1. Do we want some tobacco? 

2. Thanks. I hâve none. I should like to smoke. 

3. I hâve some cigarettes. Will you hâve one? 

4. No, thank you. I do not care to smoke cigarettes. 

I like to smoke a pipe better. 

5. Are you hungry? 

6. Not at ail, but I am tired, and I am thirsty. 

7. Do you drink wine? 

8. I like cofïee better. 

9. So do I. We will hunt up (chercher) a café at once. 

10. Some friends came to see me yesterday evening, and 

we talked until (jusqu'à) midnight. 

11. What time did you go to bed? 

12. I went to bed at once, but I did not sleep well. I woke 

often. 

13. Then it was necessary for me to get up early. 

14. I had promised to (de) take a walk at half past seven 

with a friend. 

15. At half past seven! Your friend is very charming, 

isn't she? 

16. I was not bored. But I am sleepy now. 

17. I want to write some letters, and then I shall lie down. 

18. Are you going home? You haven't bought anything. 

Exercise 4 

Military Terms 

le rempart la lutte le barrage 

le sac de terre se rendre to surrender la prise 

la poudre la parole pointer 

le projectile l'ordre m. le téléphone 

la mèche le renseignement téléphoner 

le génie la relève les bras levés 

le sapeur le poste de secours 



182 CARNET DE CAMPAGNE 

CHAPTER VIII 

' The Human Body 

Leam the following vocabulary: 

la barbe ' la gorge 

la bouche la jambe 

le bras les lèyres /. pi, 

les cheveux m, pL la main 

le corps le nez 

le cou Pceil m. (pi. les yeux) 

le cœur l'oreille/. 

la cuisse la peau 

le dos le pied 

les épaules/, pi, la tête 

la figure le ventre 

le genou le coude 

Write in French: 

1. They help with (de) ail their heart. 

2. We (on) ducked (baisser) our heads at each shell. 

3. It is necessary to take care not to show one's head 

{leave ont négative), 

4. We (on) had a feeling of suffering (douleur) in the 

whole body. 

5. The rain trickled (ruisseler) down (dans) my neck, 

and on my chest. 

6. I wrote with (de) the left hand. 

7. I could not crawl (ramper) on my stomach — I had 

to crawl on my back. 
S. The man was wounded in (à) the thigh. 
9. I was woimded in the hand-. 

10. My friand was shot full (cribler) of little splinters of 

shell in the leg. 

11. I received a small splinter near the right eye. 



EXERCISES 



183 



12. He seized (saisir) him by the throat and struck him 

(lui) in (sur) the face. 

13. We had mud on our dothes and on our skin. 

14. The sacks weighed (peser) heavily (lourdement) on 

our shoulders. 

15. Three big soldiers appeared, hands raised. 

16. I cannot eut (couper) my beard. 

17. I will eut your beard, and I promise not to eut either 

(ni) your nose or your ear. 

18. Tonight we must keep our eyes and ears open (it will 

be necessary to open the eye and the ear). 





CHAPTER IX 




Leam the followin^ 


; vocabulary: 




la maison 


l'intérieur m. 


la bougie 


la calmne 


l'ameublement m. 


la lampe 


la hutte 


le tapis 


la chambre 


l'hôtel m. 


le Ut 


la salle 


l'appartement m. 


le drap 


la cuisine 


la porte 


la couverture 


luxueux 


le seuil 


le sommier 


moderne 


le mur 


l'oreiller m. 


vaste 


le toit 


la chaise 


propre 


la fenêtre 


la table 


sale 


le coin 


l'étagère/. 


confortable 


l'escalier m. 


le pupitre 


fournir 


monter 


le poêle 


loger 


descendre 


la cheminée 


meubler 



Translate into French: 

It was night. We came tp a little cabin in the woods. I 
wanted to stay there, because I was very tired. My mother 
did not want to. She saw an old woman smoking in the 



184 CARNET DE CAMPAGNE 

doorway. "But it seems nice and clean," I said. "Will you 
tell me, madame," I went on, addressing the old woman, 
"how far it is from hère to Château B.?" 

"About eighteen kilometers, sir." 

"Too far!" my mother cried. "May we stay hère for the 
night?" 

"For one night?" the old woman asked. "I will give you 
my room for one night.? 

The inside of the little cabin was very comfortable. There 
were three rooms: a living-room, a bedroom, and a small 
kitchen. There were two Windows in the bedroom. There 
were no lamps, but on the table was a candie. The bed was 
small, but the sheets were clean, and the mattress was good. 

"Not bad!" I exclaimed. "Go to bed at once, mother 
dear." 

"But where are you going to sleep?" 

"Me! I cannot sleep on a real bed with sheets. I see a 
bam. I shall sleep on the straw." 

"Hère is a stairway," the old woman said. "You may go 
upstairs. There is a very small room there with a straw bed 
(couche)." 

"Thank you, but please, I prefer the bam. I am a soldier. 
I shall be very well housed. Thank you, madame. Good- 
night." 



IRREGULAR VERBS 



USED IN THIS BOOK 

(For the symbol t see page 204.) 

Questions on the Formation of Tenses and Moods 

From which Principal Part are the Présent Indicative and 
Subjunctive formed? The Imperfect Indicative? The Future? 

In aimer and finir how is the Future formed from the first 
Part? 

How is the Présent Conditional formed from the Future 
Indicative? 

From which Part is the Past Definite formed? 

Is this true in être, atteindre, battre, conduire, and coudre? 

Is there any resemblance between the Past Definite and the 
Past Subjunctive? 

What resemblance is there between the Présent Indicative 
and the Présent Imperative? 

Is this true in être, avoir, and savoir? 



Près. Inf. 
Fut. Ind. 
Pbes. Cond. 

1. acquérir, to get 
acquerrai 
acquerrais 



Pbes. Part 
Impf. Ind. 
acquérant 

acquérais 



Past Part. 
Past Dep. Ind. 
Past Subj. 

acquis -e 

acquis 

acquisse 



Présent Indicative 
acquiers -quiers -quiert -quérons -quérez -quièrent 

Imperative 
-quiers -quérons -quérez 

Présent Subjunctive 
acquière -quières -quière -quérions -quériez -quièrent 

185 



186 



CARNET DE CAMPAGNE 



Pbb8. Inf. 
Fut. Ind. 
. Pbbs. Cond. 

2. aller, io go 
ind 
irais 



Pbbs. Pabt. 

Impf. Ind. 
allant 

allais 



Past Pabt. 
Past Def. Ind. 
Past Subj. 

allé -e 

allai 

allasse 



va 



Près. Ind. Tais vas 

Imper. va 

Près. Subj. faille failles faille 



allons allez vont 

allons allez 

allions alliez faillent 



H. atteindre, to Umch 


fatteignant 


atteint -e 


atteindrai 




fatteignis 


atteindrais 


fatteignais 
Présent Indicative 


fatteignisse 


atteins -teins 


-teint f-teignons f-teignez -teignent 




Imperative 




-teins 


f-teignons f-teignez 




Présent Subjunctive 


• 


fatteigne f-teignes f-teigne f-teignions f-teigniez f-teignent 


4. avoir, to home 


ayant 


eu -e 


aurai 




eus 


aurais 


avais 


eusse 


Près. Ind. ai 


as a avons 


avez ont * 


Imper. 


aie ayons 


ayez 


Près. Subj. aie 


aies ait ayons 


ayez aient 



5. battre, to béai (aiso 
combattre) 
battrai 
battrais 



battant 
battais 



battu -e 

battis 

battisse 



Près. Ind. bats bats bat battons battez battent 

Imper. bats battons battez 

Près. Subj. batte battes batte battions battiez battent 



IRREGULAR VERBS 



187 



Près. Inf. 
Fut. Ind. 
Pbbb. Gond. 

6. boire, to drihk 
boirai 
boirais 



Pbeb. Pabt. 
Impf. Ind. 
buvant 

buvais 



Pabt Part. 
Pabt Dbf. Ind. 
Pabt Subj. 

bu -6 

bus 

busse 



Près. Ind. bois bois boit buvons buvez boivent 

Imper. bois buvons buvez 

Près. Subj. 'boive boives boive buvions buviez boivent 



7. tbouîllir, to ôoiZ 
tbouillirai 
fbouillirais 



fbouillant 
tbouillais 



tbouilU -e 

fbouillis 

tbouillisse 



Présent Indicative 
bous bous bout fbouillons fbouillez fbouillent 

Imperative 
bous tbouillons fbouillez 

Présent Subjunctive 
fbouille tbouHles fbouille fbouillions fbouilliez fbouillent 



8. combattre, to fight, see battre 

9. complaire, to pleaae, see plaire 

10. comprendre, to understand, see prendre 



11. conduire, to lead 
conduirai 
conduirais 



conduisant 



^conduisais 



conduis 



conduise 



Présent Indicative 
-duis -duit -duisons 

Imperative 
-duis -duisons 

Présent Subjunctive 
-duises -duise -duisions 



conduit -e 

conduisis 

conduisisse 

-duisez -duisent 

-duisez 

-duisiez -duisent 



188 



CARNET DE CAMPAGNE 





Près. Inf. 


Près. Part. 


Past Part. 




Fut. Ind. 




Past Def. Ind. 




Pkes. Cond. 


Impf. Ind. 


Past Subj. 


12. 


connidtre, to know (also 






reconxudtre) 


connaissant 


connu -e 




connidtrai 




connus 




connidtrais 


connaissais 
Preflent Indicative 


connusse 




connais -nais 


-nait -naissons 
Imperative 


-naissez -naissent 




-nais 


-naissons 
Présent Subjunctive 


-naissez 




connaisse -naiss 
conquérir, io conq 


es -naisse -naissions 


-naissiez -naissent 


13. 


mer 






(also reconquérir) conquérant 


conquis -e 




conquerrai 




conquis 




conquerrais 


conquérais 


conquisse 



Présent Indicative 
conquiers -quiers -quiert -quérons -quérez -quièrent 

Imperative 
^ -quiers -quérons -quérez 

Présent Subjunctive 
conquière -quières -quière -quérions -quériez -quièrent 



14. construire, to construd construisant 
construirai 
construirais construisais 



construit -e 

construisis 

construisisse 



Présent Indicative 
construis -struis -struit -struisons -struisez -struisent 

Imperative 
-struis -struisons -struisez 

Présent Subjunctive 
construise -struises -struise -struisions -struisiez -struisent 



IRREGULAR VERBS 



189 



Près. Inp. Près. Part. 

Fut. Ind. 

Près. Cond. Impf. Ind. 

15. contenir, /o contain, see tenir 



Past Part. 
Past Dep. Ind. 
Past Subj. 



16. 


coudre, to sew 

coudrai 

coudrais 


cousant 
cousais 


cousu -e 

cousis 

cousisse 




couds couds 


Présent Indicative 
coud cousons 


cousez couse 




couds 


Imperative 
cousons 


cousez 




couse couses 


Présent Subjunctive 
couse cousions 


cousiez ' couse 



17. courir, to run (also par- 
courir, reparcourir) 
courrai 
courrais 



courant 



courais 



coimi -e 

courus 

courusse 



Près. Ind. cours cours court, courons courez courent 

Imper. cours courons courez 

Près. Subj. coure coures coure courions couriez courent 

18. couvrir, to cover (also dé- 
couvrir, offrir, ouvrir, 
recouvrir) couvrant 

couvrirai 
couvrirais couvrais 



Présent Indicative 
couvre couvres couvre couvrons 

Imperative 
couvre couvrons 

Présent Subjunctive 
couvre couvres couvre couvrions couvriez couvrent 



couvert -e 

couvris 

couvrisse 

couvrez couvrent 
couvrez 



190 



CARNET DE CAMPAGNE 



Pbbb. Inf/ 
Fut. Ind. 
Pbbb. Cond. 

19. craindre, to fear 
craindrai 
craindrais 



Près. Pabt. 
Impf. Ind. 
tcraignant 

fcraignais 



Past Pabt. 
Past Dbf. Ind. 
Past Subj. 

craint -e 
fcraignis 
tcraignisse 



Présent Indicative 

crains crains craint fcraignons tcraignez fcraignent 

Imperative 

crains fcrAignons fcraignez 

Présent Subjunctive * 

fcraigmt tcraignes fcraigne fcraignions fcraigniez fcraignent 



20. croire, to beliçve 
croirai 
croirais 



croyant 
croyais 



cru -e 

crus 

crusse 



Près. Ind. crois crois croit croyons croyez croient 

Imper. crois croyons croyez 

Près. Subj. croie croies croie croyions croyiez croient 



21. croître, to increase 
croîtrai 
croîtrais 



croissant 



croissais 



Présent Indicative 
crois crois croît croissons 

Imperative 
croîs croissons 

Présent Subjunctive 
croisse croisses croisse croissions 



crû, crue 

crûs 

crûsse 



croissez croissent 



croissez 



croissiez croissent 



IRREGULÂR VERBS 



191 



Preb. Inf. 
Fut. Ind. 
Preb. Cond. 

22. Cttire, to cook 
cuirai 
cuirais 



Pbes. Part. 
IiàPF. Ind. 
cuisant 

cuisais 



Past Part. 
Past Dbf. Ind. 
Past Subj. 

cuit -e 

cuisis 

cuisisse 



Près. Ind. cuis cuis cuit cuisons cuisez cuisent 

Imper. cuis cuisons cuisez 

Près. Subj. cuise cuises cuise cuisions cuisiez cuisent 



23. découvrir, to uncover, see couvrir 

24. décrire, to deacribct see écrire 



25. détruire, to deatroy 
détruirai 
détruirais 



détruisant 



détruisais 



détruit -e 

détruisis 

détruisisse 



Présent Indicative 
-truit -truisons 

Imperative 

-truisons 

Présent Subjunctive 
détruise . -truises -truise -truisions -truisiez -truisent 



détruis -truis 
-truis 



-truisez -truisent 



-truisez 



26. dévenir, to hecornsy see venir 

27. dévêtir, to undresSy see vêtir 



28. devoir, oiight 
devrai 
devrais 



devant 



devais 



dû, due 

dus 

dusse 



Près. Ind. dois dois doit devons devez doivent 

Imper. dois devons devez 

Près. Subj. doive doives doive devions deviez doivent 



192 



CARNET DE CAMPAGNE 



Preb. Inf. 


Près. Part. 


Past Part. 


Fut. Ind. 




Past Dep. Ind 


Près. Cond. 


Impf. Ind. 


Past Subj. 


29. dire, to say (aiso inter- 






dire) 


disant 


dit -e 


dimi 




dis 


dirais 


disais 


disse 



Près. Ind. dis dis dit disons dites disent 

Imper. dis disons dites 

Près. Subj. dise dises dise disions disiez disent 



30. dormir, to sleep (also men- 
tir, partir, sentir, servir. 



sortir) 


dormant 


dormi 


dormirai 




dormis 


dormirais 


dormais 
Présent Indicative 


dormisse 


dors dors 


dort dormons 
Tmperative 


dormez dorme 


dors 


dormons 
Présent Subjunctive 


dormez 


dorme dormes 


dorme dormions 


dormiez dorme 


31. écrire, to vorite (also dé- 




crire) 


écrivant 


écrit -e 


écrirai 




écrivis 


écrirais 


écrivais 


écrivisse 



Près. Ind. écris écris écrit écrivons écrivez écrivent 

Imper. écris écrivons écrivez 

Près. Subj. écrive écrives écrive écrivions écriviez écrivent 



32. élire, to chooae, see lire 



IRREGULAR VERBS 



193 



Près. Inp. 
Fut. Ind. 
Pbes. Cond. 

33. envoyer, to send (also 
renvoyer) 
enverrai 
enverrais 



Pbes. Part. 
Impf. Ind. 

envoyant 
envoyais 



Past Part. 
Past Def. Ind. 
Past Subj. 



envoyé -e 

envoyai 

envoyasse 



Près. Ind. envoie -voies -voie -voyons -voyez -voient 

Imper. envoie -voyons -voyez 

Près. Subj. envoie -voies -voie -voyions -voyiez -voient 



34. 


être, to be 
serai 






étant 




été 
fus 




serais 






étais 


* 


fusse 




Près. Ind. 


suis 


es 


est 


sommes 


êtes sont 




Imper. 




sois 




soyons 


soyez 




Près. Subj. 


sois 


sois 


soit 


soyions 


sojriez soient 



35. ffaillir, to fail, just to 
miss 
faudrai or ffaillirai 
faudrais or tfaillirais 

Près. Ind. (faux faux) 
Imper. Wanting 

Près. Subj. Wanting 



tfaiUant 



tfailU 

tfaillis 

ffaillisse 



tf aillais 
faut (tfaiUons ffaiUez) ffaiUent 



36. faire, to make 
ferai 
ferais 



faisant 



faisais 



fait -e 

fis 

fisse 



Près. Ind. fais fais fait faisons faites font 

Imper. fais faisons faites 

Près. Subj. fasse fasses fasse fassions fassiez fassent 



194 



CARNET DE CAMPAGNE 



Pbbs. Inf. 


Pbbs. Fabt. 


Past Pabt. 


Fut. Ind. 




Past Def. Ind. 


Pbbs. Cond. 


Impf. Ind. 


Past Subj. 


37. falloir, to he necessary 




fallu 


il faudra 




il fallut 


U faudrait 


il fallait 


il fallût 



Près. Ind. il faut 
Imper. Wanting 

Près. Subj. il ffaille 



38. 


fuir, to run away 

fuirai 

fuirais 

Près. Ind. fuis 

Imper. 

Près. Subj. fuie 

interdire, to forbid, 


fuis 
fuis 
fuies 


fuyant 

fuyais 
fuit 

fuie 


fuyons 
fuyons 
fiijrions 


fui-e 

fuis 

fuisse 

fuyez fuient 

fuyez 

fuyiez fuient 


39. 


see dire 





40. introduire, to introduce introduisant 
introduirai 
introduirais introduisais 



introduit -e 

introduisis 

introduisisse 



introduis 



introduise 



Présent Indicative 
-duis -duit -duisons -duisez -duisent 

Imperative 
-duis -duisons -duisez 

Présent Subjunctive 
-duises -duise -duisions -duisiez -diûsent 



41. joindre, tojoin (also 
rejoindre) 
joindrai 
joindrais 



tjoignant 
tjoignais 



joint -e 
tjoignis 
tjoignisse 



Prbs. Inf. 
Fut. Ind. 
Prbb. Cond. 



IRREGULAR VERBS 

• 

Près. Part. 



195 

Past Pakt. 
Past Def. Ind. 
Pabt Subj. 



joins 



joins 
joins 



Impf. Ind. 

Présent Indicative 
joint tjoignons f joignez ' f joignent 



Imperative 

tjoignons fjoignez 

Présent Subjonctive 
tjoigne tjoignes fjoigne fjoignions fjoigniez fjoignent 



42. lire, to read (also relire) 
lirai 
lirais 

Pre8. Ind. lis lis 
Imper. lis 
Près. Subj. lise lises 


lisant 

Usais 
Ut 

lise 


Usons 
Usons 
Usions 


lu -e 

lus 

lusse 

Usez Usent 

Usez 

Usiez lisent 


43. mentir, see dormir 







44. mettre, to pui (also re- 
mettre) mettant mis -e 
mettrai mis 
mettrais mettais misse 

' Près. Ind. mets mets met mettons mettez 'mettent 
Imper. mets mettons mettez 

Près. Subj. mette mettes mette mettions mettiez mettent 



45. 


mourir, to die 
mourrai 


mourant 




mort -e 
mourus 




mourrais 


mourais 
Présent Indicative 




mourusse 




meurs meurs 


meurt mourons 
Imperative 


mourez 


meurent 




meurs 


mourons 

Présent Subjonctive 


mourez 






meure meures 


meure mourions 


mouriez 


meurent 



196 



CARNET DE CAMPAGNE 





Près. Inf. 
Fut. Ind. 
Près. Cond. 


Près. Part. 
Impf. Ind. 


Past Part. 
Past Def. Ind. 
Past Subj. 


46. 


mouvoir, to move 
mouvrai 


mouvant 




mû, mue 
mus 




mouvrais 


mouvais 
Présent Indicative 




musse 




meus meus 
meus 

meuve meuves 

naître, to be bom 

renidtre) 
xudtrai 
naîtrais 


meut mouvons 

Imperative 

mouvons 

Présent Subjunctive 

meuve mouvions 


mouvez 
mouvez 
mouviea 


meuvent 
i meuvent 


47. 


(also 

naissant 

naissais 


né -e 

naquis 

naquisse 


• 


nais nais 

nais 

naisse naisses 
offrir, to oger, see 


Présent Indicative 

nidt naissons 

Imperative 

naissons 

Présent Subjonctive 

naisse naissions 


naissez 
naissez 
naissiea 


naissent 
i naissent 


48. 


couvrir 




49. 


ouvrir, to open, se 

paraître, to appem 

paraîtrai 

paraîtrais 


e couvrir 






60. 


r paraissant 
paraissait 


paru -e 

parus 

parusse 



Présent Indicative 
parais parais paraît paraissons paraissez paraissent 

Imperative 
parais paraissons paraissez 

Présent Subjunctive 
paraisse paraisses paraisse paraissions paraissiez paraissent 





IRREGULAR VERBS 


197 




Près. Inf. 


Près. Part. 


Past Part. 




Fut. Ind. 




Past Dbf. Ind. 




Pbbs. Gond. 


Impf. Ind. 


Past Subj. 


51. 


parcourir, see courir 






52. 


partir, see dormir 
plaindre, to pUy 






53. 


tplaignant 


plaint -e 




plaindrai 




tplaignis 




plaindrais 


tplaignais 


tplaignisse 



Présent Indicative 
plains plains plaint tp^aignons fplaignez fplaignent 

Imperative 
plains fplajgaons fplaignez 

Présent Subjunctive 
tplaigne tplaignes fplaigne fplaignions fplaigniez fplaignent 



54. plaire, to pleaae (aiso 
complaire, taire) 
plairai 
plairais 



plaisant 
plaisais 



plu 

plus 

plusse 



Près. Ind. plais plais plait • plaisons plaisez plaisent 

Imper. plais plaisons plaisez 

Près. Subj. plaise plaises plaise plaisions plaisiez plaisent 



55. pleuvoir, to rain 
û pleuvra 
il pleuvrait 

Près. Ind. il pleut 
Près. Subj. il pleuve 



pleuvant 

il pleuvait 

pleuvent 
pleuvent 



plu 
il plut 
il plût 



198 



CARNET DE CAMPAGNE 



Près. Inf. 
Fut. Ind. 
Pbes. Cond. 



Près. Part. 
Impf. Ind. 



56. pouvoir, to he abh, can pouvant 
pourrai 
pourrais pouvais 



Past Part. 
Past Def. Ind. 
Past Subj. 

pu 

pus 

pusse 



Présent Indicative 

peux or puis peux peut pouvons pouvez peuvent 

Présent Subjunctive 
puisse puisses puisse puissions puissiez puissent 



57. prendre, to take (also com- 
prendre, reprendre) prenant 
prendrai 
prendrais 



prenais 



pns -e 

pris 

prisse 



Présent Indicative 
prend prenons prenez prennent 

Imperative 

, prenons prenez 

Présent Subjunctive 
prenne prennes prenne prenions preniez prennent 



prends prends 
prends 



58. provenir, see venir 

59. reconnidtre, see connidtre 

60. reconquérir, see conquérir 

61. recouvrir, see couvrir 

62. rejoindre, see joindre 

63. relire, see lire 

64. remettre, see mettre 

65. renidtre, see naître 

66. renvoyer, see envoyer 

67. reparcourir, see courir 

68. reprendre, see prendre 



IRREGULAR VERBS 



199 



Près. Inf. 
Fut. Ind. 
Près. Cond. 

69. résoudre, to résolve 
résoudrai 
résoudrais 



résous -sous 
-sous 
résolve -solves 

70. revêtir, see vêtir • 

71. rire, to laugh 
rirai 

rirais 



Près. Part. 
Impf. Ind. 
résolvant 

résolvais 



Past Part. 
Past Dbf. Ind. 
Past Subj. 

résolu -e 

résolus 

résolusse 



Présent Indicative 
-sout -solvons -solvez 



-solvent 



Imperative 
-solvons 



-solvez 



Présent Subjunctive 

-solve -solvions -solviez 



-solvent 



riant 



nais 



rit 



ri 

ris 

risse 

rient 



Près. Ind. ris ris rit rions nez 
Imper. ris rions riez 

Près. Subj. rie ries rie riions riiez rient 



72. rompre, to break 
romprai 
romprais 



rompant 
rompais 



rompu -€ 

rompis 

rompisse 



romps 



rompe 



romps 
romps 
rompes 



Présent Indicative 
rompt rompons rompez rompent 

Imperative 

rompons rompez 

Présent Subjonctive 
rompe rompions rompiez rompent 



200 



CARNET DE CAMPAGNE 





Pbes. Inp. 


Pbes. Part. 


Past Part. 




Fut. Ind. 




Past Dbf. Ind. 




Près. Cokd. 


Impf. Ind. 


Past Subj. 


73. 


savoir, to know 


sachant 


su -e 




saurai 




sus 




saurais 


savais 
Présent Indicative 


susse 




sais sais 


sait savons 
Imperative 


savez savent 




sais 


savons 
Présent Subjunctive 


savez 




sache saches 
sentir, see dormir 


sache sachions 


sachiez sachent 


74. 






75. 


servir, see dormir 






76. 


sortir, see dormir 
souffrir, to auffer 




• 


77. 


souffrant 


souffert -e 




souffrirai 




souffris 




souffrirais 


souffrais 


souffrisse 



souffre souffres 
souffre 
souffre souffres 

78. suffire, to he enough 
suffirai 
suffirais 

suffis suffis 



Présent Indicative 
souffre souffrons souffrez souffrent 

Imperative 

souffrons souffrez 

Présent Subjunctive 
souffre souffrions souffriez souffrent 



suffisant 



suffisais 



Présent Indicative 
suffit suffisons 



suffit -e 
suffisis 
suffi sisse 

suffisez suffisent 



IRREGULAR VERBS 



201 



Près. Inf. 


Près. Part. 


Past Part. 


Fut. Ind. 




Past Def. Ind. 


Pbes. Cond. 


Impf. Ind. 
Imperative 


Past Subj. 


suffis 


suffisons 
Présent Subjunctive 


suffisez 


suffise suffises 


suffise suffisions 


suffisiez suffisent 


79. suivre, to foUow 


suivant 


suivi -e 


suivrai 




suivis 


suivrais 


suivais 


suivisse 



Près. Ind. suis suis suit suivons suivez suivent 

Imper. suis suivons suivez 

Près. Subj. suive suives suive suivions suiviez suivent 

80. taire, to he aUentf see plaire 



81. tenir, to hold (also con- 
tenir) tenant 
tiendrai 
tiendrais tenais 



tenu -e 
tins, tinmes 
tinsse 



Près. Ind. tiens tiens tient tenons tenez tiennent 

Imper. tiens tenons tenez 

Près. Subj. tienne tiennes tienne tenions teniez tiennent 



82. ttressaillir, to 8tor^, 
tremble 
ttressaillirai 
ftressaillirais 



ttressaillant 
ftressaillais 



ttressailli -e 

ttressaillis 

ftressaillisse 



Présent Indicative 
ftressaille f-sailles f-saille f-SAillons f-saillez f-saillent 

Imperative 
ftressaille t-s^illons f-saillez 

Présent Stibjunctive 
ftressaille f-sailles f-saille f-saiUions f-sailliez f-saillent 



202 



CARNET DE CAMPAGNE 



Pbbs. Imf. 

Ï*UT. InD. 

Pbes. Gond. 

83. vaincre, to conquer 
vaincrai 
vaincrais 



Pbbs. Pabt. 
Impf. Ind. 
vainquant 

vainquais 



Past. Pabt. 
Past Def. Ind. 
Pabt Subj. 

vaincu -e 

vainquis 

vainquisse 



Présent Indicative 
vaincs vaincs vainc vainquons vainquez vainquent 

Imperative 
vaincs vainquons vainquez 

Présent Subjonctive 
vainque vainques vainque vainquions vainquiez vainquent 



84. valoir, to be vxnih 
vaudnd 
vaudrais 



valant 



valais 



valu -e 

valus 

valusse 



Près. Ind. vaux vaux vaut valons valez valent 

Imper. vaux valons valez 

Près. Subj. Iraille Irailles Iraille valions valiez fvftillent 



85. venir, U> corne (also de- 
venir, provenir) venant 
viendrai 
viendrais venais 



venu -e 

vins, vint, vinmes 

vinsse 



viens 



viens 



viens 



vienne viennes 



Présent Indicative 
vient venons venez 

Imperative 

venons venez 

Présent Subjunctive 
vienne venions veniez 



viennent 



viennent 



IRREGULAR VERBS 



203 



Pbes. Inf. 
Fut. Ind. 
Près. Cond. 



Près. Part. 
Impf. Ind. 



86. vêtir, to dothe (also dé- 
vêtir, revêtir) vêtant 
vêtirai 
vêtirais vêtais 



Past Part. 
Past Def. Ind. 
Past Subj. 



vêtu -e 

vêtis 

vêtisse 



Près. Ind. vêts vêts vêt vêtons vêtez vêtent « 

Imper. vêts vêtons vêtez 

Près. Subj. vête vêtes vête vêtions vêtiez vêtent 



87. vivre, to Vive 
vivrai 
vivrais 

Près. Ind. vis 

Imper. 

Près. Subj. vive 

88. voir, U> aee 
verrai 
verrais 

Près. Ind. vois 

Imper. 

Près. Subj. voie 





vivant 




vécu -e 
vécus 




vivais 




vécusse 


vis 


vit 


vivons 


vivez vivent 


vis 




vivons 


vivez 


vives 


vive 


vivions 


viviez vivent 




voyant 


vu -e 








vis 




voyais 




\ visse 


vois 


voit 


voyons 


voyez voient 


vois 




voyons 


voyez 


voies 


voie 


voyions 


voyiez voient 



89. vouloir, to wish 
voudrai 
voudrais 



voulant 



voulu -e 
voulus 
voulais voulusse 

Présent Indicative 

veut voulons voulez 

Imperative 
tveuille or veux Ireuillons Iveuillez 

Présent Subjonctive 
tveuille Ireuilles fveuille voulions vouliez fveuillent 



veux 



veux 



veulent 



ABBREVIATIONS 



abfarev. 


abbreviation 


inf. 


infinitive 


adj. 


adjective 


intj. 


interjection 


adv. 


adverb 


TAt. 


Latin 


aux. 


auxiliary 


ItaL 


Italian 


compar. 


comparative 


m. 


masculine iioun 


oond. 


oonditional 


neg. 


négative 


oonj. 


oonjunction 


num. 


numéral 


def. 


definite 


obs. 


obsolète 


dÎRJunc. 


diRJunctiye • 


part. 


participle 


Eng. 


English 


pers. 


per8on(al) 


f. 


féminine noun 


pi. 


plural 


fut. 


future 


posa. 


possessive 


imper. 


imperative 


près. 


présent 


impers. 


impersonal 


pronom. 


pronominal 


impf. 


imperfect 


subj. 


subjunctive 


ind. 


indicative 


syU. 


syllable 



Pronunciation, dérivation, origin, or anomalies in verb formar 
tion are indicated in brackets. The pronunciation is indicated 
by respelling; the letters hère hâve their French values. Note 
especially: i) is the sign of a nasal vowel (m however is to be 
pronounced); consonants which the student might take for 
silent letters, are doubled; mute e is retained, a full e having 
either the acute or the grave accent. '. 

In the words preceded by the sign f the l or U after the i 
should be given the ''liquid'' sound, for example t^Ue; hère the 
U Sound is net heard. The same sign is used before words con- 
taining gn^ and shows that the ^ is to be sounded like ny in 
canyon. 

In the words preceded by the sign % the ch has the sound of h. 



204 



VOCABULARY 



a has; eee avoir 

à to, in, at, with, into, within; 
by; from; on; according to; 
— peu près almost 

abandonner to leave, désert 

abattement m. prostration; de- 
pression, déjection 

abattre to bring down, throw 
down, strike down, eut down 
beat down, lay; fill; depress; 
s' — to f ail, burst, alight, fire 

abbé-infirmier . m. hospital 
priest 

abîme m, abyss, pit; mine 

abîmer to sink; lose, destroy; 
damage, cmsh, wipe out, eut 
to pièces 

abominable abominable 

abondamment generously 

abondant -e abundant, pro- 
fuse, copions 

abord m. access; d' — at first 

aboutir to end 

aboyer [oi hefore mvie ayU.; 
note also aboyions, aboyiez] 
to bark 

abri m. shelter, cover, refuge; 
dugout; à V — sheltered; 
à 1* — de away from, pro- 
tected from 



abriter to shelter, shield, screen, 
hide 

absolu -e positive, peremptory ; 
complète 

absolument positively 

accabler to overwhelm, over- 
power, crush; cast down, 
depress, discourage 

accéder [ce hefore mute final 
syU,, but accéderai(s), etc.] 
to consent, agrée; bave ac- 
cess to, arrive at, go; reach; 
get in 

accentuer to accent; s' — to 
become marked 

accepter to take, accept 

accès m. access 

t accompagner to accompany, 
attend 

accomplir to do, finish; per- 
form 

accordéon m. accordion 

accoupler to pair off, assign in 
pairs 

accourir, accourant, accouru to 
nm, run up, hasten, hurry, 
rush 

t accueil m. réception, welcome, 
greeting 

t accueillir, accueillant, accueil- 
li, to receive, welcome, greet 



205 



206 



CARNET DE CAMPAGNE 



accumuler to bring together, 
ajnaaa 

acheter [chè be^ore mule syU.\ 
tobuy 

achever [chè hefore mute syU.\ 
to finish, end, conclude; kill 

acier m. steel 

acoustique acoustic; m. aoous- 
ticS| science of sound 

acquérir, acquérant, acquis 
[près, j'acquiers, fut. j'ac- 
querrai] to acquire, obtain, 
get 

acte m. document; act 

acti-f -ve active, busy 

action/, action, movement 

activité /. activity, action 

adieu intj, or m. {pL adieux) 
farewell, good-by, adieu 

adjudant m. adjudant {no 
équivalent in English) 

admirable beautiful 

admirati-f -ve admiring 

admirer to admire 

adopter to adopt 

adorable admirable 

adorer to adore 

adresse /. address; à 1' — de 
directed toward, meant for 

adresser to speak (to), ad- 
dress 

advenir, advenant, advenu 
[ueed ordy in 3 père, and inf.] 
to happen, occur, corne, 
chance, come to pass; be- 
faU 



adversaire m. opponent; adj. 

hostile 
adverse opposite; hostile 
aérien {or aë-) -ne in the air 
aéro {or aë-) m. airplane 
aéroplane {or aë-) m. airplane 
affabilité/, affability 
affahre /. affair, matter, thing, 

case, business 
affecter to affect, move, trouble; 

touch; assign; assume; send; 

take; appropriate 
affirmer to assert 
affolant -e maddening 
affolement m. panic, dérange- 
ment 
affreusement frightfully 
affreu-x -se frightful, terrible 
agacer [ç hefore a or o] to irri- 

tate, tonnent, amioy 
agir to act, do, work, be in 

action; s' — (de) to be a 

question (of ) 
agitation/, stir 
agité -e agitated; brisk; excit- 

ing 
agrandir to enlarge, make 

larger 
agréable pleasant, good 
agrément m. consent, approval, 

favor; pleasure 
ahuri -e confused 
aide/, help 
aider to help 
aie see avoir 
aïeule/, grandmother 



VOCABULARY 



207 



aigtt-ë sharp 

f aiguille/, needle 

aile /. wing 

ailette /. wing, ailette; apron 

tailleurs elsewhere; somewhere 
else; another way; d' — 
from somewhere else; be- 
sides, also; nevertheless, 
however, af ter ail 

aimable génial, courteous; 
à V — as suited them, etc, 

aimablement cordially 

aimer to love, like; — mieux 
to prefer 

ainsi thus; -^ que as, so as, as 
well as; like 

air m. air, wind; look, appear- 
ance; manner, way; tune, 
pièce; prendre V — to take 
the air, go out for a stroll 

aise /. ease 

aisé -e easy 

aisément easily 

ajouter to add 

alarmer to alarm, frighten; 
s' — to take alarm, be fright- 
ened 

album [-bom] m. picture book 

alcool [-col or -co-ol] m. aloohol 

alentour around, about; d' — 
surrounding, of the neigh- 
borhood, of the vicinity 

alentours m. pL neighborhood 

alerte /. alarm, waming; dan- 
ger signal 

t aligner to fall in. Une up 



allemand m. German (lan- 

guage) 
Allemand m. German 
allemand -e German 
aller, allant, allé {aux. être) 

to go; s'en — to go (away); 

clear out 
allonger [ge hefore a or o] to 

lengthen, stretch out, lie; 

delay; — sur to slacken 
allons (aee aller) come now! 

oh well! 
allumer to light 
allure/, gait, pace, movement; 

manner, way, behavior; à 

— s de, like 
alors then; — que while 
alouette /. lark 
alourdi -e heavy, burdened; 

weighed down 
alourdir to make heavy, grow 

heavy; slow down 
alternative /. altemation 
alterner to altemate 
aluminium [-om] m. aluminum 
altuninum [-nom] m. almninum 
amas m. heap 
ftme /. soûl, mind 
améliorer to improve 
aménager [ge before a or o] to 

make over, arrange, fit, fit 

up; to prépare a position to 

resist attack, etc, 
amener [mè hefore mute syU.] 

to lead, take, bnng up; 

draw out 



208 



CARNET DE CAMPAGNE 



Amérique /. the United States 
ameublement m. f umiture 
ami m. friend 
ami -e f riendly 
atnmAfiiaf^i -e of ammonîa 
amorcer [ç h^ore a or o] to 

open, lead 
amour m. love 
amuser to amuse; s' — to 

amuse oneself , hâve a good 

time; bave fim; s' — de to 

enjoy 
analogue similar 
ancien -ne former; ex-, old 
anéantir to annihilate; de- 

stroy; ruin 
'Anglais m, Englishman, p2. 

English 
angoisse/, anguish 
animal -e animal; m. (p2. ani- 
maux) animal • 
animer to animate; s' — to be- 

come animated; bestir one- 

self ; take courage 
année/, year 
annoncer [ç h^ore a or o] to 

tell, show, give, lead 
annuler to coimtermand 
anodin -e soothing 
antique old, ancient 
août [ou] m. August 
apaiser to quiet, soothe; s' — 

to subside 
apercevoir to see; s' — to find 

out; s'en — to become 

aware (of that) 



aperçus see apercevoir 

aplanir to smooth out 

aplatir to flatten 

apôtre m, apostle 

apparaître, apparaissant, ap- 
paru to appear 

t appareil m. apparatus; in- 
strument 

apparent -e visible 

appartement m. flat, apartment 

appartenir, appartenant, ap- 
partenu to belong 

appel m. roU call 

appeler [11 l^ore mute syll.] to 
call, name 

applaudir to applaud 

apporter to bring 

apprécier to value, esteem 

apprendre, apprenant, appris 
(à) to leam; teach; infonn 

approfondir to deepen 

approuver to approve 

approvisionnement m. supply 

approximati-f -ve fairly accu- 
rate 

appuyé -e leaning 

après after; d' — by 

après-midi m. aftemoon 

arbre m. tree 

arbuste m. shrub 

arc m. arch, arc, bow 

arc-bouter to support; s' — to 
stiffen oneself 

architecture /. architecture 

ardent -e buming; fervent, 
sincère; eager 






k 



VOCABULARY 



209 



ardeur/, enthusiasm 
aristocratie [-kra-si] /. arîstoc- 

racy 
arme /. gun, weapon, arm 
année/, army 
armer to arm, equip 
arracher (à) to extort or wring 

(from); bring back; rouse 
arranger [ge hejare a or o] to 

arrange; s' — to settle it 
arrêt m. hait 
arrêter to stop; s* — to stop, 

come to a stop 
arrière m. rear; back; à V — 

de behind; en — back 
arrière-front m. behind the 

front 
arrivée/, arrivai • 

arriver {avx, être) to arrive, 

come, be.coming; succeed 
arroser to shower, sprinkle, 

moisten; s* — to be a case of 

"treat" 
article m. article, story 
artifice m. art; contrivance; 

feu d' — firework 
t artillerie /. artillery 
t artilleur m. artilleryman, gmi- 

ner 
artistique artistic 
ascension/, ascent, trip 
aspect [as-pè, hejme a vowel 

Sound as-pèk] m. appear- 

ance 
asphyxiant -e asphyxiating 
asphyxié -e asphyxiating 



asphyxier to sufFocate; s' — to 

be suffocated 
aspirant m. probationèr 
aspiration/, aspiration 
aspirer to snufF, inhale; — à to 

hope for, long for 
t assaillant m. assailant 
assassin m. assassin 
assassinat m. murder 
assaut m. assault, attack 
assez enough 
assis -e sitting, seated 
assister to be présent 
assourdi -e dull, dead, muffled 
assourdir to stun 
assourdissant -e deaf ening 
assourdissement m. deafening, 

stimning, din, noise 
assuré -e confident 
assurer to assure, make sure 

of 
atmosphère/, air 
atrocité /. atrocity 
attaque/, attack 
attaquer and s' — à to attack 
attarder to delay; s' — to stay 

late, be belated 
atteindre to reach, touch, hit 
attendre to wait (for); expect; 

s' — à to be prepared for; 

en attendant meanwhile 
attendri -e tender 
attente /. wait, delay 
attenti-f -ve attentive 
attention/, attention; faire — 

to pay attention, listen 



210 



CARNET DE CAMPAGNE 



atténuer w s' — to weaken, 

diminish 
attirer to attract, draw 
aube/, dawn 
aubépine/, hawthom 
aucun -e any, either; any one, 

anybody; no; none; (lised 

wiXh a neg.) not one 
au delà beyond 
au-dessus and — de above 
au-devant de before, in front 

of 
augmenter to increase; s' — to 

grow 
aujourd'hui tbday 
auparavant beforehand, pre- 

viously 
auprès and — de to, near 
aurais, aurait, aurions, etc., see 

avoir 
auréole /. halo, crown of glory 
aurore/, dawn 
aussi also, too; thus 
aussitôt immediately; — que 

as soon as 
autant as much, as many, as 

far, as long 
autel m. altar 
auto m. automobile 
autobus m. or /. motor bus 
automate m. automaton 
automatique mechanical 
automatiquement automatic- 

ally 
automobile m. or /. automobile 
autorisation/. Ucense 



autoriser to allow 

autour and — de around 

autre other 

autruche /. ostrich; blockhead 

avalanche /. avalanche 

avance /. advance; par — and 

d' — beforehand 
avancé -e advanced, forward 
avancer [ç hefore a or o] and 

s* — to advance, come up, 

go, go on 
avant forward; before; en — 

before, forward; de 1' — for- 
ward; m. front 
avant-coureu-r -se forewam- 

ing, waming 
avant-propos m. préface 
avarie^/, economy 
avec with 

aventure/, adventure 
s'aventurer to venture 
averse /. downpour 
avertir to inform 
avidité/, eagemess 
avion m, aéroplane; airplane; 

plane 
avions see avoir 
avoir to hâve; en — assez to 

hâve enough; — froid to be 

cold; — lieu to take place; 

— peur to be afraid; — 

sommeil to be sleepy; — 

tort to be wrong 
avril m. April; poisson d' — 

April f ool fish 
ajrions see avoir 



VOCABULARY 



211 



B 

bague /. ring 

bain m. bath 

bidtonnette /. bayonet 

baiser m. kiss 

baissé -e lowered; hanging 

baisser or se — to lower, drop, 

fall, go down; be lowered 
balle/, bail, bullet 
ballon m. balloon 
ban m. ban, order, notice 
banc m. bench, seat 
bande /. band 

banlieue/, suburbs, outskirts 
banni -e baBished 
bannière /. banner 
baptême m. baptism 
baraque /. but 
barbare odi. or m. savage 
barbarement barbarously 
barbarie /. barbarity, cruelty 
barbe/, beard 
barbelé -e barbed 
barboter to wade, flounder 
barrage m. barrage fire 
bas m. lower part; en — below 
t bataille/, battle 
t bataillon m. battalion 
bâtiment m. building 
bâton m. club, staff, stick 
battement m. beat(ing) 
batterie /. battery 
battre to beat; bombard; se — 

to fight 
battu -e beaten; terre — e clay, 

adobe 



battue /. hunt 

Bavarois m. Bavarian 

Bavière/. Bavaria 

beau (bel), belle beautiful; 
faire — to be fine weather 

beaucoup much, many; a great 
deal 

belle 866 beau 

bénédiction/, blessing 

bénir to bless; conduct services 

bercement m, rocking (in a 
cradle), swinging 

t besogne /. duty, task 

besoin m. need, want; avoir — 
de to need 

bête/, beast; adj. stupid 

bêtement stupidly 

bibelot m. gewgaw, trinket 

bickford [Eng,] m, explosive 
charge; adj. Bickford 

bidon m. canteen 

bien well; comfortable; quite; 
— que although; — de 
many; much; — entendu 
you may well believe, ete. 

bientôt soon 

bienvenu -e welcome 

bienvenue /. welcome; sou- 
haiter la — to welcome 

bikford 866 bickford 

t billet m. note 

biscuit m. cracker 

bivouac m. camp 

bivouaquer to camp 

blafard -e dim, dull, pale, pal- 
Ud 



212 



CARNET DE CAMPAGNE 



blague /. tobacco pouch; joke, 

jest 
blanc, blanche white 
blêmir to tum pale; — encore 

to make paler still 
blessé m. wounded (man) 
blesser to wound, hurt 
blessure /. wound 
bleu -e blue 
bleuâtre blue, bluish 
blindé -e armored; métal — 

sheet métal 
blottir or se — to squeeze 
Boche [soîdier ^^slang'^] m. Ger- 

man 
boche [soldier "slang"] adj, 

Gennan 
bœuf m. ox; beef 
boire, buvant, bu to drink 
bois m. wood; forest, grove; 

de — wooden 
boisson m. dnnking; beverage, 

drink 
boîte /. box 
bombardement m. bombard- 

ment 
bombarder to bombard 
bombe/, bomb, shell 
bon -ne good; cordial; amiable; 

faire — to be good or pleas- 

ant; de — ^ne heure early; 

à quoi — of what use? 
bonbon m. candy 
bond m. leap 
bondir to leap 
bonheur [bo-neur] m. happiness 



bonnet m. hat 

bord m. edge 

borné -e oonfined 

bosquet m. grove, thicket 

bouche/, mouth 

bouché -e sealed, oorked 

boucher to make openings in 

bouchon m. cork, stopper 

boue/, mud 

boueu-x -se muddy 

bouffée/, puff ; scrap, bit 

bougie /. candie 

t bouillir, bouillant, bouilli to 

boil 
t bouillon m. soup, 
bouleversé -e broken down, 

leveled 
bouleverser to break down, 

overwhelm 
bourbeu-x -se muddy 
bourdonnement m. sound, re- 

sounding; roaring, hum 
bourdonner to hum; sound 
bourgeois [bour-joi] m. citizen, 

burgher 
bourrasque/, flurry 
bourrer to stuff, put in a 

charge 
bousculer to jostle, bump 

against 
bout m. end; à — portant point 

blank, at short range; à — 

gone; exhausted; à — de 

forces exhausted; au — de 

after 
t bouteille /. bottle 



VOCABULARY 



213 



boutique /. shop 

boutoir m. knife 

bouton m, button 

boyau m, communication 

trench 
brancard m. stretcher 
brancardier m. stretcher bearer 
branchage m. branches, brush 
branle-bas m. confusion; — de 

combat clearing for action 
bras m. arm 

brasero m. brazier, stove 
brave {after the noun) brave; 

(hefore the noun) worthy 
braver to brave, defy 
bravoure /. bravery, gallantry 
brèche /. breach 
bref, brève short 
bretelle /. suspender, strap; 

à la — carried by the strap 
brigade /. brigade 
t briller to glisten 
briquet m. steel, flint and steel 
briser to break 
broderie /. embroidery 
broncher to flinch 
brosse/, brush 
t brouillard m. fog, mist 
bruit m. noise, sound; gossîp, 

rumor 
brûler to bum; be eager 
brumeu-x -se foggy 
Brun m. Brun, a siuname 
brusquement suddenly 
brutal -e brutal, senseless; 

severe 



brute/, brute • 

bruyant -e loud 

bu see boire 

bureau m. {pi. bureaux) office 

bus see boire 

but m. aim, goal; end, purpose; 

destination 
but see boire 
butin m. plunder, booty 
butte /. ridge, hill 
buvant see boire 



çà hère; — et là hère and 

there 
ça contraction of cela that 
cabane /. hut 
cache-nez [-né] m. muffler, 

scarf 
cacher (à) to hide (from) 
cadavre m. body, oorpse 
cadeau m, présent 
café m. coffee 
fcagna/. dugout 
cahot m. jolt 
cahoter to jolt 
cahute /. shed 
caisse /. box; fund 
calibre m. caliber 
calme quiet, calm, peaceful; 

m. quiet, calm 
calvaire m. Calvary; agony 
camarade m. conu*ade 
camion m. truck 
camoufler to imitate, **fake''; 

countermine 



214 



CARNET DE CAMPAGNE 



Camp m. camp; — d'instruc- 
tion training camp 
t campagne /. country, field; 

campaign 
canal m. canal, channel 
candélabre m. candlestick 
canon m. barrel; cannon, gmi 
canon-révolver [-vèrr] m. rapid- 

fire gun 
canoter to canoë 
cantine /. officer's chest 
cantique /. hymn 
cantonnement m. cantonment 

(pronounce can'tonment, 

cantone'ment, or [Eng.] can- 

toon'ment) 
cantonner to camp 
caoutchouc [kou-tchou] m. rub- 

ber 
capitaine m. captain 
capitale /. capital (city) 
caporal {pL caporaux) m. cor- 

poral 
capote /. cloak (with hood), 

overcoat 
capti-f -ve captive 
capturé -e taken 
capucin m. Capuchin friar 
car conj. for 
caractère m. characteristic, 

character 
carboniser to bum to death 
carnet m. notebook 
carré m. square 
carrefour m. crossroads 
carte /. map; postcard 



carton m. pasteboard 

cartouche/, cartridge 

cartouchière /. cartridge box 

cas m. case 

casque m. helmet 

cassé -e broken 

casser to break; — la croûte 

to hâve a "bite" to eat 
cathédrale /. cathedral 
cauchemar m. nightmare 
cause /. cause; à — de on 

account of, etc. 
causer to talk 
causerie/, conversation 
cavalerie/, cavaby 
cave /. cave; excavation, cellar 
caverne /. cave 
cavité/, hollow, dépression 
ce (cet), cette, pi. ces this, 

that, it, he, she, they, those 
ceci this 
ceinturon m. belt 
cela that, it 
célérité /. speed 
celles-ci see ceci 
celui, celle, pi. ceux, celles 

that, the one(s); he, she, it 
cent hundred 
centaine /. hundred or so 
centimètre m. centimeter 
centre m. center 
cependant however; — que 

while 
cercle m. circle 
t cercueil m. cofi&n 
cérébral -e brain, of the brain 



VOCABULARY 



215 



cérémonie/, ceremony 

certain -e a, certain; pi, some 

certainement surely 

cesse /. ceasing, rest; sans 
— inceBsantly, constantly; 
avoir de — to stop 

cesser to stop 

c'est-à-dire that is 

ceux see celui 

ceux-ci the latter, they, thèse 

ceux-là the former, those 

chacun each (one), every (one) 

chagrin m. grief, sorrow, anger 

chaise /. chair; — longue 
steamer chair 

chaleur/, heat 

Chàlons Chalons 

chambre /. room 

champ m. field, plain 

t Champagne [chai)-] m. Cham- 
pagne (wine) 

t Champagne /. Champagne 

champenois [chai)-] -e Cham- 
pagne, of Champagne 

chance/, lucls; good luck 

chanceler. [11 hefore mute syîl.] 
to totter, réel 

chandelle/, candie, light 

change m. change; donner de 
or le — to mislead, deoeive; 
en — altemating 

changement m. change; dif- 
férence; en — changing 

changer [ge hefore a or o] or 
changer de to change 

chant m. song 



chanter to sing 

I chaotique chaotic, rough 

chapitre m. chapter 

chaque each, every 

charbon m, carbon, charcoal; 
— de bois, charcoal 

charger [ge hefore a or o] to 
charge, load; instruct; as- 
sign; entrust; se — de to 
hâve charge of, see to; se — 
to take charge 

charmant -e agreeable 

charme m. charm 

charnier m, morgue 

charrette /. dray, cart 

chasser to hunt, pursue; drive 
away 

château m. château, country 
house, manor house; castle 

chatoyant -e brilliant; shim- 
mering 

chaud -e warm; au — warm, 
jBirarmly 

chauffer to heat, warm 

chaussure/, boots, shoes 

cheddite /. cheddite (explo- 
sive) 

chef [chef] m, head, chief; 
leader 

chemin m. road; — de fer 
railroad; faire du — to go 
quite a distance; gain ground 

cheminée/, fireplace 

chemise /. shirt 

cher, chère dear 

chercher to hunt for 



216 



CARNET DE CAMPAGNE 



cheval (pi. chevaux) m. horse; 

— de frise cheval-de-frise 
chevalet m. trestle, horse, rest, 

support 
chevet m. cot 

cheveu (pL cheveux) m. hair 
chez [ché] at — 's home, etc.; 

with, among, at, by, iii(to) 

— 's house or quarters; to; of 
chiendent [chi-ii)-dai)] m. 

couch grass 
choc m. shock 
chocolat m. chocolaté 
I chœur m. chorus 
choir to fall 
choisi -e choice 
choisir to choose 
chose /. thing; grand' — much 

of anything 
chou-fleur {pi. choux-fleurs)/. 

cauliflower 
I chronologiquement in chrono- 

logical order $ 

chuchoter to whisper 
chut see choir 
chute /. fall 
ci hère; de — hère 
ci-après following 
ciel ipl. ciels or cieux) m. sky 
cigarette /. cigarette 
cimetière m. cemetery 
cingler to lash, eut, whip 
circonstance/, condition 
circuler to be circulated, pass 
cité -e named, cited 
citoyen m. inhabitant 



civil -e polite 

civilisé -e civilized 

clair -e clear; au — drawn, set, 

fixed 
clairon m. bugle, bugler 
clairsemé -e sparse, scattered 
clamer to exclaim; insist 
clapet m. valve; trigger 
claquement m. noise, shot 
classe /. class 

classique classic(al); m. classic 
din m. twinkling 
clocher m. tower 
cm. ahbrev. for centimètre (s) 
cocarde m. cockade 
cœur m. heart; courage; de 

grand — in high spirits 
coffre m. trunk 
coiffeur m. barber 
coin m. corner 
colère/, anger 
colis m. parcel 
collaboration/, coopération 
collège m. school 
collègue m. colleague, asso- 

ciate 
collme/. hill 
colonel m. colonel 
colonne /. column 
combat m. fight, skirmish; 

action, engagement 
combattre to fight 
combien how much, how many 
combiné -e combined, imani- 

mous; systematized, prear- 

ranged 



VOCABULARY 



217 



combler to heap, fill 
comique fmmy, comic 
commandant m. major, com- 

manding offîcer 
commandement m. command; 

officers; order; de — ordered, 

at command 
commander to command 
comme as, when, while; like; 

for 
commencement m. beginning 
commencer [ç hefore a or o] to 

begin 
comment how 
commode conmiodious, pleas- 

ant; easy to deal with 
commodément easily, com- 

fortably 
commotion /. commotion, 

shock 
communication /. commimica- 

tion; boyau de — conmiimi- 

cation trench 
communiqué m. bulletin 
communiquer to inform, in- 

still, report, transmit 
t compagne/, companion 
t compagnie/, company 
t compagnon m. companion, 

comrade 
comparaison (de) /. compari- 

son 
compartiment m. compart- 

ment, room 
compatriote m. fellow country- 

man, own man 



complaire, complaisant, com- 
plu to please; se — dans to 
take delight in 

complet -été complète; full, 
no room 

compléter [d before final mute 
syll.f but compléterai (s), etc.] 
to complète 

compliqué -e intricate, diffi- 
cult, complicated 

comporter to oonduet 

composer to compose; se — 
(de) to oonsist (of ) 

compréhensible compréhen- 
sible 

comprendre, comprenant, 

compris to understand 

compte [koi)-te] m. (ac)count; 
— rendu report; se rendre 
— de to look over, size up, 
observe, notice 

compter [koi)-té] (sur) to count. 
(on) ; plan, expect 

concernant -e conceming, 
about 

concert m. concert; de — si- 
multaneously 

concevoir, concevant, conçu 
to imagine; se — to be un- 
derstood or compréhensible 

concours m. aid; contest, com- 
pétition 

condamnation [-da-na-si-oi)] /. 
sentence; conviction 

condamné [-da-né] m. culprit, 
guilty 



218 



CARNET DE CAMPAGNE 



condamner [-da-né] to oon- 
demn 

condensé -e condensed 

conduire, conduisant, conduit 
to lead, take, conduct 

conduite /. conduct, behavior 

confectionner to make 

conférer [fè hefore mute sylL] 
to conf er 

confiance /. confidence 

confident m. confidant 

confier to confidci entrust 

confondre to confuse; se — to 
be confused; mingle 

confort m. comfort 

confortable comf ortable 

confortablement comfortably 

confusément conf usedly 

congé m. leave 

congestion/, congestion 

connaissance/, knowledge, ac-, 
quaintance; attainment; 
consciousness; prendre — to 
make oneself acquainted 

connaître, connaissant, con- 
nu to know, be acquainted 
with 

connu -e known 

conquérir, conquérant, con- 
quis to take 

conquises see conquérir 

consacré -e devoted 

conscience /. consciousness; 
prendre — to become aware 

consciencieusement conscien- 
tiously 



conscient -e conscious; awake 
t conseil m. oouncil 
consentir to consent 
conséquence /. conséquence, 

resuit 
conserve /. préserve; bœuf de 

— canned beef 

t consigne/, duty, orders 
consister (à or en) to consist 

(of) 
consoler to console 
consteller to spot, fieck 
constitué -e established 
construire to build 
consulter to consult 
contact m. contact, touch 
contenance/, face; faire bonne 

— to take it coolly or sto- 
ically 

contenir to contain, confine; 

limit 
content -e (de) pleased, 

happy 
contentement m. joy 
contenter to content; se — de 

to be satisfied with 
conter to tell 
continu -e continuons 
continuer to continue 
contorsionné -e twisted 
contourné -e winding 
contraire m, opposite; au — on 

the contrary 
contrairement contrary 
contraste m. contrast 
contrat m. contract 



VOCABULARY 



219 



contre against; in retum; to 

prevent; par — to make up 

for that 
contre-attaque /. counterat- 

tack 
contre^ttaquer to counter- 

attack 
contrée /. country 
contre-mine /. countermine 
contrôler to examine, inspect, 

check 
conversation/, talk 
converser to talk 
conviction/, belief 
convoi m. procession, train, 

convoy, wagon train 
convoiter to covet 
copier to imitate 
copieusement liberally, abun- 

dantly 
copieu-x -se abundant 
coq m. rooster 
cordial -e cordial 
cordon m. fuse 
corps [kor] m. body; troop, 

corps; faire — avec to be a 

part of 
corps-à-corps m. hand to hand 

fight 
correct -e correct 
correctement properly 
correspondance /. correspond- 

ence 
corvée /. squad, work-party; 

gangwork 
costume m. imiform 



côte/, rib; hill, slope 

côté m. side; direction; à — de 
beside; d'un — in one direc- 
tion; d'à — adjoining, adja- 
cent, next; du — on the , . . 
side 

coteau m. slope 

cou m. neck 

couche/, bed, layer 

couché -e lying, laid, placed 

coucher to lay; put to bed; 
se — to lie down 

couchette /. bunk, cot 

coude m. elbow 

coudre, cousapt^ cousu to sew; 
à — sewing 

coulé -e past 

couler to flow 

couleur /. color 

coup m, blow, stroke; shot; 
blast; thrust; — d'œîl 
glance; tout à ^- ail at 
once 

coupe/, eut, plan 

couper to eut (off) 

couple m. couple 

cour/, court, yard 

courage m. courage 

courant m, current, course 

courbature /. stiffness of the 
joints 

courbé -e bent; — en deux 
bent double 

courir, courant, couru to nm; 
be current 

cours [kour] m. course 



220 



CARNET DE CAMPAGNE 



course /. sprint; flight, course 

courtoisie /. politeness 

courus see courir 

couteau m. knife 

coûter to cost 

coûteu-x -se costly 

coutume m. custom; de — 

usual 
couvert -e covered 
couverture /. bedclothes, blan- 

ket 
couvrir to cover 
cracher to spit 
craie /. chalk 
t craignîmes 8ee craindre 
craindre to fear 
fcrapouillaud or fcrapouillot 

m. trench mortar 
créneau (pL créneaux) m. loop- 

hole 
crépiter to crackle, patter 
crépuscule m, dusk, twilight 
creuser to dig 
cri m. cry; complaint 
crihlé -e riddled 
crier to shout, cry out, shriek 
critique critical 
croire, croyant, cru to be- 

lieve 
croisement m. passing 
croiser to meet, pass, cross 
croisser to increase 
croître to grow; increase 
croix/, cross 
crosse /. butt 
crotte/, mud 



crotter to spatter 

croûte/, crust 

cube m. block, lump 

cuire, cuisant, cuit to cook, 

beat; bum 
cuisine /. kitchen; de — cook- 

ing 
cuisinier m. cook 
cuisse /. thigh 
cuivre m. copper 
culbuté -e thrown down 
cul-de-jatte m. tnmk (of a 

body) 
culot m. metallic end or tip 
Cuperly Cuperly 
cuvette /. basin 



f d'ailleurs see ailleurs - 
dame /. lady; pi. checkers 
danger m. danger 
dangereu-x -se dangerous 
dans in(to)i to, through, with, 

out of, from, between 
danse /. dance 
Dardanelles/, pi, Dardanelles 
davantage more, still more, 

f urther, any longer 
de of, from, out of, in, with, 
by, on, upon, for; than; in 
conséquence of ; — ci hère; 
— là there 
t débarbouiller to shave 
débarquement m. disembarca- 
tion, vmloading 



VOCABULARY 



221 



débarquer to detrain, unload 
débarrasser to empty, rid, 

clear 
débouchoir m. pin 
debout standing, up 
t débrouillard m. extricator, 

man in a pinch 
début m. beginning 
deçà this side 
déceler [ce hefore mute sylL] 

to reveal, betray 
décès [désè] m. death 
décharger [ge before a or o] to 

fire 
déchaussé -e unshod 
déchiffrer to decipher 
déchiqueté -e mangled, broken, 

shattered 
déchiqueter [tt hefore mule 

8yU.\ to shatter 
déchiré -e tom 
décidément surely 
décider to décide; make one 

décide; persuade 
dédancher tp release; set in 

motion 
déclarer to déclare 
décliner to go down, set 
décoller to disengage 
décombres m. pi, rubbish 
décoration/, décoration 
décorer to decorate 
découvert -e exposed, unpro- 

tected 
découvert m. discovery; à — in 

the open 



découvrir to discover; — 

(mieux) la vue to bave a 

(better) view 
décrire, décrivant, décrit j;o 

describe 
défendre (à or de) to défend; 

(à) forbid 
défense /. défense; — de 

sortir order not to go out 
défenseur m. defender 
défensi-f -ve défensive 
défilé m. passage; — devant 

march past 
défiler to go 
définition /. définition; par — 

as a matter of course 
défoncé -e eut up; destroyed 
dégager [ge hefore a or o] to 

free 
dégringoler to tumble down; 

throw down 
dehors outside; du — from 

outside; au — outside 
déjà already 
déjeuner m. breakfast 
delà or au — , au — de beyond 
délabré -e in ruins 
se délecter à to take pleasure 

in, enjoy 
délicat -e dainty; considerate 
délices m. pi. pleasure; rap- 

ture(p) 
délicieu-x -se delightful 
délirer to be delirious 
délivrance /. deliverance 
demain tomorrow 



222 



CARNET DE CAMPAGNE 



demander (de) to ask, ask for 
déménager [ge be/ore a or o] 

to move, bring 
démenti -e belied, denied 
demeurer to réside, live; re- 
main 
demi -e half ; à — half 
demi-dieu (pZ.-dieux) m, demi- 

god 
demi-douzaine /. half dozen, 

six 
demi-heure /. half hour 
demi-litre m, half litre 
demi-obscurité /. dim light 
demi-section /. half platoon 
demi-sphère /. hémisphère; 

dish 
démoli -e demolished 
démolir to tear down, kill 
démoralisation /. panic 
dénoter to mark 
dénouer to undo 
denrée /. ware, merchandise; 
pi. goods; victuals, food, 
foodstuff(s) 
dense thick 
dentelle /. lace 

départ m. departure, leaving; 
tranchée or parallèle de — 
trench of departure (one 
from which an assault is 
made) 
dépasser to pass, pass through 
dépendre (de) to dépend (on 

or upon) 
dépité -e spiteful 



déplacement m, disturbance, 
movement 

déplacer [ç brfore a. or o] to 
shift 

déplier to imf old 

déployé -e extended; spread 
out; âying 

déployer [oi before mute sylL] 
to move aside 

déposer to unload, deposit, 
store 

dépôt m. warehouse, dump 

dépourvu -e (de) devoid of, 
deprived of , without 

déprimer to depress 

depuis since, for, from, in, af ter 

déranger [ge before a or o] to 
disarrange; se — to go out 
of one's way, take the 
trouble; be disturbed 

demi-er -ère last 

dérouler to imroll 

derrière behind; par — (from) 
behind 

dès from, at, in; — lors from 
that time; — que as soon as, 
whenever 

désagréable disagreeable 

désagréablement disagreeably 

se désagréger [grè before final 
mvte sylL, but désagrége- 
rai (s), etc. ; ge b^ore a or o] 
to f ail down, break off 

désaltérer [tè before final mute 
syll.f bvi désaltérerai (s), etc.] 
to quench thirst 



VOCABUI^ARY 



223 



désanner to dîsarm 

descendre to corne down, go 
down; take off, remove 

déséquiper to give up arms, 
free from loads 

désert m. désert 

désert -e deserted 

désespéré -e desperate 

désespérer [pd hefore mvie syU.] 
to despair; make one despair 

désespoir m. despair 

t déshabiller to undress 

t désigner to assign, appoint 

désillusion /. disappointment 

désir m. désire 

désirer to wish \ 

désireu-x -se wishing 

désœuvré -e idle 

désolation/, désolation 

désolé -e desolate; inconsol- 
able, desoi&ted 

désordre m, disorder, confusion 

désormais henceforth 

desquelles see lequel 

dessert m, dessert 

dessin m. sketch 

dessiner to sketch 

dessous under, below 

dessus above; de — from off 

destin m. fate 

destiner to be meant (for) 

destructeur m. destroyer 

destruction/, désolation 

détacher to detach; se — to 
stand out; to hâve broken 
loose 



t détail rk, détail, item 
déterminer to fix; produce 
déterrer to unearth, drive out 
détester to hâte 
détonation/, explosion, report 
détour m. tum, bend 
détourner to lead astray; di- 

vert; tum aside 
détrempé -e sopJced 
détremper to soak; se — to 

soften, crumble 
détruire to destroy 
t deuil m. mouming, grief 
deux two; en — double 
devant before, in the face of ; 

at; en — de in front of 
devenir, devenant, devenu to 

become 
dévêtir to undress 
deviner to guess 
devint see devenir 
deviser to chat 
devoir m. duty 
devoir, devant, dû to owe, 

ought, should; be compelled, 

hâve to, be to 
dévoué -e devoted 
dévouement m. dévotion 
diable m. devil 
dieu m. God 
différent -e différent 
différer [fè before mute syU.] to 

postpone 
difficulté /. difficulty 
t digue worthy 
t dignement worthily 



224 



CARNET DE CAMPAGNE 

9 



dimanche m. Sunday 

diner m. dinner 

dire, disant, dit to say; en — 
long sur to go into détails 
about 

directrice /. superintendant, 
head 

diriger [ge hefore a or o] to di- 
rect, supervise 

discontinuer to stop coming, 
stop 

discourir to talk 

discuter to discuss 

dislocation /. disorganization 

disloquer to break up 

disparaître, disparaissant, dis- 
paru to disappear; — sous 
to be covered with 

dispersé -e scattered, broken 

dispos -e active; cheerful, well; 
mal — ill-natured, grouchy 

disposé -e arranged 

disposition/, disposai, arrange- 
ment, plan 

dissimulé -e (à) hidden (from) 

dissimuler to conceal 

dissiper to dissipate, scatter 

distance /. distance 

distant -e distant 

distinctement distinctly 

distinguer to make out 

distraction/, distraction 

distraire to distract 

distribuer to give out 

divagation /. raving, deliriimi 

divers -e différent, various 



diversement in différent ways, 

differently, otherwise 
divin -e divine 
diviser or se — to divide 
dix [diss; diz hefore a voweL or 

sUent h ; di before a consonarU 

or aspiraied h] ten 
dizaine/, dozen 
docteur m. doctor, physicien 
document m. dociunent 
doit see devoir 
doivent aee devoir 
domaine m. domain 
domidle m. quarters 
dominer to overlook 
dommage m. harm 
donc so, therefore, then; any- 

how; that is 
donné -e given; à un moment 

— once; at the proper time, 

etc, 
donner to give; fire; look; play; 

set 
Don Quichotte m. Don Quixote 
dont of which, whose 
dormir to sleep 
dort see dormir 
dortoir m. donnitory 
dos m. back 
double double 
doublé -e doubled 
doublement m. doubling; de — 

reênforcing 
doubler to double 
douce 8ee doux 
doucement gently 



VOCABULARY 



225 



douche/, shower (bath) 
t douille /. casing of a shell 
doulce médiéval for douce; see 

doux 
douleur/, pain 
douloureu-z -se sad, sorry; 

painful 
douter to doubt, question; se 

— de to suspect, hâve an 

idea of ; not to know 
dou-z -ce soft, gentle, sweet 
drap m. cloth; bedclothes 
drapeau m. flag 
drastique onerous, hard, ardu- 

ous 
dresser to raise, exécute, fill 

out; se — to stand 
droit m. right 
droit -e right; straight; à — e 

to the right, at the right 
drôle funny 
dru -e brisk 
dû see devoir 
dû, due due 
duquel see lequel 
dur -e hard 
durant during; (postposUivé) 

without interruption 
durement severely 
durent see devoir 
durer to last 
dut see devoir 

E 

eau/, water 
eau-de-vie/. brandy 



éboulement m. cave-in, slump 
échancrure/. notch 
échanger [ge before a or o] to 

exchange; s' — to be ex- 

changed 
échapper and s' — (à) to 

escape; V — belle to hâve a 

narrow escape 
écharpe /. sling 
échéant (see échoir) falling; 

de or le cas — in that 

case 
échelle/, ladder 
échelon m, rung, round, step 
}écho m. écho 
éclabousser to splash 
éclair m. flash 
éclairage m. lighting, iUum-* 

ination 
éclairci -e thinned 
éclairer to light up 
éclat m. fragment, splinter, 

pièce; explosion, bursting; 

report; crash; flash; fire, 

flare 
éclater to explode, burst; begin 
édopé -e footsore; m. cripple 
école /. school; faire P — to 

conduct a school 
écouler to flow (out); move 

out; s' — to elapse; occur; 

pass; move out 
écouter to listen 
écouteur m. listener 
écrire, écrivant, écrit to write 
écriteau m. sign, inscription 



226 



CARNET DE CAMPAGNE 



écrivain m. writer 

écroulé -e broken down, in 

ruins 
s'écrouler to fall down 
effacer [ç hefore a or o] sup- 

press, efface 
effet m, effect; fact; en — in 

fact, really, etc. 
efficace effective 
efficacement well 
efficacité /. eflBciency; tir d' — 

àrumfire 
effondrer to blow in, break 

down, level; s' — to give 

way, fall in; sink, collapse 
s'efforcer [ç hefore a or o] to 

make an effort 
effort m. exertion, attempt 
effrayant -e fnghtfnl, threat- 

ening 
effréné -e frenzied 
s'effriter to crumble 
effroyable frightfnl 
effroyablement frightf ully 
égal -e equal 
également likewise 
égaré -e distracted, bewildered 
égarer to mislead; s' — to get 

lost 
église /. church 
égolsme m. selfishness 
éjection/, éjection 
élan m. thrust, attack; rush, 

dash; enthusiasm 
élancer [ç hefore a or o] to 

throw, hurl; s' — to rush 



élargir to extend, widen, 

stretch; spread out; s' — to 

enlarge, increase 
électrique electric 
élève-offider (p2. élôves-offi- 

ciers) m. student-officer 
élever [le heifore mute syU,\ to 

raise; s* — to rise 
élire to choose 
t éloigner to remove; s' — to 

go away 
élus see élire 

élysées m. pi. aàj, Elysian 
embarquement m. getting in, 

loading 
embarquer to entrain, climb 

aboard; put in 
embarras m. imcertaînty; ob- 
struction, hindrance 
emblème m. emblem 
embourbé -e muddy 
embranchement m. branch Une 
embrasser to kiss; embrace 
émerger [ge hefore a or o] to 

come out 
emmagasinement m. storing 
emmêlé -e mixed; confused; 

caked 
émotion/, excitement, feeling 
émousser to blunt 
émouvant -e exciting; touch- 

ing 
émouvoir to touch 
s'emparer de to seize 
empêcher (de) to prevent, 

hinder (from) 



VOCABULARY 



227 



empereur m. emperor 

s'empêtrer to be stuck 

empiler to pile up 

empire m. empire 

emplacement m. station, posi- 
tion 

emplâtre m. plaster 

employé m. employée 

employer [oi hefore mute syll.] 
to hirç, employ 

emporter to carry, take; carry 
away 

empressement m. eagemess, 
promptness 

s'empresser to crowd, flock, 
gather; be eager 

ému -e moved, affected, sin- 
cère 

en in(to), within, on, to, at, 
of ; as; made of ; in the shape 
of 

en of it, of them, from it, 
etc. 

encadré -e snrrounded 

encendié -e bnmt 

encens m. incense 

enchanter to delight 

enchevêtré -e confused, inter- 
twined 

encore still, yet; again, also, 
more 

encourageant -e encom'aging 

encouragement m. encourage- 
ment 

endormir, to put to sleep; s' — 
to fall asleep 



endroit m. place 

endurer to endure 

enfant m. /. child 

enfer m. hell, infemo; train 
d'— wild procession 

enfermer to confine 

s'enfiévrer [fié hefore mvJte syll.] 
to become inflamed 

enfilade/, séries, row; enfilade, 
raking; prendre d* — to en- 
filade, sweep 

enfin finally, at last 

enfler or s' — to expand, swell 

enfoncer [ç hefore a or o] to 
sink; s' — to mire; fall, sink; 
slope, penetrate 

enfouir to bury, cover, hide 

s'enfuir to run away, désert; 

go 
engagé -e enlisted 
engin m. engine, machine 
engluer to ensnare; impede; 

s' — to be caught in the 

mud; stick fast 
engouffrer to engulf; s' — to 

rush; be swallowed up 
engourdi -e deadening; stupe- 

fied 
engourdissement m. falling 

asleep 
enivrant [ai)-ni-] -e intoxicat- 

ing; inspiring 
enjamber to straddle; climb 

over 
enlever [le hefore mute syll.] to 

remove, take away 



228 



CARNET DE CAMPAGNE 



enlisement m. BÎnking (into 

quicksand, etc.); suffocar 

tion 
ennemi [en-] m. enemy 
ennemi [en-] -e hostile, enemy 
ennui m. annoyance 
ennuyer [ui before mute eyU.] 

to annoy; s* — to be 

bored 
ennuyeu-z -se tiresome 
énormément much 
enregistrer ta record 
enroulé -e wrapped 
ensemble together 
ensuite then 
entamer to begin, open; break 

into 
entasser to pile up; s' — to 

crowd 
entendre to hear; understand 
entendu -e heard; understood; 

bien — of course, etc, 
enterrer to bury 
entêter to make giddy; s' — to 

be obstinate 
enthousiasmant -e inspiring 
enthousiasme m. enthusiasm 
enthousiaste enthusiastic 
enti-er -ère entire 
entier m. whole; en — in its 

entirety 
entièrement entirely 
entonnoir m, funnel; shellhole; 

crater 
entourer to siirround; wrap, 

bandage 



entraîner to drag, pull, take; 

lead 
entre among, into, with, be- 

tween; d* — of 
entrée/, entrance, entry 
entreprise /. enterprise, under- 

taking 
entrer (dans) to enter, corne 

in 
entre-temps meanwhile 
envahi -e invaded 
enveloppe /. envelope 
envelopper to wrap, cover 
envergure/, expanse 
envie/, wish, désire 
envier to envy 
environ about 
envisager [ge before a or o] to 

face 
envoyer [oi before mvJte ayll.] to 

send 
épais -se thick, close 
t éparpiller to scatter 
épars -e scattered 
épaule /. shoulder 
épée/. sword 
époque /. epoch 
épouvantable frightful 
éprouver to show, manif est 
épuiser to exhaust; s' — to 

be (corne) exhausted 
équipe/, gang, squad 
équipement m. equipment 
équiper to equip 
érafler to graze, just touch 
éreinté -e wom-out 



VOCABULARY 



229 



errer to wander 

erreur /. wandering from the 

way, losing the way 
escabeau m. stool 
escalader to climb 
escalier m. stairway 
escogriffe m. tall fellow 
escompter [-koihté] to dis- 
count; anticipate 
escouade /. squad 
espace m. space, area 
espèce /. sort 
espérance/, hope 
espérer [pè hefore mute ayU,] to 

hope 
espoir m. hope 
esprit m. mind 
s'esquiver to avoid one an- 

other 
essai m. essay 
essayer (de) [ai before mute 

eyll.] to try 
essentiel [nsai^si-èl] -le essen- 

tial; m, necessary thing 
est m, East; adj, east 
établir to establish, construct; 

s' — to be stationed; stop 
étage m. story, floor; tier 
étagère /. shelf ; set of shelves 
étais, était, étions, étaient see 

être 
étaler to spread; s' — to 

stretch, spread out 
étant see être 
étape /. stop, hait, stage 
état/, state; condition 



état-major m. staff 

étayer [ai hefore mute syU,] to 

prop 
été eee être 
étendard m. banner 
étendre or s* — to extend, 

stretch 
étendu -e stretched; extensive 
étendue /. extent, expanse 
étincelant -e gleaming; lively; 

inspiring 
étincelle/, spark 
étiquette/, tag 
étoffe/, cloth, fabric 
étoile/, star . 

étonnement m. astonishment 
étouffant -e stifling, suff ocating 
étourdir to numb, stun 
étrange strange 
être, étant, été {aux. être) to 

be; — bien to be comfort- 

able; m. person, being 
étroit -e narrow, close; inti- 

mate; à 1* — in cramped 

quarters 
étude/, study 
étudier to study 
étjrmologie /. etymology, défi- 
nition, dérivation 
européen -ne European 
eût see avoir 
eux they, them 
évacuation /. removal to the 

hospital; distribution 
évacué -e weakened; started 

back, "evacuated''; sent 



230 



CARNET^DE CAMPAGNE 



s'évanouir to faînt 

évasé -e wide; rambling, wan- 

dering 
t éveillé -e awakened, awake; 

mal — grouchy, iU-humored 
t éveiller to wake; s' — to wake 

(up) 
événement m. event 
éventré -e disemboweled 
éventualité /. outcome, re- 
suit 
évidemment evidently 
évoquer to call up 
exact -e exact 
exactement exactly 
examiner to inspect 
exaspéré -e wom-out 
excellent -e excellent 
excitation/, excitement 
exciter to stimulate 
excuse/, excuse 
excuser to excuse; s' — to be 

forgiven 
exécuter to play; exécute, do, 

perform 
exécuti-f -ve effective; faire — 

todo 
exécution /. punishment 
exemple m. example 
exercice m. drill 
exiger [ge hefore a or o] to 

demand, require, exact 
existence/, existence 
expédier to send 
expédition/, trip, enterprise 
expéditionnaire expeditionary 



explication /. explanation, di- 
rection 

expliquer to explain; s' — to 
be compréhensible 

explorer to explore 

exploser to set off, explode 

explosion/, explosion 

exposer to expose; teach, ex- 
hibit 

expr-ès [èks-prè] -esse spécial 

exténué -e exhausted 

extérieur -e outside; material 

exterminer to destroy, kill 

extra m. extras 

extraordinairement unusually 

extrême extrême 

extrêmement extremely, much 

extrémité/, extremity, end 



fabriquant m. maker 

fabriquer to make 

face /. face; front; en — or 

d'en — opposite, forward 
fâcher to anger; se — to be 

vexed 
facile (à) easy 
facilement easily 
façon /. making; shape; way; 

de — so as; de — que so 

that; de — à so as 
faiblement f eebly 
f faillir to fail; hâve a narrow 

escape 
faim/, hunger 



VOCABULARY 



231 



faire, faisant, fait to make, do, 
cause; perform; give; play; 
hâve; say; hâve (a thing 
done); — attention to pay 
attention; — beau to be 
beautiful weather; — bon to 
be good or pleasant; — sa 
classe to bave iraining; — 
corps avec to be a part of ; 

— feu to fire, shoot; — froid 
to be cold; — halte to hait; 

— mal à to hurt; — rage to 
rage; — part à to share; se — 
to make up one's mind; be 
managed; — du chemin to 
gain ground, go quite a 
distance; — l'école to con- 
duct a school; se — Poreille 
to listen; — visite to caU; 

— sombre to grow dark, be 
dark 

faisceau m. stack; former des 

— ^x to stack arma 
fait m. deed 
falloir, , fallu to need, re- 

quire; bave to; be necessary 
fameu-z -se famous; very good 
familièrement naturally, un- 

constrainedly; at ease 
t famille/, family 
fanfare/, flourish (of trumpets) 
fange/, mud 
fangeu-z -se muddy 
fanion m. banner, pennant 
fantaisie/, whim 
fantaisiste fancifui; absurd 



fantaisistement fancif ully 
fantassin m. infantryman 
fantôme m. ghost, shadow; 

remains 
fardeau m. burden 
far niente [Ital,\ to do noth-* 

ing; m. idleness 
farouche fierce 
fasciné -e fascinated 
fastueu-z -se sumptuous, mag- 

nificent 
fatiguant -e tiresome, wearjông 
fatigue /. fatigue; pain, hard- 

ship 
fatigué -e tired, weary 
faucher to mow (down) 
faut see falloir 

fauve m. wild beast or beasts 
fau-z -sse incorrect, false 
féliciter to congratulate 
femme [f a-me] /. woman 
fenêtre/, window, opening 
fer m. iron; chemin de — rail- 

road; — de cheval horseshoe 
ferme firm; hard, solid; sturd- 

ily 
fermer to close 

t ferraille/, junk; tinware 

ferré -e equipped with iron; 

shod; voie — e railroad 

fêter to celebrate 

feu (p2. feuz) m. fire 

t feuillage m, leaves, foliage 

février m. February 

fiancée/, fiancée 

ficelle/, string 



232 



C2AIINET DE CAMPAGNE 



fiche/, tag 

ficher to drive (a nail, etc.) 

fidèle true, faithful 

fi-er [firèrr] -ère proud 

fièrement proudly 

fierté /. pride 

fièvre/, fever 

figé -e set 

figure /. face 

fil m. wire 

file/, file, Une 

filet m. net; thread; stream 

fin /. end; à la — finally; 

à — que to the end that, 

that 
fin -e fine, thin 
finalement finally 
finir to finish 

finis [Lot.] /. end; good-by to 
fis see faire 
fisse see faire 
fissent see faire 
fixe fixed, set 
fixé -e agreed on, set; directed, 

tumed 
fixer to fasten; détermine, set 
flacon m. bottle 
flamber to blaze 
flamme /. flame 
flanc m. flank, side 
La Flandre /. (also pL) Flan- 

ders 
flâner to loiter, saunter 
flèche /. arrow 
fleur/, flower, blossom; en — s 

in bloom 



flocon m. flake, tuf t 

flotter to float 

flûte /. flûte 

foi /. f aith 

fois/, time; tant de — so often 

folle see fou 

fond m. bottom 

fonder to found, build 

fondre to melt; pounce, burst; 

unité; melt away 
forage m. boring, drilling 
forçat m. convict 
force /. force; à bout de — s 

exhausted 
forcé -e f orced 
forer to bore 
forêt /. f orest 

formalité /. form; formality 
formation /. formation 
forme /. form 
former to form, make; be; — 

des faisceaux to stack arms; 

se — to form 
formidable formidable; exten- 

sive 
formidablement threateningly 
fort -e strong; loud 
forteresse /. f ortress 
fortune /. fortune; moyens 

de — whatever was at hand 
fosse /. trench 
fou (fol), folle, pL foux (fols), 

folles adj. mad, insane; m. 

fool 
t fouiller to search, fumble; 

probe, swèep 



VOCABULARY 



233 



fourche /. f ork 
fourchette/, fork 
fourmilière /. ant hill 
fournir to supply (with) 
fourbu -e exhausted 
fourrier m. quartermaster 
foyer m. hearth, fireplace 
fracas m. noise 
fracasser to shatter 
fragment m. pièce 
fraîcheur/, freshness, coolness 
frais [frè], fraîche fresh; cool; 

au — cool 
franc, franche open 
Français m. fVenchmany pi. 

French 
français -e French 
France /. France 
franchir to traverse, go over 

the top of 
frange /. fringe 
frapper to strike 
frayé -e open; plain; made 
frein m. brake 
frénétique frantic 
frénétiquement f ranticaUy 
frère m. brother 
friable crisp, crumbling 
frise/, frieze; La Frise Fnsia; 

cheval de — cheval-de-frise, 

obstruction 
friture /. frying 
froid m. cold; faire — {inp- 

pers,) to be cold 
froisser to rub 
front m. front; forehead 



frotter to rub 

fruste wom, defaced 

fugue/, fugue 

fuir to flee, run away 

fuite /. flight 

fumée /. smoke 

fumer to smoke 

fûmes see être 

furieusement furiously 

furieu-z -se wild; beside one- 
self 

fus, fut, fûmes, furent see être 

fusant m. shell 

fusée /. rocket, fuse; — éclai- 
rante flare 

fusil [fu-si] m. gun 

fusilier m. rifleman 

t fusillade /. fire, rifle fire, 
shootîng 

t fusiller to shoot 

fussent see être 

futur -e future 



tgagner to win, gain; win 

over, captivate 
gai -e gay 

gaieté/, joy, gaiety; fun 
t gaillard m. fellow 
gaiment cheerfully 
gaine /. case, covering 
galerie/, gallery 
galerie-abri {pi, galeries-abris) 

m. tunnel, gallery dugout 
galop m. gallop 



234 



CARNET DE CAMPAGNE 



gamelle /. dish, mess-tin 

gamin m. young vagabond; 
mère boy 

garage m, sidetrack 

garantir to guarantee 

garde /. guard; care; prendre 
— à to pay attention to; 
de — on guard; prendre — 
de to take care not to 

garder to keep; guard 

gare /. station 

garnir to pack; supply 

gâter to foui 

gâterie /. spoiling; trinkets; 
dainty 

gauche left; à — to or at the 
left 

gaz m. gas 

gazon m. sod 

géant -e giant, enormous 

gémissement m, groan 

gênant -e annoying 

gendarme (pi. gendarmes) m. 
police, policeman 

gêné -e embarrassed 

gêner to annoy, hinder; 
clog 

général (j>L généraux) m. gên- 
erai 

général -e gênerai 

généralement generally 

généreu-z -se libéral 

génie m. genius; engineers, en- 
gineering corps 

genou ipl. genoux) m. knee 

gens m. pi, people, men 



gentiment nicely; roundly 

geste m. movement, gesticu- 
lation 

gesticulant -e gesticulating 

gigot m. leg of lamb 

glacé -e icy, frozen 

glacer [ç hefore a or o] to freeze, 
chill; paralyze 

glacial -e cold 

glissant -e slippery, slipping 

glisser to slip; se — to pene- 
trate, make its way 

gloire/, glory 

glorieusement gloriously 

glorieu-z -se glorious 

glu /. birdlime 

gluant -e sticky 

gonflé -e swollen 

gorge /. throat; à pleine — 
with ail their might 

gorgée/, draught, mouthful 

gothique Gothic; m, Gothic 

goût m, taste; relish 

goûter to taste; — à to take a 
taste of 

grâce /. favor; thanks 

gracieusement graoefully 

grade m. rank 

graisse/, tallow 

grand -e great, good 

grand'chose m. great matter 

grandeur/, grandeur 

grandiose grand, magnificent 

grandir to grow 

grand'peine /. great pains 

grange /. bam 



VOCABULARY 



235 



gratifier to f avor 

gré m. will; whim; mercy 

grenade/, grenade 

grenadier m, grenadier 

t grésillement m. sputtering 

griffonner to scrawl 

gris -e gray, grimy, dust-cov- 

ered 
grisâtre gray, cloudy 
griser to intoxicate 
griserie/, intoxication 
t grognant -e snarling, growl- 

ing 
t grognard m. vétéran 
t grogner to snarl, growl; grum- 

ble, complain 
groin m. snout 
grondement m. rumbling 
gronder to growl; scold, re- 

prove 
gros -se big, stout 
grossir to enlarge; grow 

louder 
groupe /. group 
guère: ne • . • — not much, 

hardly ; ne . . . — que hardly 

anything but 
guérir to cure, minister 
guerre /. war 
guerri-er -ère war, martial 
guet [ghè] m. lookout, watch 
guetteur [ghè-teur] m. watcher, 

lookout 
guide m. guide 
guider to lead, guide, direct, 

steer 



guise /. manner; en — de by 

way of , for 
guitoune /. dugout, shelter, 

tent 

H 

In words marked (') the 
initial h is to be aspirated. 

t habillé -e dressed; concealed 
t habillement m. clothes 
t habiller to dress 
habit m. clothes 
habitable inhabitable 
habitant m. inhabitant 
habitation /. home, abode, 

house, but, dwelling 
habiter to live, occupy 
habitude/, habit; getting used 

to it 
habituer to accustom; s' — to 

grow accustomed 
'hâchement m. chopping 
'haie/, hedge 
'haine/, hâte 
haleine /. breath 
'haletant -e panting, out of 

breath 
'halte/, stop 
'hamac m. hammock 
'hangar m. shed 
'happer to snap up, catch 
'harassé -e wom out 
'harassement m. fatigue 
harmonie/, harmony 
harmonitun [-om] m. organ 



236 



CARNET DE CAMPAGNE • 



'hasard m. chance; bargain; 

luck 
se 'hasarder to venture, run 

risks 
*hâte /. haste; à la — hastily 
'hâter or se — to hasten 
*hfttivement hastily 
'haut -e high, loud; m. upper 

end; en — at the top 
'hauteur /. height; distance; 

bluff; à ma — even with me 
'hâve wan, emaciated 
hébété -e dulled, stupid 
hémisphère/, hémisphère 
(*) Henri m, Henry 
herbe /. grass, plant 
hermétiquement tightly 
héroïne /. heroine 
héroïsme m. heroism 
'héros m. hero 
hésiter to hesitate, waver 
heure /. hour; o'clock; de 

bonne — early 
heureu-z -se (de) happy; 

avoir la main — to be tact- 

ful, choose well, be skillful 
'heurter or se — to collide, 

bump 
hier yesterday 
'hiérarchique clérical, red tape, 

of red tape 
hirsute hairy 
'hisser to lift, hoist 
histoire/, story, history; occu- 
pation; amatter (of), justto 
historique historical; faithful 



hiver m. winter 

honune m. man 

honneur/, honor, crédit 

'honte/, disgrâce 

hôpital (pi, hôpitaux) m. hos- 

pital 
horreur/, horror 
horrible horrible 
horriblement very much 
'hors de beyond, out of 
hospitalité /. hospitality 
hôte m. host 
hôtel m. hôtel 
hôtesse /. hostess 
'hottentot [ho-tai)-to] -e Hot- 

tentot 
hourrah m. shout 
huile/, oil 
humain -e human 
humanité/, considération 
htunble humble 
htuneur/. humor 
hiunidité/. dampness 
'hure/, boar's head 
'hurler to howl, shriek 
'hutte /. shed, shack, cabin 
hydro-pneumatique hydre- 

pneumatic 
hymne m, orf, hynm 
hypnotisé -e hypnotized 



ici hère; par — this way, hère 
idée /. idea 

identité/, identification 
t ignoblement disreputably 



VOCABULARY 



237 



t ignorer to be ignorant of, not 

to know 
il it, he; there 
tle /. island 
illusion /. illusion; se faire 

des — s to deceive oneeelf, 

be optimistic 
illustré -e illustrated 
image/, picture 
imagination /. imagination 
imiter to imitate 
immédiat -e immédiate, close 
immédiatement inmiediately 
immense big; great 
immobile motionless; without 

change of position; idle 
immobilité/, motionlessness 
immodéré -e excessive, prod- 

igal 
immortalisé -e made famous 
immuablement immovably 
in^énêtrable uncommimica- 

tive 
imperméable waterproof; m. 

raincoat 
implacable relentless 
impossible impossible 
t imprégner to fill 
impression /. impression; ideâ 
impressionner to impress 
imprévu -e unexpected; m. 

the unexpected 
improvisé -e delivered sud- 

denly 
imprudent -e imprudent; m. 

rash (soldier) 



impuissance/, powerlessness 
inact-if -ve inactive, idle 
incamé -e incarnate 
incendié -e bumed 
incendie/, buming; fire 
incident m. incident 
inconnu -e unknown; imseen 
inconsciemment unconsciously 
inconscient -e regardless 
inculte uncultivated 
indication/, location, direction 
indifférent -e heedless 
t indigne unworthy 
t s'indigner to be exasperated 
indiquer to point out, indi- 

cate 
indiscutablement beyond dis- 
pute 
individuel -le individual 
inerte powerless, motionless 
inexistant -e non-existent 
infanterie/, infantry 
infernal -e infernal; unpleas- 

ant 
infini -e boundless 
infiniment infinitely, much 
infirmerie /. hospital 
infirmier m. man nurse 
infirmière /. nurse 
infirmier-prêtre m. hospital 

priest 
infortune/, misfortune 
ingénieu-x -se ingénions 
ingéniosité /. ingenuity 
ininterrompu -e imbroken 
initial -e original 



238 



CARNET DE CAMPAGNE 



initiative /. initiative; manage- 
ment 

innombrable countless 

inoff ensi-f -ve harmless 

inonder to flood 

inqui-et -ète uneasy 

inquiéter [quiô hefore mute 
syU.] to disturb; s' — to be 
imeasy 

inscription/, inscription 

insensiblement imperceptibly 

insoudeu-z -se mindless, heed- 
less 

inspecter to examine 

inspiré -e inspired 

installation /. establishment; 
organisation 

installer to install, quarter; 
station; set up; s' — to es- 
tablish oneself; be placed 

instant m. moment; à 1' — just 
now, just then 

instinct m. instinct 

instituer to form, establish; 
station; start 

institutrice /. lady principal, 
head mistress 

instruction /. instruction; di- 
rection; camp d' — training 
camp 

instruire to instruct; s' — to 
be trained 

instruit -e educated, in- 
structed; congenial 

intact -e imharmed; in good 
condition 



intégralement entirely 

intellectuel -le intellectual 

intelligence/, understanding 

intendance/, management, ad- 
ministration; conmiissary, 
quartermaster corps 

intense intense 

intensément intensely 

intensité /. intensity 

interdire to f orbid 

intéressant -e interesting 

intéresser to interest 

intérêt m. interest; use; pur- 
pose 

intérieur m. interior 

interminable endless 

interprète m. interpréter 

interroger [ge before a or o] to 
question « 

interrompre to intemipt; burst 

intervalle m. interval 

intime intimate, close 

intimement întimately 

introduction/, insertion 

introduire to introduce, put in 

inutile useless 

inutilisable useless 

inverse opposite 

invisible unseen 

invitation /. invitation 

inviter to invite 

iode m. iodine 

irai see aller 

ironie/, irony, sarcasm 

irons see aller 

irrésistible irrésistible 



VOCABULARY 



239 



isolé -e individual 
issue/, exit, door; end 
itinéraire m. route 
ivresse/, intoxication 



jadis f ormerly 

t jaillir to fly up; shoot 

jalou-z -se jealous 

jamais ever; ne . • • — never 

jambe /. leg 

jaunâtre yellowish 

jaune yellow; emptily 

Jean m. Jolm 

Jeanne /. Joan 

jeter [tt hefore mvJte syU.\ to 

throw (away) 
jeu m. game; play; en — in 

action 
jeudi m. Thursday 
jeune young 
joie/, joy 

t joignant see joindre 
joindre, fjoignant, joint to 

join 
joli -e pretty 
joliment p r e 1 1 i 1 y ; — bien 

pretty well 
joue/, jaw, cheekbone 
jouer (à) to play; toy with 
jouet m. toy 
jour m. day; petit — dawn; 

tous les — s every day 
journal m. diary; newspaper, 

periodical 
journée /. day 



joyeusement joyously, mernly 

joyeu-x -se merry 

juger [ge hefore a or o] to judge 

jumelle/, field glass 

jus m. juice; (soldier "slang**) 

cofifee 
jusque to, as far as, up to; till 
juste just; only; conmie de — 

as is right; au — exactly 



kamerad [German] m, comrade 
képi m. forage cap 
kiL abbrev, for kilomètre (s) 
kilomètre m. kilometer, about 
three-fifths mile 



là there; de — there 

là-bas over there 

labeur m. toil 

labouré -e plowed, furrowed 

labyrintiie m. maze 

là-haut over there 

laisser to leave; allow; hâve 

(something done or made) 
lait m. milk 
lamentable pathetîc 
lamentablement pitiably 
lampe/, lamp 
lancer [ç before a or o] to 

throw, fire, deliver, launch 
langage m. language 
langue/, tongue 
lapin m. hare 
laquelle see lequel 



240 



CARNET DE CAMPAGNE 



large broad, wîde 
largement abundantly 
larme /. tear 
las -se tired • 
lassitude/, weariness 
laver or se — to wash 
lecteur m. reader 
lég-er -ère light, slight 
légèrement lightly 
légume m. vegetable(s) 
lendemain m. next day; next 
lent -e slow, gentle 
lentement slowly 
lenteur /. slowness, slackness; 

indécision 
Léon m. Léo 
lequel, laquelle, pi. lesquels, 

lesquelles who, which, that 
lester to ballast 
lettre /. letter 
leur their; for them; le — 

theirs; their comrade 
lever [le before mtUe syll.] to 

raise; get up; se — to rise, 

rouse; break 
lever m, rise; up; — du soleil 

siinrise 
lèvre/, lip 
liaison m, joining; teamwork; 

communication; homme de 

— liaison man, (visiting) pa- 
trol 

liberté /. liberty 

libre f ree 

lieu (pL lieux) m, place; avoir 

— to take place 



t ligne/. Une 

limite/, end 

linge m. linen; pi. bandages 

liqueur/, liquor 

liquide thin; /. liquid 

lire, lisant, lu to read 

lit m, bed 

litière/, litter; floor 

littéralement literally 

liturgique liturgical 

livre m. book 

loger [ge before a or o] to quar«- 

ter, settle 
loin (de) far (from); au — in 

the distance; de — from afar 
lointain -e distant 
loisir m. leisure; pL leisure 

moments 
l'on same as on 
long m. length; le — de 

throughout, the length of 
long -ue long; le —7 de along 
longer [ge before a or o] to 

parallel 
longtemps long, a long time 
longuement a long time; at 

length, slowly 
loque /. rag 
lors then; dès — from that 

time, thenceforth; — de at 

the time of 
lorsque when 
lourd -e heavy; dull 
lourdement heavily 
lu see lire 
Lucrèce m. Lucretius 



VOCABULARY 



241 



lueur /. light; ray 

lugubre moumf ul 

lui to him, to her, etc, 

lumière/, light 

lune /. moon 

lunette /. spectacles, goggles 

lus see lire 

lutte /. struggle 

luxe m. luxury 

luxueu-z -se luxurious 

lyre /. lyre; gamut 

M 

M. abbrev, for Monsieur Mr. 
m. abbrev. for mètre (s) 
macchabée m. Macchabée; 

corpse 
madrier m. beam 
magasin m. storehouse 
magnésium m. magnesiimi 
t magnificence/, grandeur 
t magnifique beautiful 
mai m. May 
main /. hand; 2a — heureuse 

skill, knack, good taste 
maint -e many (a) 
maintenant now 
mais but 
maison/, house 
maître m. master 
mal (pZ. maux) m. harm, 

trouble; adv, badly; pas — 

a f ew 
malade sick 
malaise m. discomfort; ill- 

humor; uneasineas 



Inalgré in spite of 
malheureusement unfortu- 

nately 
malmener [mè before mute 

ayU.] to abuse, use ill, eut 

up, treat badly 
malvenu -e unwelcome 
maman/, mamma, mother 
manche /. sleeve 
manger [ge h^ore a or o] to eat 
manier to handle, manage 
manifester to manifest; se — 

to reveal itself 
v|nanœuvre /. maneuver, évo- 
lution; work 
manœuvrer to manipulate, 

move 
manquer to be wanting, be 

missing, f ail, miss 
marchand m. merchant 
marchandise/, (alao pi.) goods 
marche /. march ; ira vel ; prog* 

ress; rung, step 
marcher to march, walk 
marin m. marine 
marmitage m. shelling 
marmite /. pot; shell 
marmiter to shell, bombard 
marquer to mark, show; record, 

register 
marraine/, godmother 
marron -ne chestnut colored, 

reddish brown 
marronnier m. chestnut tree 
t Marseillaise /. Marseillaise, 

French national song, hymn 



242 



CARNET DE CAMPAGNE 



marteau m. hammer, pîck 

martyre m. martyrdom 

masque/, mask 

masquer to hide 

masse/, mass; en — in a body, 

crowded together 
masser to mass; se — to form 
mat -te dull, dead 
match [EngJ\ m. contest 
matériel -le material; of equip- 

ment; m, supplies; lumber 
mathématique mathematical 
mathématiquement mathe- 

matically 
matière /. material 
matin m. moming; dit — a.m.; 

adv, in the moming 
matinée/, moming 
maudit -e accimsed; wretched 
maussade disagreeable 
mauvais -e bad 
maximum [mak-si-mom; Lot.] 

m. maximiun 
mécanisme m. mechanism 
méchant -e bad, vicious; ill- 

disposed; naughty 
mèche/, wick, fuse 
t médaille /. medal 
t médaillé -e decorated with 

medals, having many déco- 
rations 
tmeilleur -e compar, cf bon 

better, best 
mêler to mingle, mix; se — 

to get mixed with one 

another 



membre m. limb, arm or leg 
même even; likewise; de — 

que as; de — likewise; à — 

que as 
menacer [ç hefore a or o] to 

threaten 
ménager [ge before a or o] to be 

economical with 
mener [mè hrfare mute syïl,] to 

lead 
menthe/, mint 
mentir to lie 

menu m. bill of fare; food 
menuet m. minuet 
méprisant -e (pour) contemp- 

tuous (of), filled with oon- 

tempt « 
mère/, mother 
mérite/, merit 
mériter to deserve 
tmerveUleu-x -se wonderful 
t merveilleusement wonder- 

fuUy 
mes see mon 
messe /. mass 
messieurs pi, of monsieur 
mesure /. measure; bar; à — 

que as 
mesurer to measure 
met see mettre 
métal m. métal; — blindé 

sheet métal 
métallique metallic 
métallurgique metallic 
méthode /. method 
méthodique methodical 



VOCABULARY 



243 



méthodiquement systematical- 

ly, regularly 
mètre m. meter, yard 
mettre to put, strike, set, lie; 
. put on; se — en marche to 

start; se — en route to start; 

se — à to begin; se — to 

start; — ordre à to find a 

remedy for; — le feu to 

bum, set fire (to) 
meublé -e fumished 
meure see mourir 
meurtre m. murder 
meurtri -e bruised 
meurtri-er -ère murderous, 

deadly 
miauler to whine 
mi-coips [-kor] m.: à — from 

the waist up 
microphone m. microphone 
midi m. noon 
Midi m. South 
mien -ne mine; les — s my 

f riends and relatives 
mieux better, best; valoir — to 

be better 
mijoter to simmer 
milieu (pL milieux) m. mîddle; 

environment; au — de 

amongy in; between; au — in 

the midst 
militaire military 
mille [mil in dates in the 

Christian era except 1000] 

num, adj, or f, thousand; 

mile 



mince thin, séant; small, Uttle 

mine /. mine 

miner to mine 

mineur m. miner 

minime Uttle 

ministériel -le like a cabinet 

member 
minuit/, midnight 
minuscule diminutive, small 
miracle m. miracle 
mise see mettre 
misérable wretched; m. poor 

fellow 
misère /. hardship, trouble 
mission/, task 
t mitraille /. bullets, gunfire 
tmitraill-eur -euse machine 

gun; m. machine gunner 
t mitrailleuse/, machine gun 
moderne modem 
moi disjunc. form o/ je I; ego 
moi-même myself 
moindre less, least; slight 
moins less; au — or du — at 

least 
mois m. month 
moitié /. half ; à — half ; some 
molle see mou 
mollement softly; idly, indo- 

lently 
moment m. moment; à un — 

donné once; at the proper 

time, etc. 
momentanément for the time 

being 
mon, ma, pi, mes my 



244 



CARNET DE CAMPAGNE 



monceau (pL monceaux) m. 

mass 
monde m. world; circle of 

friends and relatives; tout 

le — everybody 
monocle m. monocle 
monotone monotonouâ 
monotonie/, monotony 
monsieur {pi. messieurs) m. 

gentleman; M., Mr. 
t montagne /. mountain; hill 
monter to go up; set up 
montre/, watch 
montrer to show 
monument m. monument ; 

building 
moquer to mock; se — de to 

make f un of , scom 
moral m. morale, state of 

mind 
moral -e mental 
morceau m. pièce; à — piece- 

meal; in détail 
mordant -e gnawing, biting '" 
morne gloomy, dreary 
mort/, death 

mort -e dead; m. dead (man) 
mot m. Word 
motif m. motive 
mou (mol), molle soft 
mourir, mourant, mort to die 
mouton m. sheep; mutton 
mouvement m. movement; di- 
rection; pace 
mouvoir, mouvant, mû or se — 

to move 



moyen m. means; — s de for- 
tune whatever was at hand 

moyen ftge m. Middle Ages 

mû, mue (see mouvoir) moved, 
impelled 

multicolore variegated, bright 

multiple nimierous 

multitude /. multitude 

mimi -e supplied, equipped 

munition/, munition 

mur m. wall 

musette /. knapsack 

musicien m. musician, com- 
poser 

musique/, band, music 

mutilé -e mutilated 

mystère m. myst^ry 

N 

naissaient see naître 

naissant -e growing 

naître, naissant, né to be bom, 
corne înto existence 

naïvement ingenuously , naively 

naturel -le natural 

naturellement naturally 

ne not; — ... guère hardly; 
— ... jamais never; — ... 
pas not; — ... plus no 
longer; — ... personne no- 
body: — ... point not at 
ail; — ... que only; — ... 
rien nothing 

né -e bom 

nécessaire necessary 

nécessité /. necessity 



VOCABUIARY 



245 



négliger [ge hefore a or o] to 

neglect 
neige /. snow 
neiger [ge before a or o] to 

snow 
nerf m. nerve 
nerveu-z -se excited 
net -te clean, clear 
nettoyage m, cleaning 
nettoyer [oi before rmUe ayU,] to 

clean 
nettoyeur m. cleaner 
nez m. nose; face 
ni neither; — ... — neither 

. . . nor 
Nice/. Nice 
niche /. niche 
niveler [11 hefore mtUe syU,] to 

level 
nocturne dark 
noir -e black 
noirâtre blackish 
noirci -e blackened 
nom m. name 

nombre m. number 
nombreu-x -se numerous 
nomination /. appointment, 

promotion 
nommer to appoint 
non no 

nord m. North 
normal -e normal 
nos pL of notre 
note/, note 
noter to observci remark, note 

down 



notion /. idea 

notre pi, nos our 

nôtre ours 

nouveau (nouvel), nouvelle 

new; à — anew, again 
Nouveau-Monde m. New 

World, America 
nouvelle /. {aUo pi.) news 
nouvellement recently 
noyé -e drowned 
noyer [oi before mvJte ayU.] to 

drown, smother 
nuage m. cloud 
nuance/, shade, cast 
nuit/, night 
nul -le no; — ... ne nobody 



ô vnij, oh! 

oasis [o-a-siss; Greek, Lot.] 

(pL oasis) /. oasis 
obéir (à) to obey 
oberleutnant [German] m. first 

Ueutenant 
objectif m. objective; target 
objectivement objectively, im- 

personally 
objet m. object, thing 
obligé -e compelled 
obscur -e dim 
obscurité /. darkness 
observateur m. observer 
observation/, observation; ob- 

servers, guards 
observer to watch, observe; 

examine 



246 



CARNET DE CAMPAGNE 



obstacle m. obstacle 
obstruer to obstruct 
obtenir to obtain; be allowed 

or permitted. 
obus [obuss] m. shell 
obttsier m. howitzer 
occasion /. occasion; oppor> 

tunity; à V — on occasion 
occupé -e (de) busy (with) 
occuper to occupy; employ; 

s' — to be busy, busy one- 

self 
odieu-z -se contemptible 
odorant -e fragrant 
tœîl [eu] (pZ. yeux [i-eû]) m. 

eye; coup d' — glance 
«euf Ipronounce pi. eu] m. egg 
oeuvre/, work 
offensi-f -ve hostile 
offensive/, offensive, attack 
office m. service 
officier m. officer 
offrir to offer 
oh intj. oh! 

oiseau {pi. oiseaux) m, bird 
oisi-f -ve idle 
ombre/, shadow 
ombreu-x -se shady 
omnibus [-buss] m. bus 
on one, we, they, "you" 
ont see avoir 
opéra m. opéra 
opérer [pè hefore mvie syll.] to 

operate (on) ; s* — to be per- 

formed 
opposer (à) to oppose, resist 



opulent -e prosperous 
{orchestre m. orchestra 
ordinaire m. mess; d'-^ mess; 

usual 
ordonnance /. orderly; order; 

law; à V — as required 
ordonner to order 
ordre m, order; mettre — à to 

find a remedy for 
orée/, edge 
foreiUe /. ear; se faire V — to 

listen 
t oreiller m. pillow 
organiser to organize, establish 
orgue m. organ 
t orgueilleusement proudly 
forgueilleu-x -se proud 
orné -e omamented 
ornière/, rut 
oser to dare 

ou or; — ... — either ... or 
où where, when 
oublier to forget 
ouest m. West 
outil m. tool 
outre besides 
ouvert -e open 
ouvrage m. work 
ouvrager [ge hefore a or o] to 

work 
ouvrir, ouvrant, ouvert to open; 

s* — to be open; be 



pacha m. pasha 
pacifique peaceful 



VOCABULARY 



247 



t paille/, straw 

pain m. bread 

paix/, peaoe 

palais m, palace 

pftle pale 

pan m, skirt, flap 

panache m. tuft, plume; puff 

panse /. bulge 

pansement m, dressing, band- 

aging 
panser to bandage, take care 

of a wound 
pape m. pope 
paquet m. package, bundle 
par by, through; with; per; as; 

— ici this way, in this di- 
rection; hère 
parade/, thmst; parade 
paraître, paraissant, paru to 

appear; come 
parallèle parallel; /. parallel 

trench 
parapet m. parapet 
parcelle /. pièce 
parce que because 
par-ci hère 
parcourir to traverse, go 

through; ride through 
par-dessus or — de above, over 
pardon m. forgiveness 
pare-éclat m. shrapnel guard, 

splinter guard 
t pareil -le like, similar 
parer to ward off, prevent 
parfait -e perfect, complète 
parfaitement perf ectly 



parfois sometimes 

parfum [-fuQ] m. perfimie 

parfumé -e perfumed 

parisien -ne Parisian 

par-U there 

parmi among 

paroi/, side, wall 

parole/, word 

part /. share, part; faire — à 

to inform, tell; share; autre 

.* — elsewhere; de — en — 

through 
partagé -e divided 
partager [ge hefore a or o] to 

divide, share; distribute; se 

— to divide between them 
parti m. side; party; match 
particulièrement specially 
partie/, part 
partiel [-si-èl] -le local 
partir, partant, parti to leave; 

go off ; be discharged; à — de 

from 
partout everywhere, anywhere 
parue see paraître 
parvenir to arrive: bring 
parvinssent see parvenir 
parvis [par-vi] m. open area, 

court 
pas m. step; ne . . . — not; 

au — in step 
passage m. passage, going 

through, passing 
passé -e past, over 
t passe-montagne m. (knit) 

helmet 



248 



CARNET DE CAMPAGNE 



passer to pass; go; spend; go 

past; corne; happen; se — to 

be done, take place, corne; 

be spent, happen 
passi-f -ve passive 
passionné -e impassioned 
patauger [ge hefore a or o] to 

paddle, flonnder 
pâte/, paste; dough 
paternel -le fatherly 
patience /. patience; prendre 

— to be patient 
pfttir to suffer; toil 
patrie/, native land 
tpatrouille/. patrol 
pftturage m. pasture 
pause /. pause 
pays m. country, région 
paysage m. landscape; local- 

ity 
paysan -ne peasant 
peau /. skin 
peine /. sorrow; difficulty; 

penalty; à — scarcely, 

hardly 
peinture/, painting 
pelle /. shovel 
peloton m. platoon 
penaud -e crestfallen 
pencher and se — to incline, 

bend; droop 
pendant during, for 
pendre to hang 
pendule/, clock 
pénétrer [ne hefore mute syU,\ 

to penetrate, enter, go 



pénible painful; hard 

pensée /. thought 

penser (à) to think (of ) 

pente /. slope 

percer [ç hefore a or o] to 

pierce 
perdre to lose 
perdu -e lost; spent 
perfectionné -e made; elabo- 

rate 
périscope m. périscope 
permettre, permettant, permis 

to allow 
permirent see permettre 
peipendiculaire perpendicular 
perpendiculairement perpen- 

dicularly, at right angles 
perpétuel -le constant 
perpétuellement constantly 
persister to remain; last 
personne /. person; anybody; 

ne . . . — nobody 
personnel -le personal; m. per- 
sonnel 
personnellement personally 
perspective /. prospect 
persuader to persuade 
perte/, loss; à -^ de vue as far 

as one can see 
peser [pè hefore mvJle syU.] to 

weîgh 
t pétillant -e snapping, crack- 

ling 
petit -e small; m. man (o^Kcers' 

term for soldier) 
pétrifier to petrify 



VOCABULARY 



249 



peu little, ixot very; a little 

while; un — a little; à — 

près almost, nearly 
peuplade/, people 
peuplé -e populated 
peupler to people 
peur /. fear; avoir — to be 

afraid 
peut-être perhaps 
phénomène m. phenomenou 
philosophiquement stoically 
photo /. picture 
photographie/, photograph 
phrase /. sentence, phrase 
physique physical 
physiquement in body 
pièce /. pièce; room; cannon, 

gun 
pied [pi-é] m. foot; à — on foot, 

afoot, walking 
piédestal m. pedestal 
piège/, trap 
pierre /. stone 
piété/, dévotion, love; avec — 

carefully 
pieusement carefully, tenderly 
pieu-z -se pious, loving; re- 

ligious 
pinard [soldier *^8lang"] m. 

wine 
pioche/, pick 
piocher to work with a pick 
pipe /. pipe 

piqûre/, injection, inoculation 
piteu-x -se wretched 
pittoresque picturesque 



placer [ç h^ore a or o] to place, 

put; fasten 
plaie/, wound 
t plaignaient see plaindre 
plaindre, fplaignant, plaint to 

complain 
plaine/, plain 
plaire (à) to please 
plaisant -e pleasant; comical; 

amusing; m. wag, wit, hu- 

morist 
plaisanter to joke, jest with 
plaisanterie/, joke 
plaisir m. pleasure; faire — à 

to please 
plan m. plan, map 
planche/, board 
plaque /. sheet, tag, pièce 
plat m. plate 
plat -e flat; à — ventre flat on 

the face 
plate-forme/, platform 
plâtre m. plaster of Paris; cast 
plein -e full; open; en — in the 

midst, directly; en — boyau 

squarely in the trench 
pleurs m, pi, tears 
pleuvoir to rain 
plier to f old 
pluie/, rain 
plupart/, majority 
plus more, most, -er, -est; 

ne . . . — no longer; de — 

en — more and more; non 

— either; de — besides; m, 

greatest quaniity 



250 



CARNET DE CAMPAGNE 



plusieurs several 

plutôt rather 

poêle m. stove 

poil m. hair; fur 

poilu m, French sokiier; — -e 

of a French soldier 
poing m. fist; hand 
point m. point; ne • . . — net 

at ail 
pointage m. aiming 
pointe/, tip; salient 
pointer to aim 
t pointillé -e dotted 
poisson m. fish; — d'avril 

April f ool fish 
poitrine/, chest 
poker [Eng,] m. (game of) 

poker 
police/, guard, police; policing 
polir to polish, tum 
polka/, polka 

{polytechnicien m, engineer 
popote [^*childi8h toord'*]/. mess, 

spécial kitchen 
populaire popular 
population /. populace, people 
porc m. pig, hog 
porte/, gâte, door 
portée /. range, reach; à la — 

in reach 
tporte-feuillè m, portfoUo 
porte-manteau m. clothespress; 

hatrack 
porte-monnaie/, purse 
porter to carry, wear; hit 
portion/, part 



poser to put; set, set up 

position/, position 

posséder [sd b^ore rmUe syU.] 
to possess, hold 

possession/, possession 

possibilité /. possibility 

possible possible 

poste m. post; — de com- 
mandement commanding 
officer's post; — d'écoute 
listening post or station; — 
de secours dressing station; 

— de police beat 
poster to station 
posture/, situation 

pou (pZ. poux) m. louse, "coo- 

tie" 
poudre /. gunpowder 
poulet m. chicken 
pour for, as, about, as for; at; 

— que in order that 
pourquoi why 
pourrai(s) aee pouvoir 
pourtant (and) yet, none the 

less, though 
pourvu -e supplied 
poussée /. thrust 
pousser to push, force 
poussière/, dust 
pouvoir, pouvant, pu can 
pratiquer to make 
préalable adj. or m. prelimin- 

ary; au — previously 
précaution/, précaution 
précédemment before 
précédent -e preceding 



VOCABUIARY 



251 



précéder [ce hefore mute syU.] 

to précède 
prêcher to preach 
précieu-z -se costly, rare 
précipité -e rapidly moving 
précipiter to hurl, throw 
préci-8 -e exact 
précision/, accuracy 
prédécesseur m, predecessor, 

previous occupant 
prédiction/, prédiction 
préférer [fè before mute 9yU.] to 

prefer 
premi-er -ère first 
prendre, prenant, pris to take; 
stand; make; — connais- 
sance to get acquainted; — 
l'air to take tlie air, go out 
for a walk or drive; — garde 
à to pay attention to; à tout 
— taking it ail in ail; — 
patience to be patient; — 
conscience to become aware 
préoccuper to attract the at- 
tention of 
préparatif m. préparation 
préparer to prépare; se — to 
be prepared; prépare one- 
self 
près (de) close, near; à peu — 

almost 
présence /. présence 
présent -e présent, in hand 
présenter to présent; introduoe 
presque almost, almost so 
présumer to infer 



prêt -e ready 

prêter to lend; give 

prêtre m. priest 

prêtre-soldat m. soldier priest 

preuve/, proof 

prévenir, prévenant, prévenu 

to wam, inform; anticipate 
ïrévu -e f oreseen 
prier to ask 
primiti-f -ve primitive, rudi- 

mentary 
prince m. prince 
principe m. principle 
printemps m. spring 
pris aee prendre 
prise /. hold, capture; mark, 

target; donner de — to be 

exposed 
prises see prendre 
prisonnier m. and adj, prisoner 
privé -e private, separate 
prix m. price; cost; prise 
probable probable 
prochain -e near, next, neigh- 

boring; imminent 
proche near 

proclamation/, proclamation 
procurer to secure, get 
prodigieu-z -se great 
produire, produisant, produit 

to make, produce; se — to 

arise, occur, happen 
profit m. advantage; tirer — to 

take advantage, act 
profiter to take advantage 
profond -e deep 



252 



CARNET DE CAMPAGNE 



I 

profondément deepCly), sound- 

ly, f uUy 
profondeur/, depth 
programme m. program 
progresser to advance 
projecteur m. searchlight 
projectile m. projectile, shell 
projeté -e tom, blown 
projeter [tt hefore mute syU.] to 

throw 
prolongé -e prolonged, pro- 

tracted 
promenade /. trip; ride 
promener [mè b^ore mute syll,] 

to take; se — to stroll 
promesse/, promise 
promettre, promettant, promis 

to promise, be promising 
promis -e promised 
propice favorable, good 
proposer to propose; se — to 

plan 
propre in good order; own; 

neat 
proprement properly; — dit(e) 

proper 
propriétaire m. occupant 
prostré -e lying 
protect-eur -rice protecting 
protéger [tè before mute syU,] 

to shelter 
protestation/, protest 
prouver to prove 
provenir to come from 
providentiellement providen- 

tiaUy 



provision /. stock, supply 

prudent -e prudent, care- 
fui 

{psychologique psychological 

pu see pouvoir 

puant -e ill-smeUing 

publication /. printing, publi- 
cation 

publier to publish 

puis then 

puisque since, as, because 

puissamment strongly 

puissance/, power 

puissant -e powerf ul 

puisse see pouvoir 

puits [pu-i] m. well 

pûmes 9ee pouvoir 

pupitre m. desk 

pur -e pure; sheer 

purement merely 

purent see pouvoir 

put see pouvoir 



quand when; — même none 
the less; à — when? 

quant à as for 

quantité /. quantity 

quarantaine /. three or four 
dozen 

quart m. quart 

quartier m. place 

que which, whom, that; than; 
— de how many 

quel -le what (a) 



VOCABULARY 



253 



quelque a few, few; some; 

whatever; no matter how 

much 
quelquefois sometimes 
qttelques-un(e)8 see quelqu'un 
quelqu'un -e, pL quelques-uns, 

quelques-unes some one, 

somebody, some 
question/, question 
quête /. search 
queue /. tail; Une; faire — to 

Une up, f orm a Une 
qui who, which, that 
quitter to leave (off ) ; take off 
quoi which; what; à — bon 

what use? 
quotidien -ne daily 



race/, race 
raconter to tell, relate 
radieu-x -se radiant; jubilant 
rafale /. gust, flurry; volley 
rafraîchir to refresh, revive 
rafraîchissement m. refresh- 

ment, treat 
t ragaillardi -e revived, cheered 

up; with renewed strength 
rage /. rage; faire — to rage 
rageant -e raging 
raidi -e rigid, erect 
frail [Eng.] m. rail 
raison /. reason; right; à plus 

forte — stiU more so; {after 

a neg,) still less so 



raisonner to reason, argue 

ralentir to slacken 

rfller to murmur; bave tbe 
deatb rattle in tbe tbroat 

ramasser to pick up 

ramper to crawl, creep 

rang m. rank; row 

ranimer to reanimate 

rapide quick 

rapidement rapidly 

rapidité /. speed 

rapport m. report; roU call 

rapproché -e close 

ras -e open 

raser to sbave 

rassemblement m. assembly 

rassembler to gather, collect; 
corne together 

rassuré -e reassured 

ravi -e deUghted 

ravin m. ravine, hoUow 

t ravitaillement m, commis- 
sary; rationing, refilling; 
supply 

rayer to streak 

rayon m. ray, beam 

rayonner to beam 

récent -e récent 

recevoir, recevant, reçu to re- 
çoive 

réchaud m. warming appara- 
tus, bot-plate 

réchauffer to warm 

recherche/, search 

récit m. story, account 

réciter to repeat 



254 



CARNET DE CAMPAGNE 



rédamer to beg for 
recommander to recommend, 

Buggest, advise; order 
recommencer [ç hefore a or o] 

to begin again, résume 
récompense/, reward 
récompenser to reward 
réconfort m. comfort 
réconfortant -e comforting 
réconforter to cheer, comfort, 

refresh 
reconnaissable distinguishable 
reconnaissance /. gratitude; 

scouting expédition 
reconnaissant -e grateful 
reconnaître to recognize 
reconquérir to reconquer 
reconquis -e reconquered 
recours m. recourse 
recouvert -e covered 
recouvrir to cover 
rectification /. correction 
reçu «66 recevoir 
recul m. recoil 
reculer to recoil, retreat 
reculons: à — backward 
reçus 8ee recevoir 
redevenir to become 
redoublé -e redoubled 
redoubler to be doubled 
redouter to fear 
réel -le actual 
réellement reaUy 
se rééquiper to résume one's 

equipment 
réfléchir to think 



reflet m. rèflection, mirroring 
réflexe instinctive; reflex m. 

reflex; par — instinctively 
réflexion/, thought 
réformer to réform; condemn, 

retire; se — to be reorgan- 

ized 
réfugié m. refugee 
se réfugier to take refuge 
refuser to refuse 
t regagner to retum to 
régal m. feast . 
régaler to regale 
regard m. look; jH. sight 
regarder (à) to look (at) 
régiment m. régiment 
régimentaire regimental 
région/, district 
réglementaire usual; periodic, 

uniform 
réglementer to regulate, con- 

trol 
régler [rè hefore mute syîl,] to 

regulate 
regret m. regret 
régularité /. regularity 
réguli-er -ère regular 
régulièrement regularly, con- 

stantly 
Reims [ni)ss] m. Rheims 
frejaillir to be reflected 
rejoindre to rejoin 
réjouissance /. célébration 
relater to narrate, give 
relati-f -ve relative 
relation/, connection 



VOCABULARY 



255 



relativement comparatively 

relève/, relief 

relever [le h^ore mute aylî.] to 
lift up; draw out; relieve; 
se — to get up 

relier to connect 

religieu-z -se religious 

relire to read again 

remarquable imusual 

remarque /. note, observation 

remarquer to notice, observe 

remercier to thank 

remettre to replace, put back; 
send; se — en route to ré- 
sume one's joumey, start 
again; se — to begin again 

remis -e sent 

remonter to climb again; — en 
to take again 

rempart m. rampart 

remplacer [ç before a or o] to 
replace; repair; relieve 

remplir to fiU; perform, fulfill 

remué -e tom up 

remuer to stir 

renaissant -e renewed 

renaître to be bom again 

rencontre /. meeting 

rencontrer or se — to meet 

rendre to give back, retum; 
let go; make; take; repay; 
se — ^"to go; surrender; se — 
compte de to notice 

renfermer to shût up; contain, 
shelter 

renflé -e swollen 



renfoncer [ç hefore a or o] to 

take back; se — • to phmge 

again 
renfort m. reënforcement; pi, 

reserves 
rengaine /. old story, favorite 

thème; tiresome répétition, 

hence ''latest hit" 
renouveau (oba,) m. spring 
t renseignement m. informa- 
tion, fact 
rentrer to retum; retire; draw 
renversé -e knocked or thrown 

down 
renvoyer [oi before mute ayU,] to 

send back 
reparcourir to go through 

again 
réparer to repair 
repartir to leave again 
repas m. meal 
repérer [pè before muie ayU,] 

to make a note of, note; 

locate 
répertoire m, repertory 
répéter [pè before mute syll,] to 

rehearse, repeat 
répit m, respite 
replier to fold back; foid up 

again; se — to fall* « 
replonger [ge before a or o] to 

plunge again 
repointer to aim again 
répondre to answer 
réponse/, answer 
repos m, rest; au — off duty 



256 



CARNET DE CAMPAGNE 



reposer to put back; retum; 

se — to rest 
reprendre to résume, take 

again; take up 
freprésaille/. reprisai 
représenter to represent 
repris 9ee reprendre 
repris -e resiuned; refreshed 
reprise /. taking back; tîme; 
à plusieurs — s several times 
reproduire to reproduce 
rep«^-e fed, full; satiated 
république /. republic 
frépugnance /. reluctance 
requête /. request, demand 
réquisitionner to get; demand 
réseau m. network, entangle- 

ment 
réserve /. reserve; de — sur- 
plus 
réservé -e reserved 
t résigné -e resigned 
résister (à) to resist 
résolu -e determined 
respect [rès-pè] m. respect 
respecter to respect, show con- 
sidération for 
respecti-f -ve respective 
respiration/, breathing 
respirer to breathe 
responsabilité /. responsibility 
responsable (de) responsible 
reste m, rest; du — besides; 

au — otherwise 
rester to remain 
résultat m. resuit 



résurrection /. retum to lif e 
rétablir to reëstablish 
retardataire m. straggler 
retenir, retenant, retenu to 

hold back 
retentir to sound 
retirer to take; withdraw 
retomber to faÙ back 
retour m. retum, tum 
retourner and se — to retum, 

tum 
retrouver to find 
réunir and se — to combine, 

bring together; assemble, 

meet 
réussir to succeed 
t réveiller to wake 
revenir, revenant, revenu to 

retum 
rêver to dream 
rêverie /. dream, musing 
revêtement m. covering 
revêtir to put on again; cover 
revoir to see again 
revolver [-vèrr] m. revolver 
revue /. inspection; memory 
riant -e laughing, smiling; pros- 

perous 
riche rich; fertile 
ricochet m. glance; glancing 
rideau m. curtain 
rien m, an3rthing; nothing; 

ne . . . — nothing 
Rimalho m. Rimalho gun 
rire to laugh 
risquer to risk 



VOCABULARY 



257 



riz [ri] m, rice 

robe /. gown 

rocher m, cliff 

rôle m. part 

rompre to break 

rond -e round 

ronde /. round 

rondelle/, disk 

ronflant -e snoring; roaring 

ronflement m. roaring, roar 

rose pink 

rôti -e roastCed) 

rouge red 

t rouiller to rust, grow rusty 

roulant -e rolling; on wheels 

roulement m. roll, rumbling 

rouler to roll; travel 

route /. road 

royaume m. kingdom 

ruche/, hive 

rude rough, hard 

rue /. Street 

ruine/, ruin 

ruisseler [11 hefore mtUe aylî.] to 

trickle 
rumeur /. rumor; murmur, 

hum, noise 
Russe m. Russian 
rustique coimtry, rural 



sable m. sand 

sabre m. sabre 

sac m. knapsack 

saccadé -e jerky 

sacrer to consecrate; initiate 



sacrifice m. sacrifice 

t saignant -e bleeding, bloody 

t saillant m. salient 

saint -e holy, Saint; saint 

saisir to seize 

sait see savoir 

saledirty 

saleté /. filth 

salle/, room, hall 

saluer to salute 

salut m. welfare, safety; serv- 
ice; salutation; salute ^ 

salve /. volley; feu de — vol- 
ley 

sang m. blood 

sang-froid m, côolness 

sanglant -e bloody 

sanitaire sanitary, hospital 

sans without 

Saône [sô-ne] /. Saône River 

sapeur m. sapper 

sapin m. fir 

sarabande/, saraband 

sardine /. sardine 

satisfaction/, satisfaction 

satisfaire, satisfaisant, satis- 
fait to satisfy 

satisfaisant ^-e satisf actory 

satisfait -e satisfied 

saucisse /. sausage (balloon) 

sauf except 

saura(ient) see savoir 

sauter to leap; be blown up 

sautoir m. scarf; en — cross- 
wise; over one shoulder and 
imder the other arm 



258 



CARNET DE CAMPAGNE 



sauver to save; se — to run 

away, escape 
savant -e leamed 
savoir, sachant, su to know, 

know how; je ne sala quel 

some ... or other 
savoir-vivre m. (good) man- 

ners 
savourer to relish, enjoy 
savoureu-z -se delicious 
sculpté -e carved 
se hûnself , herself , itself , them- 

selvea, each other, etc, 
Sébastien m. Sébastian 
sec, sèche dry; sharp; clear 
sécher [se h^ore mute syîl,] to 

dry 
seconde [-ghoi)-de] /. second 
secouer to shake 
secours m. help; poste de — 

dressing station 
secret m. secret 
secr-et -ète secret 
secteur m. sector 
section/, section; platoon 
sécurité /. security 
séjour m. sojoum 
sélection/, sélection 
selon according to; — que as 
semaine/, week 
semblable (à) like; such 
sembler to seem 
semelle/, sole 
sens m, direction 
sensation /. f eeling 
sensibilité/, sensibility 



sensiblement perceptibly; no- 

ticeably; quite 
sentiment m. feeling 
sentinelle /. sentinel 
sentir to feel; indicate; per- 

ceive 
séparé -e separated 
séparément separately 
séparer to separate 
sérénité /. calm; composure, 
sergent m. sergeant 
sexgent-major m. company 

quartermaster, sergeant 

major 
sérieusement seriously 
sérieu-z -se serions 
serpentement m« winding, 

tum 
serpenter to wind.through 
serré -e crowded, close 
serrer to press; shake 
sertir to set; se — to put on 
service m. service, duty 
servir to serve, be employed; 

be used; — de to serve as; 

se — de to use 
t seuil m. threshold 
seul -e alone, only 
seulement only 
sévèrement rigorously 
shrapnell m. shrapnel 
si if; what if; so 
sifflement m. whistle, whist- 

ling 
siffler to whistle 
sifflet m. whistle 



VOCABULAHY 



259 



t signal (pi, signaisz) m. signal; 

faire signaisz to serve as 

guides 
t signaler to sight 
t signe m. sign; indication; 

greeting; gesture 
f signiflcati-f -ve significant 
silence m, silence 
silencieu-z -se silent, quiet 
silhouette/, silhouette 
t sillonné -e furrowed; eut; 

streaked 
simplement simply 
simplicité /. simphcity 
simuler to imitate; conceal 
simultané -e simultaneous 
singe m. monkey; (soldier 

''slanif^) canned beef 
singulièrement very much, pe- 

culiarly 
sitôt no sooner, as soon, so soon 
situation/, situation 
situé -e located 
soi oneself 
soie/, silk 
soient see être 
soif/, thirst 
t soigné -e polished 
fsoigner to take care of 
t soigneusement carefully 
soi-même itself , oneself 
soin m. care, désire 
soir m. evening 
soirée/, evening 
soit {see être) that is; — ... — 

whether ... or 



sol m. soil, groimd, floor 

soldat m. soldier 

solde/, pay 

t soleil m. sim 

soli [Ital.] pi, of solo m. solo 

solitude/. soUtude 

solution /. solution; compound 

sombre dark, dusk; faire — to 

get dark 
somme /. sum; en — on the 

whole, af ter ail 
t sommeil m. sleep; avoir — to 

be sleepy 
f sommeiller to sleep 
sommet m, top 
sommier m. mattress 
son m. Sound 
sonate /. sonata 
sonder to probe; inspect, ex- 
amine 
songer [ge hefore a or o] (à) to 

thinky dream 
sonner to soimd; play 
sonnerie/, flourish 
sonorité /. sound 
sont see être . 
sort m. fate; tirer au — to draw 

lots 
sorte/, kind 
sortir to leave, départ, step 

outside; get out; project; 

s'en — to end it; m. de- 

parture 
souci m. anxiety 
soucier to disturb; se — to pay 

attention 



260 



CARNET DE CAMPAGNE 



soudain Buddenly, soon after 

soudainement suddenly, in a 
short time 

souffle m. breath; wind; blast, 
tone 

souffler to blow; direct 

souffrance/, suffering 

souffrir, souffrant, souffert to 
suffer 

souhaitable désirable 

souhaiter to wish; — la bien- 
venue to welcome 

soûl m. fill 

soulager [ge before a or o] to 
relieve 

soulever [le before mule syU,] 
to raise; se — to rise 

soulier m. shoe 

soumettre, soumettant, soumis 
to subject 

soupe /. soup 

souper m. supper 

sourd -e deaf ; dull, hoUow, deep 

sourdement deep(ly), dully, 
duU 

sourieu-x -se smiling, glad, 
cheerful 

sourire m. smile 

sourire, souriant, souri to 
smile; please 

sous under 

sous-lieutenant m. second lieu- 
tenant 

soutenir, soutenant, soutenu 
to support; go through, en- 
dure 



souterrain -e subterranean 
souvenir m. recollection, mem- 

ory 
se souvenir de to remember 
souvent often 
souventefois ofttimes, many a 

time and of t, of t 
spécial -e spécial 
spécialement speciaUy 
spectade.m. view, sigfat 
sphérique roimd 
splendeur /. brilliance, splen- 

dor; glory 
splendide glorious 
spontané -e unf orced 
spontanément spontaneoualy 
stack [Eng.] m. pile 
stagner to stand (water), stag- 

nate 
statue /. statue 
strict -e strict 
stupéfaction/, amazement 
stupide stupid, beastly 
style m. style 
su eee savoir 
suant -e perspiring 
subir to imdergo 
subit -e sudden 
sublime sublime 
succéder [ce b^ore mute syll,] 

to follow 
succès m. [suknsè] success 
successi-f -ve successive 
successivement in succession 
sucre m. sugar 
sud m. South 



VOCABULARY 



261 



suffire, suffisant, suffi to be 

sufficient 
suffisant -e sufficient, adéquate 
suggesti-f -ve suggestive 
suisse Swiss 
suit 8ee suivre 
suite/, following; tout de — ail 

at once; de — one after the 

other; à la — in order, suc- 

cessively 
suivre, suivant, suivi to follow 
sûmes see savoir 
superbe magnificent 
superbement magnificently 
superflu -e imnecessary; addi- 

tional 
supérieur -e upper; superior, 

better; m. superior officer 
supériorité /. superiority 
superposé -e laid across 
supplémentaire additional 
supportable endurable 
supporter to hold, endure 
suprême suprême 
sûr -e sure, certain; secure 
sur on, upon, about, at, for, 

(out) of , to, over, along 
surcharger [ge hefore a or o] to 

overload 
surélévation/, élévation 
sûrement surely 
sûreté/, security 
surgir to rise 
surnommé -e nicknamed 
surprendre to surprise 
surprise /. siu'prise 



sursauter to tium somersaults; 

start 
surtout above ail, specially 
t surveillance /. vigilance 
survoler to fly over 
sus à upon 
suspect [sus-pè or sus-pèkt, but 

sus-pè in m, pL] -e suspicions 
suspendre to hang 
suspendu -e suspended, himg; 

stopped; easy-riding 
symbole m. symbol, sign 
système m. system 



tabac m, tobacco 

tabouret m. stool 

tache /. spot 

tâche /. task 

tâcher to try 

tactique /. tactics 

taire, taisant, tu and se — to 
keep silence, be still 

talus [ta-lu] m. slope; protec- 
tion 

tambour m. drum 

tampon m. plug; buffer; serv- 
ant, orderly 

tandis que while 

tant so (great); — de fois so 
often; — de so much, so 
many 

tantôt now 

taper to hit 

tapis m. carpet 



262 



CARNET DE CAMPAGNE 



tapisser to Une, ceil 

tard late 

tarder to delay; to wish; il me 
tarde I wish, am anxious 

tas m. heap; group, crowd 

tasse/, cup 

tftter to feel, pinch 

taupe/, mole 

teinture /. tincture 

tel -le such, so great 

téléphone m. téléphone 

téléphoner to téléphone 

téléphonique téléphone 

téléphoniquement by téléphone 

tellement so, so much 

t témoignage/, évidence, proof 

tempête/, storm 

temps m. time, weather 

t tenailler to torture 

tendre to offer; direct; bend 

tendu -e stretched; devoted; 
fitted 

tenir, tenant, tenu to hold, 
keep; live; sit; stand; be 
accommodated; — à to be 
due to (the fact); be par- 
ticular about; be careful 

tentative/, attempt 

tente /. tent 

tenter (de) to try 

terminer and se — to end 

terrain m. soil, dirt; ground, 
place; terrain 

terre /. earth, land; — battue 
clay, adobe; à — on the 
ground, in the ground 



terrible frightf ul 

terriblement t^ribly 

tétanos [-uoss; Greek] m. lock- 

jaw 
tête/, head; en — at the head 

(of a procession) 
Teutonie/. Germany 
thé m. tea 
théfttre m. théâtre 
théorie /. theory; mihtary 

science 
tintamarre m. uproar 
tir m, drawing; fire, firing, 

shooting; record; — d'effi- 
cacité drumfire 
t tirailler to shoot 
tire-bouchonné -e like a cork- 

screw 
tirer to puU, draw; take; get; 

fire; be fired; shoot; s'en — 

to get out, extricate one- 

self ; — à to fire on 
tireur m. marksman 
titre m. degree 
toile /. cloth; — métallurgique 

woven wire 
toiture /. roof 
tolérable endurable 
tombe/, tomb(stone) 
tombeau (pi. tombeaux) m. 

tomb, monument 
tombée /. fall; close, end 
tomber to fall 
tonneau m. barrel 
tonner to sound 
tonnerre /. thonder 



VOCABULARY 



263 



tort <idv. wrong; avoir — to be 

wrong 
tortue /. turtle 

tôt SOOD 

total -e Complète 
totalement entirely 
touchant -e impressive, moving 
toucher (à) to touch, hit, 

ôtrike 
touffu -e thick, leafy 
toujours always 
tour m. tum 
t tourbillon m. rush 
t tourbillonner to whirl, eddy 
tourner and se — to tûra; — 

pied to tum and run 
tout, toute, Tpl. tous [ton, bvi 

postpositive touss], toutes ail, 

abundant; every, any;aqiiite; 

ail; right; — à coup ail at 

once; — le monde every- 

body; du — at ail; — à fait 

altogether 
tracteur m, tractor 
traditionnel -le usual 
traduction/, translation 
traduire to translate; arraign 
trisfic m. traffic 
tragique tragic 
trahir to betray 
train m. train, procession; 

grand — at a great rate; 

— d'enfer wild procession; 

en — de busy; in the act of 
traînant -e dragging; pro- 

longed, long drawn out 



traîner to drag, draw; lie 

about; se — to drag 
trait m. trait, feature 
traite /. stage, march 
traiter to treat 
traîtresse /. traitor 
trajet m. passage^ trip 
tranchée /. trench; — de 

départ trench of departure 

(trench from which an as- 

sault is made) 
tranquille quiet 
tranquillement calmly 
tranquillité /. rest, peace 
transe /. (generally pi.) fright 
transformer and se — to 

change, couvert 
transmettre, transmettant, 

transmis to give 
transparaître, transparaissant, 

transparu to be disclosed 
transporter to take, carry, con- 

vey 
t travail {pi. travaux) m. work 
t travailler to work 
t travailleur m. worker 
travaux pi. of travail 
travers m. breadth; au — (de) 

through; à — across, through 
traverser to traverse; pierce; 

undergo 
trébucher to stumble 
trembler to tremble 
tremper to dip, soak 
très very (much), very well 
t tressaillir to start 



264 



CARNET DE CAMPAGNE 



trère /. tnice; cessation 
tricolore three-colored 
tricoté -e knit 
triomphal -e triumphal 
triomphalement triumphantly 
triomphant -e triumphant 
triomphe m. triumph; — de 

notre départ our triumphal 

departure 
triompher '(de) to triumph, 

exult 
triste sad 

tristesse /. sadness 
troisième third 
trombe /. waterspout; burst 
trommelfeuer [German trom'- 

mei-foi'er] m. drumfire 
trop toc (much), toc far; toc 

thickly, etc. 
trophée/, mémento 
trotter to run 
troo m. hole 
troublé -e disturbed 
troubler to disturb 
troué -e perforated; punctu- 

ated; marked, punctured 
troupe/, squady troop 
trouver to find; se — to be; 

appear 
tuer to kill 
tu -e aee taire 
tumulte m. noise, roar 
tunnel [tu-nèl; Eng,] m. timnel 
turco m. Turco 
tuyau m. pipe 
tzing whizzi 



un -e a, an, one 
uni -e united 
uniforme monotonous 
union/, union 
unison m. unison 
unité/, unit 

universitaire adj, university 
université /. university 
usage m, custom 
user de to make use of 
usine /. f actory 
ustensile m. utensil 
utiliser to use 
utilité /. use 



vacance /. vacancy; pi. vaca- 
tion 

vacarme m. noise 

va-et-vient m. movement, com- 
ing and going 

vague/, wave 

vague indefinite; purposeless 

vaguement indefinitely 

vaguemestre m. non-commis- 
sioned officer in charge of 
baggage and mail 

t vaillamment valiantly 

t vaillant -e brave 

vain -e vain; en — in vain 

vaincre, vainquant, vaincu to 
conquer 

vaincu(s) see vaincre 

vainqueur m, conqueror 



VOCABULARY 



265 



▼aleiir/. value 

valide well, uninjured 

vallée/. Valley 

valoir, valant, valu to be worth; 

— mieux to be better 
se vanter to boast 
vareuse/, jacket, blouse 
varié -e varied 

varier to vary 

vaste large 

vaudrait 8ee valoir 

vaut 8ee valoir 

vautré -e wallowing^ sprawling, 

lying 
vécu -e lived; which bas been 

lived 
véhicule/, vehicle 
t veille/, day before, eve 
t veillée /. evening 
t veiller to watch 
t veilleuse/, night-lamp 
vendre to sell 
venger [ge before a or o] to 

avenge 
venir, venant, venu to corne; 

— de to hâve just 
vent m. wind 
vente/, sale 

ventre m. stomach; à plat — 

flat on the face 
venu 8ee venir 
verdure /. green, greenness 
vérification /. proof 
vérifier to inspect 
véritable real, genuine 
véritablement really 



vérité /. truth 

verre/, glass 

vers toward; about 

verser to pour; empty, take 

out (of an auto, etc,), set 

down 
vert -e green 
veste/, vest 

vêtement m. clothes, garb 
vêtir, vêtant, vêtu to dothe, 

dress 
veux see vouloir 
vexant -e vexatious 
viande/, méat 
vibrer to pulsate, vibrate; be 

in harmony 
vicissitude /. chance, varying 

success 
victoire /. victory 
vide m. gap; empty 
vide-poche /. catch-ail 
. vie /. lif e 
viendra see venir 
vienne {see venir) let . . . come 
vierge/, virgin 
vieux (tvieil), 'hdeille old; ex- 

perienced 
vif, vive lively; keen 
vigilance/, care 
vigoureusement violently 
vilain -e bad 
village m. village 
vîUe/. city 
vin m. wine 
vingtaine/, score 
violemment violently 



266 



CARNET DE CAMPAGNE 



violent -e violent 

violin m, violin 

Virgile m. Virgil 

virole/, femile, ring; collar 

vis aee voir 

visage m. face 

vis-à-vis m. opposite 

viser to aim (at), be aimed at 

vision /. sight 

visite /. call; faire — à to call 

on 
vite quickly 
vitesse /. rapidity 
vivace vigorous 
vive (sec vivre) long livel 
vivre m. food; pi. provisions 
vivre, vivant, vécu to Jive . 
vœu m. wish 
voici hère is, hère are 
voie /. road; — ferrée railroad 
voient see voir 
voilà there is, there are 
voilé -e (à) covered; deadened; 

stifled 
voir, voyant, vu to see 
voisin -e near-by, neighboring, 

adjoining 
voisinage m. * neighborhood; 

proximity 
voiture /. vehicle; carnage 
voix/, voice 
vol m, flight 
volant -e flying 
volatiliser to dissolve, evapo- 

rate 
volcan m. volcano 



volée/, volley 
voler to fly; steal 
voleter [le hefore mule syU,] to 
. fly, Ait 

volonté/, will, détermination 
volontiers willingly 
voltige /. acrobatie feat, air- 

spring 
voltigeur m. rifleman 
volupté /. pleasure 
vouer to vow 

vouloir, voulant, voulu to wish, 
. will, détermine, want; try 
voulu -e desired 
voûte /. vault, arch, roof 
voyage m. trip, travel 
voyager [ge hefore a or o] to 

travel 
vrai -e true, real 
vraiment truly 
vue /. sight, view 
vulgaire ordinary 



w 



wagon m. car 



y there, hère; to them; in it; 
in them, eto.; il y a there is, 
there are; ago; it was . . . ago 

yeux [i-eû] pi, of œil 



zone/, zone 
zouave m. Zouave 



?,î 



» V 



g . 



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